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la france - Page 3

  • Certains êtres reçoivent des grâces qui, à vue d’homme, peuvent nous paraître scandaleuses

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    À propos de la vidéographie « Enciellement Édith Etty »
    Par Sandrine Treuillard

    sandrine treuillard,Édith stein,etty hillesum,charlotte delbo,foi,christianisme,art & culture,artiste,la france,politique            Certains êtres reçoivent des grâces qui, à vue d’homme, peuvent nous paraître scandaleuses. Comme percevoir, sentir la présence divine à travers la vermine. Voir Dieu dans un corps décharné, un visage gris et des yeux globuleux, hagards de faim, ou glacés de mort. Certainement, Édith Stein et Etty Hillesum ont posé ce regard sur les humains, leurs frères, leurs sœurs, avec lesquels elles ont partagé les derniers mois et jours de leur vie. Etty en a témoigné dans ses lettres de Westerbork[i]. Quand à Édith, elle était préparée depuis longtemps au sacrifice, à l’acquiescement à la mort pour le salut de ses frères Juifs[ii].

    sandrine treuillard,Édith stein,etty hillesum,charlotte delbo,foi,christianisme,art & culture,artiste,la france,politique            Leur humanité s’est trouvée décuplée dans le camp de la mort d’Auschwitz parce que Dieu était en elles, elles le recevaient par leur cœur de compassion. Leur cœur, un miroir de Dieu. Les autres, dans la souffrance extrême, physique, morale, existentielle, des parcelles de Dieu. En leur centre à elles, l’amour solaire rayonnait dans cette ténèbre de mort qui rôde, frôle, nargue. 

                À la lecture de Chalotte Delbo, revenue du camp de Auschwitz Birkenau, déportée politique, je perçois la présence de Dieu au sein du style, très épuré, de son écriture. Ce souffle de vie qui décrit la mort dont elle a été rescapée, la souffrance, l’horreur physique et psychologique dans le réel vécu et perçu des paysages, de la saison, la description des corps, de gestes, de mouvements, de détails sur lesquels elle « zoome », tout manifeste la vie en résistance à la mort qui rôde. C’est la vie qui gagne dans son style. Parce qu’écrire est vivre et participer de la vie, même s’il s’agit de témoigner de choses extrêmement morbides et mortelles. Décrire le lieu, l’atmosphère météorique, s’appliquer à rendre compte sensiblement d’un détail, une brindille prise dans la glace que frappe un rai de lumière, même la bouche ouverte noire d’un cri muet, nous parle de la vie. De la présence victorieuse de Dieu. 

    sandrine treuillard,Édith stein,etty hillesum,charlotte delbo,foi,christianisme,art & culture,artiste,la france,politique            Le style d’Édith et d’Etty, avant de se refléter dans leur écriture (pour Édith Stein, l’écriture date d’avant son extermination, alors que pour Etty, au sein même du camp de transit de Westerbork, elle put témoigner par lettres), c’était l’amour exprimé dans les gestes envers l’autre, l’aide fraternelle, bien que réduite, de donner un peu d’eau rare, et sans doute sale, à un vieillard au bord du mourir, toucher de cet amour une épaule maigre dans la force restante. Amour en elles tout aussi éprouvé par la souffrance mais comme protégé et décuplé par la grâce divine. Cet amour enveloppe les corps des hommes dans lesquels elles virent toujours une âme, et calme les cœurs, alors, non plus cernés par la seule angoisse de mort. 

                Charlotte Delbo a pu bénéficier aussi de cet esprit de vie au sein du camp. Comme par exemple le passage intitulé ”Boire”, d’ « UNE CONNAISSANCE INUTILE », nous le relate. Pas si inutile que cela, finalement… puisque nous bénéficions de son regard sur ces expériences extrêmes qui nous enseigne à la fois sur les gestes de solidarité dans le camp de la mort et sur le processus même de la perception. La rareté de cette expérience des camps (puisque peu en sont revenus indemnes et on pu en rendre compte, par l’écriture, comme ici) nous apprend le trésor que Dieu a mis en chaque homme, « la merveille que je suis ».

                BOIRE

                (…)

                J’avais soif depuis des jours, soif à en perdre la raison, soif à ne plus pouvoir manger parce que je n’avais pas de salive dans la bouche, soif à ne plus pouvoir parler, parce qu’on ne peut pas parler quand on n’a pas de salive dans la bouche. Mes lèvres étaient déchirées, mes gencives gonflées, ma langue un bout de bois. Mes gencives gonflées et ma langue gonflée m’empêchaient de fermer la bouche, et je gardais la bouche ouverte comme une égarée, avec, comme une égarée, les pupilles dilatées, les yeux hagards. Du moins, c’est ce que m’ont dit les autres, après. Elles croyaient que j’étais devenue folle. Je n’entendais rien, je ne voyais rien. Elles croyaient même que j’étais devenue aveugle. J’ai mis longtemps à leur expliquer plus tard que je n’étais pas aveugle mais que je ne voyais rien. Tous mes sens étaient abolis par la soif.

                Carmen, dans l’espoir de voir revenir à mon regard une lueur d’intelligence, a dû me répéter plusieurs fois : « Il y a de l’eau. Demain, tu boiras. »

                La nuit a été interminable. C’étais atroce, ce que j’avais soif, la nuit, et je me demande encore comment j’ai vécu jusqu’au bout de cette nuit-là.

                Le matin, accrochée à mes camarades, toujours muette, hagarde, perdue, je me suis laissé guider – c’était surtout elles qui veillaient à ne pas me perdre, car pour moi, je n’avais plus le moindre réflexe et sans elles j’aurais aussi bien buté dans un SS que dans un tas de briques, ou bien je ne me serais pas mise en rang, je me serais fait tuer. Seule l’idée de l’eau me tenait en éveil. J’en cherchais partout. La vue d’une flaque, d’une coulée de boue un peu liquide, me faisait perdre la tête et elles me retenaient parce que je voulais me jeter sur cette flaque ou sur cette boue. Je l’aurais fait à la gueule de chiens.

                Le chemin était long. Il me semblait que nous n’y arriverions jamais. Je ne demandais rien, puisque je ne pouvais pas parler. Il y a longtemps que je n’essayais même plus de former des mots avec mes lèvres. Sans doute mes yeux questionnaient-ils anxieusement ; elles me rassuraient sans cesse. « N’aie pas peur. C’est bien le bon commando. Il y a de l’eau, c’est vrai. Tu peux le croire. »

                (…)

                Carmen est revenue. Elle et Viva, après s’être assurée que le champ était libre, m’ont prise chacune par un bras et m’ont emmenée dans une encoignure formée par un pan de mur et de tas des arbustes que nous devions transporter. « Voilà ! » a dit Carmen en me montrant le seau d’eau. C’était un seau de zinc, de ceux dont on se sert à la campagne pour tirer l’eau d’un puits. Un grand sceau. Il était plein. J’ai lâché Carmen et Viva et je me suis jetée sur le seau d’eau. Jetée, pour de bon. Je me suis agenouillée près du seau et j’ai bu comme boit un cheval, en mettant le nez dans l’eau, en y mettant toute la figure. Je ne saurais pas dire si l’eau était froide – elle devait l’être, fraîche tirée, et c’était eu début de mars – et je ne sentais ni le froid ni le mouillé sur mon visage. Je buvais, je buvais à en perdre la respiration et j’étais obligée de sortir mes narines de l’eau de temps en temps pour prendre de l’air. Je le faisais sans cesser de boire. Je buvais sans penser à rien, sans penser au risque de devoir m’arrêter, d’être battue, si une kapo survenait. Je buvais. Carmen, qui faisait le guet, a dit : « Assez, maintenant. » J’avais bu la moitié du seau. J’ai fait une petite pause, sans lâcher le seau que je tenais embrassé. « Viens, a dit Carmen, c’est assez. » Sans répondre – j’aurais pu faire un geste, un mouvement – sans bouger, j’ai replongé la tête dans le seau. J’ai bu et bu encore. Comme un cheval, non comme un chien. Un chien lape d’une langue agile. Il creuse sa langue en cuillère pour transporter le liquide. Un cheval boit. L’eau diminuait. J’ai incliné le seau pour boire le fond. Presque couchée par terre, j’ai aspiré jusqu’à la dernière goutte, sans en répandre une seule. J’aurais encore voulu lécher le bord du seau. Ma langue était trop raide. Trop raide aussi pour lécher mes lèvres. Avec ma main, j’ai essuyé mon visage et j’ai essuyé ma main sur mes lèvres. « cette fois, viens », a dit Carmen, « le Polonais réclame le seau », et elle faisait signe à quelqu’un derrière elle. Je ne voulais pas lâcher mon seau. Je ne pouvais pas bouger tant mon ventre était lourd. Il était comme quelque chose d’indépendant, un poids ou un paquet, qui aurait été accroché à mon squelette. J’étais très maigre. Il y avait des jours et des jours que je ne mangeais pas mon pain, parce que je ne pouvais rien avaler, sans salive dans la bouche, des jours et des jours que je ne pouvais pas manger ma soupe, même quand elle était assez liquide, parce que la soupe était salée et c’était comme du feu sur les aphtes qui saignaient dans ma bouche. J’avais bu. Je n’avais plus soif, sans en être encore sûre. J’avais tout bu, tout le seau d’eau. Oui, comme un cheval.

                Carme, a appelé Viva. Elles m’ont aidées à me relever. Mon ventre était énorme. C’était comme si je reprenais conscience de mon sang qui circulait, de mes poumons qui respiraient, de mon cœur qui battait. J’étais en vie. La salive revenait dans ma bouche. La brûlure à mes paupières se calmait. On a les yeux qui brûlent quand les glandes lacrymales sont asséchées. Mes oreilles entendaient de nouveau. Je vivais.

                Viva m’a reconduite auprès des autres pendant que Carmen rapportait le seau. À mesure que ma bouche se réhumectait, je recouvrais la vue. Ma tête redevenait légère. Je pouvais la tenir droite. Je voyais Lulu qui me regardait avec inquiétude, qui regardait mon énorme ventre et je l’entendais dire à Viva : « Vous n’auriez peut-être pas dû lui en laisser boire tant. » Je sentais de la salive se former dans ma bouche. Je sentais que la parole me revenait. Mouvoir mes lèvres restait difficile. Enfin, j’ai pu dire, d’une voix qui était étrange parce que ma langue m’embarrassait encore, qu’elle reprenait à peine sa souplesse, enfin j’ai pu dire : « Je n’ai plus soif. »

    - « Elle était bonne, au moins, cette eau ? » a demandé quelqu’un. Je n’ai pas répondu. Je n’avais pas senti le goût de l’eau. J’avais bu.  

     

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    Oranienburg_Sachsenhausen
    Une perception : Sachsenhausenlager Complet.pdf

     


    [i] Publiées à la suite du journal « UNE VIE BOULEVERSÉE », éditions Points Seuil.

    [ii] Édith Stein se prépare au grand sacrifice pour le salut de ses frères Juifs

                « … C’est alors qu’il convient de nous ressaisir, de nous dire : Attention, rien de tout cela ne doit m’atteindre. La première heure de ma journée appartient au Seigneur. La tâche qu’il m’indiquera je l’accomplirai, mais c’est lui qui m’en donnera la force. Ainsi, « j’irai vers l’autel de Dieu ». Il ne s’agit pas ici de moi, ni de mes capacités limitées, mais du Sacrifice par excellence, du mystère de la Rédemption. Je suis invitée à y participer, à m’y laisser purifier et réjouir ; à me laisser prendre avec tout ce que je peux donner — offerte pour souffrir — avec la Victime pure, sur l’autel. » (Les voies du silence, paru dans le bulletin mensuel de la Societas religiosa, Union féminine catholique, à Zurich, février 1932. Cité, C, pp. 100 et suivantes, extrait de l’ouvrage « COMME L’OR PURIFIÉ PAR LE FEU – ÉDITH STEIN : 1891-1942 » de Élisabeth de Miribel, p. 122, Éditions du Cerf, 2012.)

                « C’est du crucifix, encore suspendu à la même place, au-dessus de la table lui servant de bureau, qu’elle détenait déjà toute sa science. (…) Elle parlait peu mais chacune de ses paroles portait, car elles naissaient de la profondeur du silence et de la prière. Comment oublier ce regard si grave, indiciblement douloureux, qu’elle jetait sur le Crucifié — le Roi des Juifs — lorsqu’elle lisait à travers le miroir des événements l’annonce d’une persécution raciale de plus en plus violente. Je l’entendis un jour qui murmurait : « O combien mon peuple devra souffrir, avant qu’il ne se convertisse » — et une pensée me traversa l’esprit, rapide comme l’éclair : Édith s’offre à Dieu pour la conversion d’Israël. » (Souvenir de sœur Aldegonde Jaegerschmid, probablement datant de 1931, extrait de l’ouvrage précité, p. 120.)

                 « Je fis halte à Cologne, afin d’y rencontrer une jeune catéchumène dont je m’occupais dans la mesure de mes loisirs. Je lui avait annoncé ma visite lui demandant de chercher une chapelle où nous puissions prier durant l’heure sainte. C’était la veille du premier vendredi d’avril 1933 et en cette « année sainte » la mémoire de la Passion du Sauveur était l’objet d’une vénération particulière à travers l’Allemagne. Nous nous sommes retrouvées toutes les deux, vers 8 heures du soir, dans la chapelle du Carmel de Cologne. Un prêtre se mit à prêcher en termes émouvants. Mais j’avoue que j’entendais à peine son sermon, toute occupée que j’étais à une autre conversation. Je m’adressais intérieurement au Seigneur, lui disant que je savais que c’était sa Croix à lui qui était imposée à notre peuple. La plupart des Juifs ne reconnaissaient pas le Seigneur, mais n’incombait-il pas à ceux qui comprenaient de porter cette Croix ? C’est ce que je désirais faire. Je lui demandais seulement de me montrer comment. Tandis que la cérémonie s’achevait dans la chapelle, je reçus la certitude intime que j’étais exaucée. J’ignorais cependant sous quel mode la Croix me serait donnée. » (Mémoire rédigé par Édith Stein avant de quitter le Carmel de Cologne et relatant sa vocation (Avent 1938). Dans l’ouvrage précité, p. 132.)

     

  • Prière d'Adoration du Bienheureux Charles de Foucauld

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    Le Bienheureux tiret entre catholiques et musulmans. Une raison d'espérance

    Charles de Foucauld, la france, sacré coeur, foi, christianisme

    Prière

             Saint Mathieu. 4,10. « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu »… C’est vous qui nous le dites, mon Seigneur et mon Dieu : c’est la première parole sortie de votre bouche qu’on trouve dans l’Évangile touchant la prière : c’est aussi le principal, le fond de nos prières : adorer : se mettre à vos pieds, sous vos pieds, comme un néant, comme une poussière, bonne seulement à être sous vos pieds, mais une poussière pensante, une poussière aimante, une poussière qui vous admire, qui vous vénère, qui vous respecte et vous aime passionnément, qui baise et embrasse vos pieds en étant foulée par eux et se fond en amour et en vénération devant vous… Voilà mon 1er devoir envers vous, mon Seigneur et mon Dieu, mon Maître, mon Créateur, mon Sauveur, mon Dieu bien-aimé !… C’est pour me perfectionner et perfectionner mon prochain que je fais ces petites méditations. Et ce double perfectionnement je ne le veux que parce qu’il est le plus que je puisse faire pour votre gloire. Daignez donc bénir, mon Dieu, ce petit travail, ce doux travail, entrepris uniquement pour votre gloire, pour la consolation de votre Cœur. Cœur sacré de Jésus, je dépose en vous ce travail fait pour vous : répandez sur lui vos grâces pour qu’il soit ce que vous voulez qu’il soit. Notre-Dame du Perpétuel Secours, accordez-moi en ceci comme dans toutes mes pensées, mes paroles et mes actions, votre secours tout-puissant. Ma mère, sainte Magdeleine, saint Joseph, saint Jean Baptiste, saint Pierre, saint Paul, mon bon Ange, saintes femmes qui avez broyé des parfums pour embaumer Notre Seigneur, broyez ce travail et broyez-moi surtout moi-même et répandez-nous comme un parfum d’agréable odeur sur les pieds de Notre Seigneur. Daignez m’aider aussi en cela et en tout, chers saints sous la protection desquels je me suis particulièrement placé, sainte Anne, saint Joachim, saints Apôtres, saints disciples, saint benoît, saint Bernard, saint François d’Assise, saint Augustin, saint Alexis, saint Pierre d’Alcantara, saint Charles Borromée, saint François Xavier, saint jean Chrysostome, sainte Monique, sainte Thérèse, sainte Marguerite-Marie. Enfin, protégez-moi tous, en ceci et en tout, saints et saintes, et saints anges du Paradis ! Amen.

     

    charles de foucauld, la france, sacré coeur, foi, christianismeCharles de Foucauld
    « Méditation sur l’Évangile
    au sujet des principales vertus » (1896)
    Extrait de l’ouvrage « L’Esprit de Jésus »
    Éditions Nouvelle Cité, 2005

     

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    La France & le Sacré Cœur

     


    Image : Paul Vitrailliste à Chartres

  • À propos de Etty Hillesum

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    À propos de la vidéographie « Enciellement Édith Etty »

    REGARDS CROISÉS SUR ETTY HILLESUM *
    Sous la direction de Cécilia Dutter


    « Certains commentateurs ont parfois reproché à la jeune femme une forme de résignation. Sa résistance n’a certes pas été active au sens de lutte armée ou de combat souterrain contre l’ennemi (…). Pourtant, on ne peut parler de passivité. Sa résistance est bien active au cœur de l’individu. Elle n’agit pas en combattant, mais cette inaction conjoncturelle est en réalité une action spirituelle, au sens de tentative de rééquilibrage du monde pour retrouver la paix universelle. » CÉCILIA DUTTER

    « Personnellement, j’oscille entre l’idée qu’il y a quelque chose d’inadmissible à louer la beauté de l’existence au sein même d’une entreprise d’anéantissement de la vie et l’idée qu’au contraire, Etty atteint là une vérité suprême à laquelle je n’ai pas accès. Ce qu’elle essaie de faire passer par le langage semble au-delà des mots. » DELPHINE HORVILLEUR

    « Elle se rend compte que son discours est inaudible. À plusieurs reprises, elle souligne qu’il est plus simple d’atteindre ce détachement quand on n’a pas charge d’âme (pas d’enfant à nourrir, à la survie duquel s’occuper[i]). D’ailleurs, si les lettres qu’elles envoient du camp témoignent d’une vertigineuse hauteur de vue sur la période, il n’est pas sûr qu’elle se soit souvent risquée à tenir de tels propos aux déportés. Vis-à-vis de l’aide qu’elle peut leur apporter, elle dit simplement : ”Mon faire consiste à être là”. » CÉCILIA DUTTER


    « Il est à noter que le nom de Dieu en hébreu, YHWH est une combinaison du verbe être au passé, présent et futur. Dieu a donc quelque chose à voir avec ”l’être à tous les temps”, comme si l’approche du divin tenait à la fois de la capacité à saisir le ”réalisé”, le ”en cours” et le ”à venir”. » DELPHINE HORVILLEUR
     

    Etty « est bouleversante parce qu’elle nous parle d’une humanité en lutte et de notre soif d’absolu. Son journal se veut une esquisse de son œuvre à venir. Nous, lecteur, savons qu’il n’y en aura pas d’autre après. Mais en l’espèce, c’est l’esquisse, donc l’étude, qui se révèle être l’œuvre elle-même. Je vois ici un enseignement philosophique et théologique très fort : dans l’existence, ”la préparation à”, ”est”. La préparation à vivre, est la vie ; la préparation à la prière est la prière ; la préparation à l’action est l’action. Si dans la première partie du livre, Etty est dans l’attente d’une réalisation, à un moment donné, elle sait qu’elle est. Elle comprend qu’ ”elle est” au-delà de ”il y aura”. » DELPHINE HORVILLEUR

    « Ainsi, pour tout être vivant, la mort est elle une réalité inéluctable. Donc la vie s’achèvera certainement tôt ou tard par la mort, comme acte final d’une pièce jouée sur la scène du théâtre de l’existence. C’est la sentence véridique irrévocable.

    « Tout ce qui y vit est périssable et ne subsiste que la face de ton Seigneur, Seigneur de majesté et de munificence », Sourate 55, le Miséricordieux, verset 26 et 27. Cette annonce du Coran loue et glorifie la pérennité de la face divine en tant qu’absolu dont la trace de splendeur se reflète sur le support que lui tend tout visage humain, qu’il soit souriant, aimant, ou qu’il soit vociférant, haineux. Mais un visage enclin à l’impermanence et aux effets du temps.

    Devant une telle affirmation si apodictique, si péremptoire, Etty Hillesum n’avait, mue par sa foi, qu’à consentir au décret humain. Il ne sagit pas pour elle d’une résignation morose ni d’une soumission maladive et déprimée, mais d’une acceptation sereine de la volonté divine. Cette manière d’agir relève d’un acte d’islam, aux sens étymologique et spirituel : c’est une remise de soi confiante et dans la paix à Dieu. C’est une pacification de l’âme. Finalement mourir, c’est retrouver l’être Premier avec calme et quiétude, s’y préparer sa vie durant fait atteindre à l’ataraxie au moment fatidique. » GHALEB BENCHEIKH

    « UN CŒUR UNIVERSEL, REGARDS CROISÉS SUR ETTY HILLESUM » de Cecilia Dutter, Éditions Salvator, 2013


    [i] C’est nous qui précisons.

  • Français catholique & islamophile

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                           J'avais rencontré Denis Hoquet lors de l'Université de Printemps de Fils de France, à Saint-Chéron, le 17 mai 2014
    (à droite de la photo, 3ème personne en partant de la gauche, au second plan). Son approche m'avait séduite en profondeur et j'attendais qu'il produise un article pour La Vaillante. Le voici donc… Qu'il en soit vivement remercié.

     

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           Aujourd'hui, l'"appel de Paris" a retenti dans toute la France. Aujourd'hui, des musulmans ont proclamé clairement "leur soutien aux frères chrétiens d'Orient". Aujourd'hui, une fois encore, les musulmans ont hurlé leur "cri d'urgence" contre "une violence absolument intolérable et incompatible avec l'islam". Les musulmans de France se sont levés contre la "barbarie", des Français musulmans se sont dressés pour résister face à un "crime contre l'humanité".

           En tant que Français, en tant que musulmans, ils n'avaient pas à le faire ; en tout cas, pas spécialement, pas plus que les autres Français. Ils n'étaient certainement pas tenus de lever l'horrible soupçon que font peser sur eux, ceux qui voudraient, par des amalgames honteux, les associer en quelque façon à l'innommable et à l'infâme.  

           Et pourtant, on est heureux qu'ils l'aient fait, comme on est heureux et rassuré de pouvoir en ce jour communier avec eux dans un même rejet de ce qui n'a d'islamique que le nom et rappelle plutôt d'autres barbaries qui, naguère, ravagèrent l'Europe. 

           Il ne faut pas laisser salir l'honneur de l'immense majorité des Français musulmans, des "musulmans du silence", modestes, travailleurs et fraternels. Ils ne doivent jamais être les otages du cynisme et de la haine. La République française aime également tous ses enfants ; la République française a également foi en eux. Quand elle les condamne, c'est uniquement sur leurs actes. Et sur la nature de ces actes mauvais, on ne soulignera jamais assez l'unité profonde de la nation française dans sa salutaire diversité. 

           Aujourd'hui, les musulmans de France, les Français musulmans ont lancé un appel. Aujourd'hui, nous devions répondre à cet appel, nous voulions leur dire qu'il a été entendu et qu'il va droit au cœur. Engagée dans une métamorphose aussi profonde que périlleuse, la France a besoin d'entendre la voix de tous ses enfants, de faire résonner l'écho de leur vérité pour qu'enfin, contre les aboiements et contre les rumeurs, prévale, dans son développement nécessaire, l'évidence de l'unité nationale.
     

    politique, foi, la france, islam, camel bechikhDENIS HOQUET

    Secrétaire Départemental du Pas-de-Calais
    de Debout la France

    Né en 1954, professeur de lettres,
    Denis Hocquet est un passionné d'histoire
    et de littératures indiennes.

     

     

     

  • Filmer le lieu c'est le contempler

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    Faire œuvre de beauté : Édith Stein & Etty Hillesum - Enciellement

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    FILMER LE LIEU C’EST LE CONTEMPLER

                La décision de sortir la caméra de son sac et de se mettre à filmer répond à l’appel du lieu. Avant ma pratique de la vidéographie (”écriture du voir”), sortir l’appareil photo, la petite camera oscura de mon sac, obéissait à la même vocation, convocation du lieu. Mais la dimension de la durée manquait à l’instantané photographique qui ne pouvait rendre compte de l’expérience de rencontre du lieu, qui s’effectue dans la durée.

                Le risque du temps qui passe s’introduit dans l’acte de filmer au temps présent. Défi que le lieu me lance, ou me murmure, d’oser le rencontrer dans la durée, de me laisser aller à son propre temps extérieur, le laisser altérer (rendre autre) mon temps intérieur. Défi et désir de m’abandonner à une prière spacieuse. Mon ego acquiesce à cet abandon. Je[i] m’abandonne à la possibilité d’un non-événement ou à l’avènement d’un événement. J’ignore ce qui va se passer dans le lieu pendant le filmage, comment les choses vont interagir et comment je vais me situer avec elles, pendant cette prière spacieuse. Je scrute le lieu en le suivant, en filmant à sa suite : les lumières, les ombres, les frétillements du vent dans les feuilles, les sons en hors-champ me guident, me conduisent dans le temps et suggèrent des formes en formation, en transformation. Je filme les métamorphoses. Le lieu devient métaphysique. Il devient le temple du temps (présent dans la durée). Je contemple le lieu, suis avec lui. Ce cadre que le filmage cherche à obtenir tout en scrutant ce qui advient sous mes yeux[ii], sans que je ne sache ce qui va advenir à l’instant suivant, ce cadre, dis-je, s’invente au fur et à mesure dans la durée de l’acte de filmer.

        Ce qui intervient depuis le hors-champ, les sons remarquables et la ”musique du lieu”, procède du sens métaphysique donné à cette durée du lieu vivant. Cette durée vivante (vivante parce que filmer le lieu, support de la durée, donne vie au temps) devient prière spacieuse. Acceptation calme de ce qui advient du temps sans événements particuliers autres que les mouvements de la lumière, du vent, des sons. On peut atteindre, alors, à une forme de communion avec le lieu tout en le filmant. S’abandonnant à l’acte de filmer comme on s’abandonne au temps de la prière.

                On est passé depuis longtemps de l’attente d’un événement, non sans quelque impatience, à l’acquiescement à se fondre dans la durée du temps qui s’écoule dans le lieu. C’est parce qu’on n’attend plus rien que quelque chose advient. Cette chose n’est pas de nature habituelle et quotidienne. Bien qu’elle se cache dans l’habituel et le quotidien : car le lieu a son double-fond. Elle est révélation. Dévoilement d’un temps autre, d’une durée inhabituelle. Cette durée devient célébration du lieu et du temps. Communion avec le lieu dans la durée du présent. J’ai cessé d’attendre, quelque chose advient. Je suis cessée. Ce n’est plus moi, mon ego qui agit volontairement. Je me laisse prier avec la caméra. Je suis l’instrument de la durée du présent dans le lieu. C’est alors qu’il se donne à moi qui suis abandonnée à lui.

                Le lieu devient sacré par l’attention de mon regard, et de toutes mes capacités perceptives. Il devient sanctuaire du seul fait de ma posture priante qui donne forme au cadrage quand je le filme, quand je le scrute avec la caméra dans la paume, quand j’écoute les sons qui interagissent avec lui. Je suis avec le lieu, en contemplation[iii]. Le fait de cadrer un espace du lieu, un coin de terre ou d’eau, c’est déjà le consacrer, le rendre sacré, lui donner une frontière qui fait autorité, qui enjoint à l’humilité, à l’écoute, à l’obéissance des choses invisibles et divines. Qui dévoile la Présence.


    SANDRINE TREUILLARD


    (14 juin 2014, Saint Mandé)



    [i]Le ”je” en italique est l’indice de cette sorte d’abnégation, de mise en retrait de soi. Ce n’est plus l’ego qui agit. C’est être au présent dans une forme d’anéantissement de soi. Coloration de la spiritualité rhénane de Maître Eckhart.

    [ii]Sous mes sens, toute ma perception, à travers mon corps dont la caméra est un membre devenu aussi sensible.

    [iii] "Contemplation" est à l’origine un terme de la langue augurale (dans la Rome antique) — composé de cum (avec) et de templum au sens ancien de « espace carré délimité dans le ciel et sur terre par l’augure, pour interpréter des présages ». Cet espace virtuel, sans n’avoir plus de visée augurale, est le tableau du Voir (vidéographie) : délimité par le cadre de la caméra fouillant dans le lieu réel, se laissant guider par la lumière sur les choses. Ce lieu délimité, ce périmètre est rendu sacré par le cadrage qui le mesure. Ce carré, ce coin de terre choisi, quand je le cadre, révèle un espace qui l’excède.

    Contempler quand je filme c’est être concentrée dans l’observation minutieuse, dans une attention extrême de ce qui s’agite dans ce périmètre spatial délimité par le cadrage. La « contemplation » en vidéographie est être attentive et dans l’exspectatio. Dans l’attente d’un événement extérieur à soi, dans cet espace extérieur délimité dans lequel je projette mon attention qui est visuelle, sonore, kinésique et aussi intérieure. Ce cadre qui filme à l’extérieur est autant un espace que je rends disponible en moi pour accueillir cet extérieur-là. Comme deux vases communiquant. Ce n’est pas un simple enregistrement de l’image par une machine. La caméra n’est pas une machine à enregistrer. Elle n’est pas tout à fait extérieure à moi. Je suis aussi à l’intérieur de la caméra. La chambre intérieure, mon être, filme. La petite caméra dans la paume est un objet organique. Elle fait partie de de la caméra. La chambre intérieure, mon être, filme. La petite caméra dans la paume est un objet organique. Elle fait partie de mon organisme, de mon corps. Elle est une extension extérieure de mon attention intérieure. Contempler avec la caméra c’est opérer cet échange, ce repons, comme un chant sacré, entre le dehors délimité que je filme et mon intériorité qui est présente au lieu. Ma présence au lieu se réalise au sein du filmage, dans ce temps-là qui semble immobile. Il y a des transferts, des échanges entre mon intérieur et ce que perçoivent les sens par le biais de la caméra. La caméra enregistre cet échange vivant et est l’objet même des possibles tensions du filmage. Elle est l’instrument de la contemplation. Elle est traversée par les fluides qui viennent du lieu, comme la lumière, les sons, les mouvements multiples de la nature (s’entend aussi bien du réel, la nature comme réalité extérieure à mon corps). La caméra est aussi le vecteur de mes propres mouvements, à première vue purement mécaniques, comme ces sursauts nerveux du poignet, ou quand je décide de faire un zoom. Mais ces mouvements venant de mon corps ou de ma décision, affectant la caméra et donc affectant l’image qui en résulte, n’est pas seulement mécanique. Ce type de mouvement provenant de moi (mon corps et ma volonté) donne sens à l’image en l’affectant dans son cours, sa durée contemplative. Le heurt désarçonne le regard. Comme dans l’entrée dans le sommeil le sursaut nerveux électrise tout le corps et, au lieu de le réveiller tout de bon, l’entraîne dans l’abandon au sommeil, dans cet autre temps du psychisme. C’est comme un seuil, un palier. Le sens donné à l’image séquentielle évolue, se modifie soudain. Au sein de la durée qui frôle l’endormissement, qui frôle la mort, le sens est rendu, un sens nouveau est donné dans la durée, provoqué par ce jaillissement involontaire d’énergie. (Reprise des notes dans Machina perceptionis à propos de « LA VISION DE JEAN DE L’ALVERNE », vidéographie de janvier 2012 : http://treuilsanaturemorte.blogspot.fr/2013/05/le-heurt-desarconne-le-regard_28.html)

     

     
     
  • Personne n’a jamais vu Dieu face à face. Pour le moment, il nous arrive d’en percevoir des manifestations dans des miroirs

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                           Personne n’a jamais vu Dieu 
    face à face. Pour le moment, il nous arrive d’en percevoir des manifestations dans des miroirs. Nous le quêtons à travers des lieux, des êtres, des objets qui reflètent sa Présence. Nous pouvons aussi le chercher sans savoir que nous le cherchons, nous confrontant à un sentiment d’inachèvement malgré notre approfondissement dans la quête perceptive.

     

    Le lieu recèle bien des secrets. Le lieu a son double-fond, sa mise en abyme, son point aveugle. La chambre d’écho, ce vide circonscrit qui permet de recevoir la Présence de l’Invisible, se situe en nous. Si le lieu extérieur est saturé de Création, des objets et de notre relation à ces choses établie à l’aide de nos cinq sens et de la kinésie, c’est par notre chambre intérieure, la petite cellule au vide préservé, que pourra prendre place Dieu. Il n’est pas sûr que, même au désert, nous ne soyons pas remplis des choses extérieures. Le vrai lieu simplifié est en nous. Il faut aussi du temps pour y arriver. De la durée.

    Aussi, parfois, souvent même, un lieu dans lequel nous avons approfondi un moment présent nous habite longtemps, comme en nos ”coulisses du monde”, sans que nous en ayons conscience. Nous y pensons, en réminiscence douce ou fulgurance. L’image d’un lieu dont nous avons fait l’expérience va et vient ou s’impose, ressurgit dans notre mémoire. Cette image veut nous dire quelque chose. Cela a été le cas avec le dernier arrêt sur image de cette vidéographie, séquence filmée en novembre 2006 à La Sourdaie, que j’ai finalement intitulée « ENCIELLEMENT ÉDITH ETTY », en 2014. 

    Ce détail du lieu que j’avais investi au présent[i], qui m’avait absorbée toute, concentrée dans l’opération du regard, de l’attention mobilisée à l’endroit de la caméra placée devant le plexus solaire, cadrant, suivant les lents mouvements de la lumière, du vent, à l’écoute de la ”musique du lieu”[ii]… ce détail, donc, me suggérait un autre lieu, de façon très prégnante, alors que je n’étais jamais allée physiquement dans ce lieu-là[iii]. Parce que nous avons des représentations très fortes de certains lieux qui ont créé leur image dans notre inconscient d’individu, au sein d’une société. Quand sont prononcés les mots ”camp de concentration (et d’extermination) d’Auschwitz”, nous avons tous au moins une image qui monte à notre esprit. Ainsi, quand l’image ultime de la séquence d’« ENCIELLEMENT » me revenait en esprit, je voyais non pas le reflet de ronces à la surface d’une eau dormante, mais un gros plan sur des fils de fer barbelés dans un coin du ciel. Et comme cette dernière image présente l’iconographie explicite d’une croix, se mêlait à la persécution des juifs la Croix du message chrétien.

    C’est là que l’on constate qu’un lieu au présent renferme en lui bien plus que le moment instantané. Car nous expérimentons le lieu avec le temps, dans le temps de l’histoire humaine, notre mémoire étant une sorte de millefeuille, dont les couches sont plus ou moins manifestes. La dernière image de cette vidéographie forme le condensé de mon expérience de ce lieu, qui renvoie à un autre temps historique précis et à un autre lieu.

    Et comme chaque être vit sa vie unique avec ses rencontres particulières et sa sensibilité propre, un lieu inconnu (non expérimenté) de nous, renvoyant à une histoire inscrite dans tous les inconscients, peut suggérer l’expérience d’une autre vie, l’expérience d’une autre personne dans cet autre temps de ce lieu inconnu de nous. C’est ainsi que les destins de Édith Stein et de Etty Hillesum ont croisés cette séquence vidéographique. Lors de mes lectures, j’avais d’abord rencontré Etty Hillesum par son journal « UNE VIE BOULEVERSÉE ». Puis Édith Stein (Thérèse Bénédicte de la Croix étant son nom de carmélite)[iv] est venue se greffer tout près de Etty, ces deux femmes ayant été en transit au camp de Westerbork (Pays-Bas) avant d’être exterminées à Auschwitz, sans s’être rencontrées, à une année d’intervalle environ.

    Le lieu filmé dans le temps du présent, ”sur le motif”, à La Sourdaie dans le Cher, ce creux du Berry appelé Pays Fort, se déroule, étrangement – étrange parce que nous n’en levons les mystères qu’au fur et à mesure de la méditation de notre travail –, dans un temps autre : celui de la mémoire. Deux temps et deux lieux se superposent quand nous regardons « ENCIELLEMENT ». Celui de la contemplation du lieu : le ciel reflété sur l’eau se développant avec ses changements de lumière, le mouvement des nuages…, le lent « balayage » du regard de la caméra à la surface de l’eau – qui devient peinture du lieu, naissance d’une image en mouvement, création icono-vidéographique. Et celui de la méditation du lieu figurée par les moments de textes apparaissant sur la séquence filmée, dans leur durée propre. Ce deuxième temps appartient à un autre processus, cognitif, et non plus simplement perceptif et contemplatif : celui de la mémoire. Le temps de la mémoire fait appel à la culture de l’individu dans une société et une histoire. Cette culture a donné des représentations. C’est à cela qu’appartient le dernier arrêt sur image de notre séquence.

    Le temps est supérieur à l’espace. L’espace n’est que réceptacle du temps, support au temps qui passe, à la durée du présent. Le lieu tient de cette combinaison, de ces épousailles de l’espace et du temps (comme durée du présent). La terre, les éléments de la création, la nature, toutes choses qui sont et vivent, reçoivent les mouvements de la lumière et du temps, en dépendent pour exister à notre regard. Sans la lumière, rien n’existe. La lumière métamorphose les choses à nos yeux. Elle est temps qui évolue. Elle est durée du présent. Elle est le temps qui passe sur les choses et fait évoluer leur forme. Filmer le lieu, entrer en communion avec lui, c’est méditer le temps présent, passant - la durée du présent. C’est goûter la Présence de Dieu.

    L’air porte les sons. Sans cet élément invisible les sons n’existeraient pas pour notre perception. L’air est le support du son. Le lieu est fait de lumière et d’air, deux substances invisibles. Lumière naturelle et air sont la vie d’un lieu. La musique du lieu est son âme. La musique du lieu est à la fois sonore et lumière. La lumière est le temps qui s’écoule. Elle rythme le lieu. Comme pour le son, le support de la lumière est l’air. L’air invisible rend audible la musique du lieu. Il transporte la lumière qui fait exister toute chose à notre regard, dans le temps qui avance, la durée. L’essence du lieu est hors-champ. La musique du lieu – tous ces sons spontanés s’accordent, s’harmonisent – est le reflet de son âme. Ici, dans « ENCIELLEMENT », ce bruit de pelle qui creuse, le métal contre les cailloux aqueux, dans cet air limpide d’un coin de France, avec ses petits oiseaux.

    Pourtant, cette scène filmée avec ce hors-champ sonore qui fait image pourrait appartenir à un autre lieu, en Pologne ou aux Pays-Bas, par exemple. Le gros plan qui pénètre l’intimité du lieu prend ainsi un visage universel. Ces éléments naturels, eau, lumière, air, étant des universaux du lieu. Ce qui fait la particularité de la séquence n’est donc pas le lieu en soi, mais la décision prise de capturer ces instants du lieu, la volonté d’expérimenter le temps qui passe dans ce lieu. Parce que j’étais là, j’eus le désir de jouir du temps, des éléments soumis à la temporalité, aux métamorphoses que le temps produit sur les éléments. La présence d’une personne active dans ce lieu (mon père creusant et découvrant des canalisations, ce que nous révèlera le son du hors-champ) est le seul événement qui colore singulièrement l’atemporalité et l’universalité des éléments eau, lumière, air.

    Les choses sont. Elles n’existent que parce que nous pouvons les percevoir. Nos cinq sens, la kinésie, tout ce qui constitue le processus de la perception nous permet de percer le mystère du lieu, de l’être, de la durée du temps présent, si nous nous mettons en situation intérieure de recevoir, de contempler, d’être là, attentifs à ce qui se passe, à ce qui évolue. Une autre réalité, invisible celle là, peut ainsi nous apparaître, qui est contenue dans le lieu. Percevoir : voir à travers, aussi bien avec nos oreilles, notre peau, le sens du mouvement, de l’équilibre inscrit dans notre corps. La caméra dans la paume devient le réceptacle, la boîte à lumière, la boîte à musique du lieu, de son mystère. La pellicule photosensible – sur laquelle s’inscrivent aussi les sons – devient l’allégorie de ce qui se passe à l’intérieur de la personne qui filme et de celle qui regarde la vidéographie. À condition que l’une et l’autre personne – qui filme ou qui regarde la vidéographie – acquiesce à la rencontre du lieu filmé : la durée du présent. La Présence. Qui n’est jamais bien loin d’être invisible, imperceptible… Ce qui rend présent le lieu, c’est l’attention qu’on lui donne.

    Moi qui filme, je suis au service du lieu : je le contemple, j’aspire à faire un avec lui, j’entre en communion avec lui, mon corps vibre et résonne de lui. Je réponds à un appel du lieu quand je le filme. Je le reçois. Avec l’instrument que je maintiens dans la paume de ma main, qui le capture, placé au niveau de mon plexus solaire, j’écoute et suis attentive. Finalement, avec discrétion, je[v] célèbre le lieu.

     

     
    SANDRINE TREUILLARD

    [20 août (saint Bernard), Abbaye de Landévennec
    et 29 août 2014, Saint-Mandé]


     

    [i] Comme on parle d’une investigation : une enquête perceptive qui est aussi quête mystique. La mystique étant Dieu (l’Invisible) qui se laisse goûter et découvrir à travers notre perception.

    [ii] Terme apparu dès 2006, en filmant La Sourdaie pour ce qui deviendra « SYLVAIN DES SOURCES » : http://santreuil.blogspot.fr/2007/09/sylvain-des-sources.html

    [iii] Je n’ai jamais mis les pieds au camp d’Auschwitz, mais en 2000 me suis rendue au camp de Sachsenhausen, en banlieue berlinoise. En est ressorti une série photographique (http://gmpg-photographie.blogspot.fr/2012/08/berlin-oranienburg-sachsenhausen.html) accompagnée d’un texte (une lettre : Sachsenhausenlager Complet.pdf).

    [iv] Édith Stein, allemande d’origine juive, fut élève de Husserl avant de se convertir au catholicisme en 1922, après lecture de la « Vie écrite par elle-même » de Thérèse d’Avila. Elle devînt carmélite en 1933, après dix années d’une marche ascendante de Husserl (philosophe de la phénoménologie) à saint Thomas d’Aquin (dont elle traduisit le « De Veritate » en allemand) et Jean de la Croix, et finira par acquiescer pleinement au sacrifice, pour le peuple juif, à Auschwitz en 1942. Elle fut aussi féministe, conférencière et excellente éducatrice, d’abord chez les dominicaines de Spire, en Allemagne.

    [v] Le ”je” en italique est l’indice de cette sorte d’abnégation, de mise en retrait de soi. Ce n’est plus l’ego qui agit. C’est être au présent dans une forme d’anéantissement de soi. Coloration de la spiritualité rhénane de Maître Eckhart.

     

  • Les musulmans de France : acculturation & renaissance dans la culture d'adoption

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    Malek Bennabi.png

    « Jusqu’ici l’islam a gagné du terrain à la manière du chiendent, comme une plante sauvage. Mais il a mis 14 siècles pour occuper l’espace qu’il occupe actuellement. Dans l’avenir, il s’agirait au contraire de le planter soigneusement, scientifiquement, afin qu’il rayonne selon un processus déterminé, tenant compte de tous les facteurs favorables et défavorables liés à ce rayonnement. » MALEK BENNABI

     

    Portrait Djilali Elabed.jpg         Il existe des discours sur les musulmans de France qui déconcertent tant leur anachronisme et leur simplisme sont frappants. Certains acteurs vont même, pour étayer leur thèse, recourir à des penseurs musulmans, des sommités qui nous ont légué un patrimoine intellectuel riche et toujours vivant pour l’éveil de l’islam et des musulmans. 

             Or, il arrive souvent qu’une pensée soit déformée, caricaturée et cela pour essentiellement trois raisons :

    • incapacité à replacer la pensée de l’auteur dans son contexte ;

    • confusion entre les principes sur lesquelles reposent sa pensée et les idées conjoncturelles ;

    • déformation de la pensée de l’auteur, de manière à la rendre compatible avec son idéologie. 

             Malek Bennabi est un penseur de la décolonisation qui a merveilleusement mis en évidence les raisons de la décadence du monde musulman à travers le concept de colonisabilité. Une idée qui résume tout le malheur des musulmans depuis des siècles et qui les responsabilise en les arrachant du discours victimaire conduisant au fatalisme. 

             Or, voilà que certains estiment que la situation des musulmans de France s’apparente à celle des musulmans sous la colonisation : nous serions des postcolonisés pour certains, des indigènes de la République pour d’autres. Étrange discours d’émancipation, celui d’éternelles victimes qui se trouve à des années-lumière de la pensée de Bennabi.

     

    Le procès de l’acculturation

             Bennabi en renfort, on fait le procès de l’acculturation, sans nuance aucune, et sans volonté de comprendre la démarche. Cette acculturation[i] serait synonyme de dépersonnalisation[ii] et de domination. Étrange discours pour ceux qui s’autoproclament postcolonisés et qui veulent adosser à chacun une étiquette de victime, ce que Bennabi a combattu toute sa vie.

             Reprenant la notion, empruntée à Bennabi, de « coefficient autoréducteur », un de ces détracteurs estime que certains musulmans français adoptent la même attitude que les élites colonisés qui acceptaient de reprendre la terminologie du colonisateur (par exemple, le terme « indigène »). Voilà une idée bien saugrenue, puisque l’auteur fait le parallèle entre deux périodes comme si rien n’avait changé. Comme si la décolonisation n’avait pas eu lieu et comme si nous n’étions pas sur un nouveau territoire avec une population musulmane sédentaire dans un pays à majorité non musulmane. 

             N’étant pas à une contradiction près, il ne s’embarrasse pas d’utiliser (pour identifier les Français musulmans) une terminologie de dominés, les « postcolonisés », comme d’autres se définissent comme des indigènes.


    La renaissance de l’islam

             Mais de quelle acculturation s’agit-il ? Et qu’en dit Bennabi ? Le penseur algérien a effectivement combattu l’assimilation, la dépersonnalisation qui ne conduisait qu’à une impasse. Mais il n’a pas condamné tout emprunt à la civilisation européenne bien au contraire. 

             « Dans toute société qui naît et s’organise, il y a des éléments traditionnels à côté d’éléments d’inspiration moderne. Ces derniers sont en général empruntés à des sociétés déjà organisées, par un effort d’analyse et d’adaptation qui suppose en réalité un effort de création et de synthèse. Cette assimilation exige des discriminations précises, une constante vigilance de l’esprit critique pour imposer, quant aux emprunts nécessaires, les indispensables conditions de comptabilité, d’utilité, de convenance. » 
    (Malek BennabiVocation de l’islam)

             Dans ce passage, Bennabi parle d’éléments que l’on peut assimiler à des emprunts techniques ou culturels. Ces emprunts doivent être sélectionnés de manière à intégrer paisiblement la culture d’adoption. Dans un autre passage, il précise sa pensée : 

             « Ce chaos d’éléments inassimilables détonne en contrastes violents ainsi qu’on peut s’en rendre compte en contemplant parfois l’anachronisme du bournous et de la gandoura aux côtés d’une mécanique moderne ; et cette dissonance devient monstrueuse lorsqu’on voit l’homme archaïque, copieusement enturbanné, siroter une anisette au comptoir d’un bistro… » (Vocation de l’islam) 

             Passage pouvant apparaître comme surprenant tant il est violent évoquant l’habit traditionnel impropre aux tâches laborieuses mécanisées. Mais le plus important, c’est sa condamnation des emprunts entrant en contradiction avec la culture et les pratiques musulmanes. 

             En définitive, Bennabi ne condamne nullement l’acculturation tant qu’elle n’altère pas l’islam et parfois l’encourage même. La visée du penseur est la renaissance (terme qu’il préfère au terme Nahdha, qui sous-entend qu’il s’agit d’opérer à un simple éveil) de l’islam, d’une civilisation islamique qui puiserait dans les sources profondes de la religion en retrouvant le souffle initial impulsé par le Prophète – paix soit sur lui.

             La culture va bien évidemment jouer un rôle essentiel tant elle doit faciliter, favoriser la préservation des valeurs musulmanes. Il ne faut pas inverser les priorités : la culture est un moyen ; la préservation de la foi, la finalité. Ceux qui s’arc-boutent à condamner de manière arbitraire l’acculturation ne sont que des opposants à la sédentarisation de l’islam et font en définitive le lit des islamophobes.


    En harmonie avec le milieu culturel et social

             Après avoir fait le procès de l’acculturation vient celui du patriotisme ; le musulman français ne doit pas manifester d’attachement à son pays. Voilà une idée qui ne peut venir que d’une pensée pathologique, ayant certainement – pour je ne sais quelles raisons – des comptes à régler avec la France. 

             Il ne s’agit pas ici de faire la promotion du patriotisme, car il s’agit d’un sentiment, lié à une psychologie particulière, qu’il ne convient ni d’encourager ni de condamner, libre à chacun de l’être ou pas. Pour certains, l’être quand on est de surcroît musulman constitue une circonstance aggravante. 

             Toutes les communautés nationales trouvent dans leurs rangs des patriotes, mais cela serait exclu pour la communauté musulmane. Sur quelle base ? Quels arguments ? Toujours cette fâcheuse tendance à s’auto-exclure. ! 

             Il est évident que l’attachement à son pays n’interdit nullement de porter un regard critique sur sa politique comme sur son passé composé de zones sombres et de pages glorieuses. Malek Bennabi a lui-même été reconnaissant pour la formation scientifique et rationnelle reçue par la France et cela en dépit de la lutte qu’il a menée courageusement contre la colonisation. 

             « J’ai été toujours assez contradictoire : je pouvais dès cette époque me définir politiquement comme un révolutionnaire et psychologiquement comme un conservateur… Un jour de juin 1940, dans une cave où nous étions réfugiées, à Dreux, où l’armée allemande venait d’entrer, je m’étais isolé pour cacher mes larmes : je pleurais la défaite de l’armée française. » 
    (Malek Bennabi, Mémoires d’un témoin du siècle)

             L’acculturation ne conduit nullement à la dépersonnalisation mais a pour objectif de permettre aux musulmans de vivre paisiblement, en harmonie avec leur milieu culturel et social. Cette acculturation est en marche, qu’on le veuille ou non, car elle est une « loi sociale ». Elle permettra, de fait, que l’islam ne soit plus la religion de l’étranger et contribuera à l’apaisement et au recul de l’islamophobie. Il va de soi que cela ne mettra pas fin ni au racisme ni à la haine de certains, puisqu’il s’agit de pathologies sans frontières. 

             Cependant, l’issue heureuse ne peut certainement pas venir de ces prophètes de l’apocalypse qui estiment tout simplement qu’une planification de l’expulsion des musulmans est possible ; idées qui en rappellent d’autres comme celle du clash des civilisations.


    Une complémentarité nécessaire

             Quel projet de société peut bien naître de ce diagnostic ? Comment les Français de confession musulmane peuvent-ils vivre dans leur pays si certains les qualifient de postcolonisés, d’indigènes, de Français de papier… ? Face à ce discours peu rationnel, il est préférable d’y opposer la lucidité et l’humanisme du grand penseur algérien : 

             « La perspective du monde fait apparaître de plus en plus l’exiguïté des frontières nationales et la nécessité impérieuse pour l’homme de s’organiser à l’échelon mondialiste (mondial, dirions-nous aujourd’hui) afin de faire face au choc futur. 

             Cette dernière nécessité suppose que chaque entité sociologique existante doit extirper tout caractère expansionniste et exclusif à ses particularités culturelles, idéologiques, politiques, économiques, et doit envisager l’existence d’une autre entité sociologique sous l’angle d’une complémentarité nécessaire à la résolution maximale de ses contradictions internes. 

             Dans cette perspective, quelle est la place de l’islam ? L’islam empruntera à l’Occident la technique une fois qu’il aura fait sa révolution culturelle. Mais l’islam – en vertu de la complémentarité nécessaire – fera découvrir à cet Occident le côté spirituel des problèmes de l’homme. »[iii]  


    Portrait Djilali Elabed.jpg

     

     

     

    Djilali Elabed
    est enseignant en sciences économiques et sociales.

    Plaidoyer pour une acculturation positive de l'islam en France.

     


  • Jésus me désignait son Sacré Cœur entouré de la couronne d’épines : Natalie Saracco

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    Un cœur qui écoute

    Émission présentée par Hubert de Torcy sur KTO. Il reçoit Natalie Saracco pour sa vision du Sacré-Cœur. Retranscription réalisée par La Vaillante d’après la vidéo de l’émission. À retrouver sur la page La France & le Sacré Cœur

    HdeTorcy.jpg

     

    HdT : Natalie Saracco, vous êtes auteur, réalisatrice, co-productrice d’un film qui sort le 4 juin 2014, « La Mante Religieuse », dont on a déjà beaucoup entendu parlé. Ce film est aussi le fruit de tout un parcours de foi. Je crois que c’est une longue histoire… Comment en êtes-vous arrivée à écrire puis réaliser ce film ?

    NS2.jpgNS : J’ai eu un terrible accident de la route il y a six ans. J’étais passagère, j’avais la place du mort – je confirme, ce n’est pas terrible d’être passager ! J’étais avec une amie. Je sortais d’un super rendez-vous : j’étais en développement très avancé d’un autre long métrage qui s’appelle « Larmes blanches ». Les larmes qui coulent, au pluriel, c’est une très belle histoire d’amour. J’étais avec un producteur de renom qui voulait produire mon film. Tout allait très bien. On prend cette voiture, direction Normandie. Ce qui est fou c’est que cette amie en question qui n’avait absolument pas la foi, qui était plutôt révoltée, une Jézabel, une Marie-Madeleine des temps modernes. La pauvre malheureuse, à chaque fois que l’on se retrouvait ensemble, j’en profitais pour lui parler de Dieu. Elle n’en pouvait plus. Et là, j’étais en train de lui dire ces dernières paroles avant l’accident :

    NS3.jpg        

    « Écoute, réveille-toi, ne te dis pas ”on verra bien après”. Après ce sera trop tard. Aujourd’hui, ça peut être le jour de ta mort, tu n’en sais rien. N’attends pas le dernier moment pour t’ouvrir à Dieu, à ”qu’est-ce que tu fous ici !”. »


         

    NS1.jpgÀ ce moment précis, on double un camion, et on a un super accident. Au moment où on va pour dépasser le camion, lui a eu une queue de poisson d’une voiture qu’il a percutée et qui nous a renvoyé de trois quarts plein fouet, une immense espace Renault, bref… qui est venu se tanker derrière mon dos… Un truc terrible… À 130 km/h sur l’autoroute, vous imaginez… On a tapé à droite, à gauche, bref… On a terminé notre course folle encastrées dans la tôle toutes les deux. Toute la voiture était complètement broyée, il y avait juste notre petit habitacle. Je me revois, à trois reprises, la ceinture de sécurité, un modèle ancien (donc sans air bags), qui m’a arrêtée et qui a arrêté mon visage à ça du pare-brise… On s’est donc retrouvée prisonnière dans la tôle et tout de suite je me suis mise à ne plus pouvoir respirer et à cracher du sang.

    NS Christ souffrant 3.jpgChez moi, ils sont tous médecins, chirurgiens : en tant que bonne fille de médecins, je me suis dis : « Je ne peux plus respirer, je crache du sang, je dois avoir des côtes cassées qui ont perforé un poumon, j’ai une hémorragie interne, voilà… ». J’ai senti, à un moment donné, la vie vraiment partir. C’est-à-dire que là, à ce moment précis, les secours étaient déjà arrivés. Les pompiers découpaient la voiture en morceau avec d’immenses tenailles, cisailles… pour nous extraire par le pare-brise. J’étais sous assistance, j’avais tout le kit de survie : le papier en aluminium « en chocolat », l’assistance respiratoire, tout… Ils m’avaient transformée en Robocop, j’avais une minerve des pieds à la tête. Ils pensaient que j’étais en train de mourir, d’être paralysée… c’était terrible. Et j’ai senti très tranquillement cette chaleur, cette énergie que nous avons, qui fait que l’on se sent en vie. On ne peut pas le prouver mais on sent cette vie. J’ai senti cette énergie, cette chaleur me quitter, m’abandonner, en partant de la tête et en descendant, comme une bouteille d’eau en plastique percée par le bas, cette énergie descendait, baissait, baissait de niveau. Et là où cette énergie, cette chaleur me quittait je savais… j’étais totalement, d’abord, consciente. Et là, on sait absolument ce qui se passe, en toute vérité, en toute lucidité. Je me disais ”holala”… Je devenais totalement paralysée, froide comme du marbre et absolument consciente, très tranquillement, j’assistais à ma propre mort, je sentais la vie me quitter, me quitter… comme ça, cette chaleur, jusqu’aux pieds.

    NS Hallucinéé.jpgEt là, il s’est passé quelque chose de fou : je me suis retrouvée nez à nez avec le Sacré Cœur de Jésus. Jésus, en tunique blanche. Jésus, en train de pleurer à chaudes larmes. À chaudes larmes de souffrir juste le martyr. Jésus me désignait son Sacré Cœur entouré de la couronne d’épines. Il y avait comme des larmes de sang qui s’échappaient de son Sacré Cœur. Son Sacré Cœur pleurait des larmes de sang, en fait. Et les larmes du Christ et les larmes de sang de son Sacré Cœur venaient s’échouer dans mon propre cœur. Il voulait que je partage, que je ressente sa souffrance. Je peux vous dire que c’était un tel concentré de souffrance qu’on ne peut pas imaginer. Comme une espèce de concentré d’acide de souffrance. Je m’attendais à tout, sauf à cela.

    NS6 GesteSCJésus.jpg

    NSChrist souffrant 2.jpgDéjà, à l’époque, j’étais croyante, je cherchais Dieu, j’aimais Dieu… Mais je ne m’attendais pas du tout à me retrouver face à Dieu. On était vraiment encore plus proche que vous et moi, vraiment tout près. Et de le voir en train de pleurer, de souffrir, défiguré par la souffrance. Du coup, j’en ai oublié ma peur de la mort. On se dit : « Ah, j’aurais dû faire ceci, cela, dire au revoir à Pierre, Paul, Jacques… » J’étais juste débordée par sa souffrance à Lui… que j’aimais déjà, mal… mais profondément, à l’époque. Je lui ai dit : « Ah !, mon Seigneur… ». On s’est parlé comme par télépathie : des sœurs auxquelles j’ai raconté l’histoire m’ont engueulée, m’ont dit : « Non, ce n’est pas par télépathie, vous vous êtes parlé dans un cœur à cœur. » Je lui ai dit : « Mon Dieu, pourquoi tu pleures ? » Là, Il m’a répondu, et Il a répondu à tout le genre humain, pas qu’à moi, c’est vraiment nous tous, ses créatures :

    NSVisageSouffrant.jpg« Je pleure parce que vous êtes mes enfants chéris, que j’ai donné ma vie pour vous, que je ne sais plus quoi faire pour vous. Et qu’en échange je n’ai que froideur, mépris et indifférence. Je pleure parce que mon cœur se consume d’un amour fou, pour vous tous qui que vous soyez et qu’en échange j’ai vos péchés et votre indifférence. Je pleure parce qu’il n’y a rien de pire que de brûler d’amour, que d’aimer ceux qui nous rejette, ceux qu’on aime le plus. »

    NS Cherchant.jpgVous voyez, Hubert, dans cette rencontre avec le Cœur du Christ j’ai été bouleversée pour plein de raisons, notamment deux qui m’ont complètement skotchée. La première, c’est de sentir physiquement l’amour de Dieu à travers le Sacré Cœur de Jésus, pour nous tous, qui que nous soyons. C’est-à-dire qu’avec Dieu il n’y a pas de casting. Ce n’est pas ”toi, tu corresponds au moule, au kit, tu as quinze enfants ; toi t’es comme ci, t’es comme ça ; toi tu es avocat, toi t’es un pauvre sdf ; toi tu mènes une vie qui ne correspond pas.” Il nous aime tous comme nous sommes. On est tous ses petits, Il nous aime à la folie et on a tous une importance unique, démesurée pour Lui. Il veut tous nous sauver. Mais il veut tous qu’on accepte de se faire aimer par Lui tels que nous sommes, qu’on ne doute pas de son amour.

    NS inspiration.jpgJe connaissais… Je chantais à la messe, je lisais dans la Bible l’amour fou, l’amour insondable de ce Dieu pour nous tous, mais c’était beaucoup plus intellectuel pour moi, théorique. Même si je l’aimais. C’était plus intellectuel. Et là, le Seigneur m’a fait sentir de manière physique cet amour pour nous. Cela m’a juste bouleversée. L’amour est bien au delà de tout ce que l’on peut imaginer. Donc, cela m’a complètement bouleversée.

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    Et deuxièmement, que ce grand Dieu qui est parfait, qui est saint, en plus du libre arbitre qu’il nous donne, pour l’aimer ou le rejeter, il nous mendie, à nous, pauvres pécheurs que nous sommes, notre amour. Il nous mendie à nous, pauvres pécheurs, Lui, ce grand Dieu, notre amour. C’est juste… surréaliste ! C’est dingue !

     

    HdT : Du coup, que lui avez-vous dit, une fois qu’Il vous a exprimé sa tristesse ?

     

    NS4.jpgNS : Cela a été comme un cri du cœur, encore. J’ai dit : « Seigneur, quel dommage de rendre l’âme, maintenant que je sais cela. Je voudrais pouvoir revenir sur terre pour témoigner de Ton amour fou pour nous tous, qui que nous soyons et pour te consoler, à ma façon, dans la nature qui est la mienne. C’est-à-dire, j’ai la totale : je suis à moitié italienne, bélier, marseillaise, femme, artiste… donc vous imaginez… un peu passionnée. Pour lui dire Tu es le plus beau, je T’aime… Et surtout que l’on connaisse que Tu es cet Amour et que Tu nous accueilles vraiment tous dans cet Amour. Et finalement, le pari que Dieu nous demande c’est juste de faire le pari fou de se laisser aimer par Lui, comme on est. Personne ne mérite Dieu, à par Dieu Lui-même.

    HdT : Et que s’est-il passé, du coup ? Parce que vous êtes là, aujourd’hui.

    NS2.jpgNS : Je me sens en sursis. Du coup… je vais juste vous dire une deuxième partie, vite fait, que je révèle à très peu de gens, mais je pense que là, c’est bien un endroit où je peux ouvrir vraiment mon cœur. Vous avez le droit à la saga, à la version longue.

     

     


    NS Joues gonflées.jpgQuand j’ai dit cela, à ce moment précis, j’ai été comme transportée dans un autre lieu, un autre endroit qui n’avait rien à voir. Et là, quelque chose de fou : je vois au-dessus de moi, face à moi, une espèce de demi cercle de lune, plongée dans une sorte de lumière, de nuée. Quelque chose d’écrasant, bien en hauteur et d’écrasant. On sentait que ça ne plaisantait pas. Et à ce moment-là, je savais, tout simplement, que c’était l’heure de mon jugement, l’heure de notre jugement, qui nous attend tous. En fait, j’avais face à moi le Tribunal céleste. Le fameux Tribunal céleste dont parle saint Paul dans les Épîtres. À l’époque, je ne l’avais absolument pas lu. Là, ce qui est dingue, c’est que la créature se retrouve face à son Créateur. En toute vérité, en toute responsabilité. On doit répondre jusqu’au dernier petit pseudo détail de notre vie. Pas question de dire, vous savez, comme dans la cour de récréation : « Je lui ai tiré la langue parce qu’il m’a tiré les couettes… J’ai fait ceci parce que cela… » Là, non, c’est toi, la créature, face à ton Créateur. Et là, une voix… Je peux vous dire on n’en mène pas large. Il vaut mieux le savoir, parce que Dieu est miséricordieux, Il est absolu dans on Amour, Il veut tous nous sauver, certes, miséricordieux. Mais Il est aussi absolu dans sa Justice, sinon Il ne serait pas Dieu. Ça dépend de notre réponse, de notre libre arbitre. Et là, une voix me dit : « Vous serez jugés  (vous tous, les humains), vous serez jugés sur l’amour de Dieu, l’amour vrai de Dieu, et l’amour vrai des frères. » Et qu’en gros, tout le reste, c’est de la littérature.

    HdT : Et vous avez repris vie…

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    NS : À ce moment précis, j’ai été comme réinjectée dans mon pauvre petit corps dans la voiture. J’ai fait comme si je me prenais une méga-décharge : « AAhh ! » (Elle ouvre grand la bouche et inspire, gonfle ses poumons et recrache l’air). J’ai repris ma respiration, j’étais complètement essoufflée. Et il s’est passé le phénomène inverse. C’est comme si on m’inoculait un liquide brûlant, de la pure lave, un liquide très chaud par les pieds et cette chaleur reprenait. Je me suis arrêtée net de cracher du sang et j’ai pu bouger à nouveau. Bon, je ne pétais pas la forme, évidemment ! Mais je savais que j’étais là, encore…

    Effectivement, depuis, je me sens en sursis. Mais finalement, on est un peu tous en sursis ! 

    Hubert de Torcy.jpgHdT : Merci beaucoup Natalie pour ce beau témoignage. Malheureusement notre émission s’arrête là. Je rappelle que vous êtes l’auteur, la réalisatrice et la co-productrice de ce film qui sort en salle le 4 juin 2014, qui s’intitule « La Mante Religieuse ». Un site internet pour en savoir plus sur ce film : www.jaimelamante.com. Merci encore d’avoir accepté notre invitation.


     

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     NS : J’en suis ravie !                             

     

     

     

  • Cœur de Jésus : Il a pris ma tête et l'a posée sur sa poitrine…

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    Enseignement lors de la 4ème Session des Familles à Paray-le-Monial
    Mercredi 20 août 2014
    Retranscription réalisée par La Vaillante (La France & le Sacré Cœur) depuis l’enregistrement de Gloria.TV

    Le Père Ottavio de Bertolis a la chance de vivre à 20 mètres de la chambre de saint Ignace à Rome. Il est attaché à l’église du Gesù. Je voudrais vous demander, Père, de nous expliquer comment vous avez rencontré le Cœur de Jésus. 

     

    Ignace de Loyola.jpg         « J’ai toujours reçu la grâce de la foi dans ma vie. Mais quand j’étais enfant je me demandais ce que signifiait exactement le Cœur de Jésus, le cœur du Sauveur. Pour moi, c’était aussi un problème linguistique. Pourquoi dire : «  Cœur de Jésus, prends pitié de moi ! » ? Il n’est pas plus facile, plus simple de prier : « Jésus, par ton Cœur prends pitié de moi ! ». Pourquoi parler du cœur du Sauveur ? Y a-t-il une différence entre le cœur du Sauveur et le Sauveur lui-même ? Pendant longtemps dans ma vie, quand j’étais jeune, avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus, je me le demandais toujours, je voulais comprendre. En fait, je n’avais pas compris et je ne pouvais pas prier le Cœur du Sauveur. Cela ne signifie pas que je ne priais pas, mais je restais avec ce doute. Pourquoi le Cœur du Sauveur ? Alors j’ai lu beaucoup de livres. Mais les livres ne m’ont pas aidé. J’ai lu des livres populaires, mais les livres trop populaires étaient trop simples et ceux de théologies trop difficiles. C’est ainsi que j’ai compris que connaître le Cœur du Sauveur ne venait pas des livres. Cela ne dépend pas de notre force, de notre culture. Le Cœur de Jésus est montré par Jésus même, à chacun de vous. Vous ne devriez pas être ici pour entendre quelqu’un, un prêtre de Rome, parler du Cœur du Sauveur. Vous devriez être ici pour écouter Jésus qui parle de son Cœur à chacun d’entre vous. Car il a un mot, une parole pour chacun de vous. Je peux vous parler à tous mais je ne connais pas votre histoire, votre langage. Mais Lui, si, Lui peut parler à chacun d’entre vous. Comme j’ai connu le Seigneur dans ma faiblesse et comme j’ai reçu la parole du Seigneur qui m’a montré son Cœur, je suis sûr qu’aujourd’hui, à Paray-le-Monial, Il veut parler à chacun de nous.

    Coupe eucharistique.jpg         Pendant longtemps je me demandais : « Pourquoi, Seigneur, qu’est-ce que cela veut dire ? », mais je ne trouvais pas de réponse. Quand vous ne trouvez pas de réponse vous ne pouvez faire qu’attendre. Regardez… Quand je suis entré dans la Compagnie de Jésus… - je vais souligner l’importance d’être jésuite pour la dévotion au Cœur du Sauveur. J’étais novice… Deux petites histoires. La première fois, quand j’étais novice, lors d’une des premières messes durant mon noviciat à Gênes, le Père, pendant l’eucharistie, nous a donné la coupe du Sang du Sauveur et, peut-être à cause de la forme de la coupe, j’ai eu une impression, une motion intérieure dirait saint Ignace, une forte motion intérieure : « Bois à mon Cœur ! ». Quand nous buvons à la coupe de l’eucharistie nous buvons au Cœur même du Sauveur. Car l’eucharistie est le Cœur de Jésus. C’est un premier pas : « Reçois mon Cœur, bois à la coupe de mon Cœur. Tiens mon Cœur dans tes mains. » Tous, chaque fois que vous recevez l’eucharistie, vous tendez votre main et Jésus pose son Cœur dans vos mains. Dans vos mains, comme vous êtes. Il n’a pas choisi des hommes et des femmes idéals, sans péché, mais il a choisi des hommes et des femmes réels, comme nous tous. Et depuis, j’ai fait les Exercices. Vous savez que les Pères Jésuites pendant le noviciat font le Mois des Exercices Spirituels. En effet Les Exercices Spirituels sont une grande contemplation du Cœur de Jésus, renforcée par des intuitions de notre père saint Ignace. Tout le mois des Exercices est une longue contemplation, un cœur à cœur avec la vie du Sauveur. Jésus montre son Cœur à travers sa Parole. Toute sa Parole nous parle de son Cœur. Toute la Parole de Dieu. C’est-à-dire de la première page de la genèse jusqu’à la dernière du livre de la Révélation. Toute l’Écriture sainte est un don du Cœur de Jésus. Ce sont comme des morceaux d’une mosaïque qui, tous ensemble, montrent et éclairent la personne même du Sauveur, c’est-à-dire son Cœur. Alors la Parole de Dieu écoutée dans notre cœur, comme la Vierge Marie, la personne même devient le Seigneur. C’est-à-dire son corps, le crucifix contemplé. La personne même, dans sa réalité physique que saint Ignace nous aide à imaginer, à contempler, à écouter, à toucher, pendant les Exercices, est une grande contemplation du Cœur du Sauveur. Ignace ne parle pas explicitement du Cœur de Jésus, l’expression n’était pas en usage dans son temps, mais en effet, dans les Exercices Spirituels vous avez tout ce qui constitue en profondeur la spiritualité du Cœur du Sauveur.

    foi, sacré cœur, christianisme         Et depuis… Je dois choisir seulement quelques petites histoires mais j’en aurais beaucoup à raconter… À la fin de mon noviciat… Vous savez que les novices Jésuites doivent passer un mois entier dans un hôpital. Je suis allé à Turin où il y a un grand hôpital fondé par le Bienheureux Cottolengo, une vraie cité dans la cité, où il y a des milliers de malades incurables, des handicapés… dont beaucoup de personnes diraient qu’ils n’ont pas de dignité à vivre. J’ai reçu un petit groupe de handicapés, une douzaine. Parmi cette douzaine il y en avait un en particulier qui ne pouvait pas parler, répondre, écouter. Il y a toujours quelqu’un qui peut répondre, vous pouvez parler en souriant, par quelques mots… Vous pouvez établir un lien avec lui, de quelque sorte que cela soit. Mais celui-ci qui s’appelait Aloïs, pendant tout un mois, n’a jamais pu établir aucun lien. Il vivait dans un monde inaccessible pour moi. Chaque jour on devait leur donner à manger, les laver, les vêtir, etc. Le dernier jour de ma présence… C’était une expérience très profonde. Peut-être que cela ne vous dira rien… Mais pour moi, j’ai vécu cela très profondément comme motion intérieure. J’étais en train de lui donner à manger comme chaque jour et plusieurs fois par jour, mais comme si j’étais avec une chose… et quand j’étais en train de lui donner à manger la petite sœur est passée et m’a dit : « Vous partez, demain, vous retournez à Gênes… », et j’ai répondu : « Oui, oui ma sœur, je m’en vais demain… ». À ce moment-là, très intéressant car le Seigneur parle non seulement à travers l’Écriture Sainte, mais parle avec la vie, la vie de chaque personne que nous rencontrons… Il a pris ma tête et l’a posée sur sa poitrine. Vous savez que la tête sur la poitrine est l’expérience du disciple aimé. Je me souviens qu’à ce moment, et seulement à ce moment, j’ai pensé à toutes les fois quand j’étais jeune et que je priais le Seigneur et lui disait : « Seigneur, donne-moi de connaître ton Cœur ! Donne-moi de connaître l’amour de ton Cœur. Laisse-moi poser ma tête sur ta poitrine, comme le disciple bien-aimé ». Alors j’ai compris qu’à ce moment-là il m’avait révélé que toutes mes prières avaient déjà été écoutées. À ce moment-là seulement il m’a montré qu’elles avaient déjà été entendues. C’est-à-dire que j’avais posé ma tête sur sa poitrine, non pas seulement à cet instant précis à Turin, mais aussi pendant ma vie précédemment, quand je ne voyais pas son Cœur. J’ai compris que nous pouvons louer le Cœur du Seigneur, l’adorer, le célébrer dans la liturgie, dans le silence, mais il est vrai que le Cœur du Sauveur est le cœur des pauvres. « Ce que vous avez fait à chacun de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». La présence personnelle de Jésus n’est pas seulement la présence réelle du sacrement, mais aussi la présence personnelle de ces pauvres. Car il est présent dans ses frères. C’est l’expérience des disciples d’Emmaüs. Je crois que nous sommes tous comme les disciples d’Emmaüs. Nous faisons notre chemin, nous parlons entre nous, nous pleurons sur nos problèmes, sur nos blessures, nous parlons de nos espérances… mais nos yeux ne peuvent pas Le voir. Mais Il est avec nous. Seulement à un moment opportun Il montre sa Présence. Et quand il montre sa Présence nos yeux Le reconnaissent et la Lumière se fait dans nos cœurs et nous pouvons comprendre qu’Il était avec nous. Non pas seulement dans ce moment de grâce mais tout au long du chemin, car il nous a toujours aimé. Et pour moi c’est l’expression foncière du Cœur du Sauveur. Si vous me demandez, par exemple : Où peut-on trouver l’expression privilégiée du Cœur du Sauveur ? Lisez la Première Épître de Jean. Selon mon point de vue la Première Épître de Jean est le livre en condensé de toute l’Écriture. Si vous me demandez de retenir un seul livre ou passage de la Bible, je répondrais la Première Épître de Jean. Et si vous me demandez de ne retenir qu’un chapitre de cette Épître je répondrais le chapitre 4. Et si vous me demandez de ne retenir qu’un verset : « Nous n’avons pas aimé Dieu, mais Il nous a aimé le premier. » La primauté de son Amour pour nous. Elle est toujours vraie. Affirmer qu’Il nous a aimé le premier signifie qu’il nous aime comme nous sommes et là où nous sommes.

    foi,sacré cœur,christianisme         Notre vie est une vie réelle. La vie de chaque homme et de chaque femme a ses contradictions, ses espérances, ses forces et ses faiblesses. Nous sommes des hommes réels, Il nous a aimé comme nous sommes. Beaucoup, ici, vous êtes en famille. La famille est remplie d’expériences. Il y a des familles heureuses, d’autres divisées, des couples divorcés, des veuves, des solitudes, des célibataires… Le célibat peut être un choix, ou presque un choix ou tout à fait un choix. Ce peut-être une disgrâce, cela dépend. Nous sommes comme nous sommes. Notre vie est aussi signée par la violence que nous avons pu recevoir. Peut-être avons-nous aussi fait violence. La rancœur peut s’insinuer dans notre vie. Envers mon mari, envers mon fils, même envers Dieu. Et nous devons avoir le courage d’admettre que nous-mêmes pouvons avoir de la rancœur envers le Seigneur : « Pourquoi as-tu permis tout ce qui m’est arrivé ? » ; « Pourquoi as-tu permis la maladie de ma femme, de mon mari, la mort, la souffrance ? » ; « Pourquoi as-tu permis ma vie ? ». Ce sont des questions réelles. Vous pouvez penser au Livre de Job, par exemple. Je ne peux pas répondre. Je dis seulement que ces questions sont sérieuses. Je crois que l’Écriture ne répond pas à ces questions comme nous le voulons, mais l’Écriture témoigne qu’Il nous a aimé comme nous sommes et là où nous sommes. Peut-être que maintenant nous portons sur nos épaules une vie normale ou une vie pleine de difficultés. Peut-être est-ce une vie proche ou dans l’Église ou au delà, en dehors de l’Église. Cela n’importe pas, le Seigneur nous a aimé comme nous sommes et là où nous sommes. Les problèmes, les difficultés, la faiblesse de notre vie restent. Mais ce que Jésus à dit à l’Apôtre Paul est vrai pour chacun de nous : « Ma grâce se montre parfaitement dans ta faiblesse. » Si vous me demandez : « Selon toi, où l’Apôtre Paul parle-t-il le plus parfaitement du Cœur du Sauveur, de la dévotion à son Cœur, de la spiritualité du Cœur du Sauveur ? » Je crois qu’il en parle bien dans l’Épître aux Galates, chapitre 2, verset 20 : « Ma vie présente dans la chair, j’ai la vie dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé, il s’est livré pour moi. » « Dans la chair… » : dans l’Écriture vous savez que « la chair est l’humaine faiblesse ». La chair ne signifie pas seulement le sexe, comme pour nous. La chair est l’humaine faiblesse dans toutes ses manifestations. Naturellement aussi l’affectivité, mais pas seulement. Nous vivons dans la chair. Pour vivre nous ne pouvons pas vivre en dehors, au delà de la chair. Nous sommes hommes de chair. Mais notre vie présente avec les difficultés, les espérances, les blessures, avec notre histoire qui nous conditionne, naturellement. Mais nous vivons dans la foi en le Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Il m’a aimé. Notre solitude est habitée par Lui. Alors vous comprenez que seule la foi nous soutient. Nous ne voyons pas, sauf par moment… Nous avons aussi des moments de lumière. Je vous ai parlé de mes petits moments de lumière. Je suis sûr que vous aussi avez reçus, dans votre vie, des moments de lumière, comme les disciples d’Emmaüs. Mais ce sont seulement des moments. Quand nous le reconnaissons, il disparaît à notre vue. Mais reste l’expérience.

    foi,sacré cœur,christianisme         À la lumière de cette expérience nous reconnaissons — saint Ignace dirait : « Nous discernons » — la présence de Dieu, même aujourd’hui quand je ne le vois pas. Quand il n’est pas présent à mes yeux. Mais je sais, car la foi est lumière dans mes ténèbres. Alors, ma solitude, mes blessures, ma faiblesse ne sont pas seulement le lieu de mon abandon, mais sont le lieu de sa Présence. Vous comprenez donc comme notre vie doit être soutenue, signée, marquée par la prière quotidienne. C’est-à-dire par l’écoute de chaque jour de la Parole du Seigneur. Car la foi naît dans l’écoute de la Parole de Dieu. Alors chaque jour, comme la Vierge Marie, écoutons la Parole de Dieu. Car la Parole est le premier don du Cœur du Sauveur. Le Cœur du Christ est la Parole dans laquelle toutes les paroles ne font qu’une. La Parole foncière. Toutes les paroles de l’Écriture, tous ces petits morceaux de cette grande mosaïque se fondent, peuvent se résumer en une seule parole : le Cœur du Sauveur. Notre faiblesse reste mais nous vivons dans la foi du Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Il m’a aimé. Excusez-moi, mais nous n’avons pas eu besoin de sainte Marguerite-Marie (Alacoque) pour savoir qu’Il m’a aimé. « Regarde ce Cœur qui a tant aimé le monde ». La mystique confirme toujours l’Écriture sainte. Elle ne fait pas que confirmer l’Écriture. La mystique est l’expérience de l’Esprit qui accompagne la vie de l’Église à travers ses saints. Et Jésus donne sa Parole, à travers l’Esprit Saint, à ses témoins privilégiés que sont les saints comme sainte Marguerite-Marie. Mais la vérité qu’Il m’a aimé ne vient pas de Marguerite-Marie. Elle vient de l’Évangile. Il m’a aimé et s’est livré pour moi. C’est-à-dire…

    foi,sacré cœur,christianisme         Peut-être que nous avons aussi péché dans notre vie, mais Il s’est laissé abandonner par nous. Nous pouvons être opprimé, oppressé par le souvenir de nos péchés. Mais regardez : le péché, le coup de lance qui a transpercé le Cœur du Seigneur, est devenu la clef pour ouvrir son Cœur. De mon point de vue, vous pouvez ici contempler la puissance, l’omnipotence et la générosité, la fidélité de Dieu qui a choisi non pas les bonnes œuvres, non pas les prières de quelques justes pour laisser ouvrir son Cœur, mais un coup de lance. C’est-à-dire le symbole de comment les hommes l’ont accueilli, Lui. Il est venu parmi les siens mais les siens ne l’ont pas accueilli. C’est Jean aussi qui dit aussi cela. Alors, il est vrai que pour le monde, pour l’Église aussi peut-être, pour moi aussi… il s’est laissé blesser par moi. Dans la liturgie de la messe de Pâque on chante : « Felix culpa », « bienheureuse faute ». Bienheureuses soient vos fautes car avec nos fautes nous avons ouvert le Cœur du Sauveur. Et cela est la fin du royaume du mal. Car Jésus a choisi les armes du mal pour détruire le mal lui-même. « Felix culpa quae talem et tantum meruit habere redemptorem », « Ô bienheureuse faute qui nous a valu un tel rédempteur ». Il s’est consacré lui-même pour nous. Toute la vie de Jésus est résumée dans son Cœur. Toutes les pensées, toutes les forces, tout ce qu’il a dit, tout ce qu’il a fait, toute sa personne est résumée dans son Cœur. Il s’est lui-même consacré pour nous. Nous pouvons contempler dans l’Évangile de Jean, le chapitre 13, 14 : « Je me sanctifie pour eux ». S’Il s’est donné lui-même, s’Il nous a aimé le premier, nous pouvons nous donner à Lui, comme nous sommes et tout ce que nous sommes. Parce qu’Il a tout aimé de nous. Tout ! Cela est difficile à comprendre. Pascal dirait « le Dieu des philosophes et le Dieu de Jésus-Christ ». Le Dieu des philosophes, le Dieu des moralistes, par exemple, ne peut pas dire que Dieu a aimé mes péchés. Mais le Dieu de Jésus-Christ, oui. Car il a vu ma tristesse dans mes péchés. Ma solitude, ma désespérance. Ils m’ont abandonné, moi, Source de l’eau vive. Moi, je suis l’eau vive. Comme Il s’est consacré lui-même à nous, nous pouvons nous consacrer nous-mêmes à Lui. Nous consacrer nous-mêmes : ce n’est pas seulement la consécration des prêtres ou celles des religieuses dans les vœux religieux. Mais c’est la consécration du baptême. La consécration foncière de toute l’Église. Se consacrer à Lui est une réponse à Sa consécration. Nous allons répondre à son amour. Que pouvons-nous offrir ?

    foi,sacré cœur,christianisme         Quand j’étais jeune, je croyais que je pouvais donner à Dieu juste mes bonnes œuvres, mes prières… toutes les choses bonnes que je pouvais faire. Et j’ai conçu (malheureusement…) ma vie spirituelle comme devant faire de bonnes œuvres, toujours, de plus en plus, jusqu’à n’avoir plus aucun péché, ou presque plus aucun. Paul dirait : « Tu cherches ta justification », c’est-à-dire ta juste relation avec Dieu, « par la Loi », car les œuvres sont prescrites par la Loi. Mais nous avons pu constater que c’est impossible. La Loi ne justifiera aucun de nous. Car nous tous, comme l’Apôtre Paul, disons de nous-mêmes : « Nous faisons beaucoup de choses que nous ne voulons pas faire en réalité, et nous ne pouvons pas faire beaucoup de choses que nous voulons faire. » Mais nous ne pouvons pas, nous sommes faibles. Alors, voyez ! Si la Foi peut nous ouvrir la porte de la réconciliation — et cela est la doctrine de Paul, c’est la doctrine chrétienne. Notre justification, notre juste relation avec Dieu est ouverte par Lui et non pas par moi. Il a détruit tous les obstacles, toute la distance que je prenais entre moi et Lui, il l’a couverte parce qu’il est venu vers moi. Non pas parce que je suis allé vers Lui. Mais Il est venu à moi. Il a donc aimé dans ma vie non pas seulement les bonnes choses : ma joie, mes bonnes œuvres, quand j’étais bien : c’est le Dieu des philosophes. Mais il m’a aimé, moi. Au delà de la Loi. Dans mes blessures, dans mes péchés, dans mes faiblesses. Je crois qu’Il demande aujourd’hui, à chacun de nous : « Donne-moi ta faiblesse. Donne-moi ce dont tu n’es pas fier. Donne-moi ta vie comme elle est. Donne-moi ta solitude, ta maladie, tes difficultés. Je ne promets pas que je vais résoudre tes problèmes. Mais je promets que je montrerai en toi — comme le mentionnera Paul — la grandeur de ma puissance. » Nous restons faibles. Nous restons pauvres. Car Dieu aime les pauvres afin qu’aucun de nous ne puisse s’enorgueillir devant Lui. Je veux dire simplement que notre force est notre faiblesse.

    foi,sacré cœur,christianisme         Quand j’ai compris cela, ma vie spirituelle, ma vie chrétienne, ma vie comme prêtre s’est vraiment simplifiée. Et maintenant je n’ai plus peur. Peur de moi, peur de mes péchés, peur de mes difficultés. Je n’ai plus peur. Car j’ai compris qu’il m’aime comme je suis. Et tout ce qui m’est arrivé dans la vie, non seulement les dons reçus, et j’ai comme vous, reçu beaucoup de dons, mais aussi le mal. L’Épître aux Romains, chapitre ?, verset 28 : « Tout s’est passé par le bien de ceux qui aiment Dieu. » Et la force de l’Écriture est qu’elle dit : « Tout » ! Nous entendons normalement « tout le bien ». Mais il est écrit : « Tout » ! Nous pouvons relire notre vie avec ses défauts. Lis ta vie, même les pages plus obscures, en demandant : « Où es-tu, mon Dieu ? Où étais-tu, Cœur du Sauveur quand tu as permis cela pour le bien ? Étais-tu avec moi, même si je ne te voyais pas ? » Car nous sommes toute notre vie comme les disciples d’Emmaüs. Il est près de nous, il chemine avec nous, il parle avec nous, mais nos yeux sont incapables de le reconnaître. Mais il est là. Quelques fois nous le voyons. Il disparaît. Et nous pouvons retenir dans notre cœur cette expérience. Alors, se consacrer au Sacré Cœur signifie se donner soi-même. Voyez… Je croyais être très intelligent et avoir compris tout cela le premier — je suis très intelligent… je suis un jésuite (rire de l’assemblée). Mais en effet, une fois, en lisant une homélie de saint Basile le Grand : Le saint n’est pas celui qui donne à Dieu de bonnes choses, de nouvelles bonnes œuvres. Nous pouvons entendre la vie chrétienne comme étant de bonnes œuvres à faire. Nous pouvons prier le chapelet le premier vendredi du mois, et tous les jours… bien ! Nous pouvons aussi faire des œuvres par esprit d’obéissance qui n’est pas l’esprit de l’amour. Nous pouvons être observant de la Loi, mais la Loi peut être observée sans amour. Nous en avons malheureusement beaucoup d’exemples. Saint Basile le Grand dit : « Saint, n’est pas qui donne à Dieu de bonnes œuvres ». Multiplier les bonnes œuvres : l’exemple que je donnais de ma vie devant de plus en plus être remplie de bonnes œuvres. Ce n’est pas possible. À un certain point, la construction ne réagit plus. « Mais est saint, poursuit saint Basile le Grand, celui qui s’offre lui-même à Jésus-Christ. » Ce qui est beaucoup plus, vraiment plus que des œuvres. Et nous-mêmes, nous sommes aussi, et je crois surtout : nos ténèbres, nos faiblesses, notre ambiguïté, notre capacité à faire ce que nous comprenons être bon.

    foi,sacré cœur,christianisme         Alors, pour résumer, la consécration au Cœur du Sauveur fleurit dans la Consécration même du Christ en nous. Il s’est sanctifié lui-même pour nous. Il s’est sanctifié lui-même pour nous quand il s’est livré à nous. Il s’est livré non pas il y a deux mille ans, aux Romains et aux Juifs dans l’Évangile. Il s’est livré à nous dans notre vie, dans ce que nous avons voulu faire de Lui. Et maintenant aussi, nous recevons l’eucharistie. Qu’allons-nous faire de Lui ? Nous ne le savons pas. Peut-être du bien, peut-être du mal. Il s’est livré à nous. Mais s’Il se livre à nous, Il se livre à nous comme nous sommes et là où nous sommes. Et tout obstacle est détruit par Lui. Je parle de la Grâce. Cela signifie simplement que de l’ancienne parole « grâce », nous avons reçu une nouvelle Grâce. C’est pourquoi nous pouvons nous donner nous-mêmes. La consécration au Cœur du Sauveur n’est pas un vœu religieux. C’est plus important, car les vœux religieux sont des spécificités de la seule consécration chrétienne, qu’est le baptême. Pauvreté, chasteté, obéissance… Nous incarnons, nous cherchons à incarner dans notre faiblesse la vie même de Jésus. Mais la racine, la source de tout cela est l’amour de Jésus qu’il a manifesté en nous. Alors nous voulons dire : « Seigneur, je te confie à toi seulement la confiance en Dieu ». Le Psaume 91, « Toi qui habites sous la protection de Dieu », dit « j’ai confiance en Toi. ». La confiance en Lui est la confiance qui a détruit tous les obstacles. Il n’est pas mon ennemi. Il n’est pas un étranger. Il n’est pas un maître. Il est un époux. Un Époux. La spiritualité du Cœur de Jésus montre la tête sur la poitrine de Jésus. Vous savez, c’est une citation implicite du Cantique des cantiques, au chapitre 8, verset 6 : « Pose-moi sur ton cœur. ». Le Cantique est l’amour nuptial. Le cœur de Jésus est un cœur d’époux. Et en fait Il a donné son corps pour nous. Et l’Époux est celui qui nous donne Son corps. Comme l’épouse est celle qui donne son corps à l’époux. Ainsi, Il me donne son corps dans l’Alliance du mariage — lisez le livre du prophète Osée, le chapitre 2, le 11 ; même Ézéchiel. Il m’a aimé de cette manière et alors je lui donne mon corps, ma chair. La vie présente dans ma chair je la vis dans la foi. Il m’a aimé. Il lui donne sa force qui peut ressusciter de la mort. Ma vie a besoin de son Esprit. « Recevez l’Esprit Saint. » L’Esprit Saint est le don du Cœur du Sauveur. L’Apôtre Jean, à la page de la Pâque : « Il donna (rendit) l’Esprit Saint. » Quand il mourut, il souffla son esprit. L’Esprit est le don du Cœur du Sauveur qui est devenu vide.

    foi,sacré cœur,christianismePeut-être avez-vous (malheureusement, mais ce peut-être une expérience) été présent à la mort de quelqu’un. Je me souviens, par exemple, de la mort de ma mère. Quand elle mourut, le dernier : « HHHhhhh………… » (le père fait entendre le bruit de l’air sortant de la bouche) et vous comprenez que les poumons se vident. Notre corps devient comme un sac totalement vide. La kenosis (kénose) du Christ, c’est-à-dire son anéantissement. Le Cœur du Sauveur nous donne son Esprit, c’est-à-dire sa Vie. La vie du Chef, de la Tête du Corps ressuscité, est elle-même notre vie, nous qui sommes les cellules de son Corps.
     

    foi,sacré cœur,christianisme         Aujourd’hui, l’Église célèbre saint Jean Eudes, un des saints qui a beaucoup aimé le Cœur du Sauveur. L’Église, dans la liturgie des heures à l’Office des lectures, offre une réflexion de saint Jean Eudes qui dit : Jésus est la Tête du Corps. Son Esprit se déploie dans tout son Corps. De même que son Esprit en tant que force de la Tête se déploie dans tout mon corps, la Force, l’Esprit du Corps du Seigneur se déploie en chacun de vous. Il est le don de l’Esprit. Et l’Esprit est Seigneur et donne la Vie. Nous pouvons offrir, c’est-à-dire Lui consacrer notre vie comme elle est ; ma famille comme elle est. Je veux souligner. Non une famille idéale. Mon histoire, comme elle est. Elle restera, mais ce qui va changer n’est pas l’expérience empirique extérieure de ma vie. Mais c’est moi qui vais changer. Car moi je suis déjà ressuscité avec Lui quand je reçois son Esprit. Et avec son Esprit la vie que je vis dans ma chair blessée, j’ai la vie dans Sa puissance. Et sa Puissance se montre à moi. C’est pourquoi nous pouvons pardonner à tous ceux qui nous ont blessé. Nous pouvons bénir tous ceux qui nous ont maudit. Nous pouvons donner notre corps, notre vie au service de l’Église et du Peuple de Dieu.

    Merci…

     

    Père Ottavio de Bertolis
    Enseignement lors de la 4ème Session des Familles à Paray-le-Monial
    Mercredi 20 août 2014
    Retranscription réalisée depuis l’enregistrement de Gloria.TV
    « Le cœur de Jésus par le Père Ottavio de Bertolis »
     


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    La France et le Sacré Cœur de La Vaillante

     

                

                              

     

  • Une société d’artisans, de gens qui ne fassent jamais de copier-coller, toujours en éveil et en curiosité devant la complexité de leur travail

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    Lucien Bourgeois.pngOn a fait un travail, il y a quelques années, de prospective, dans lequel nous avions quatre scénarios. Un scénario dans lequel la Politique Agricole Commune continuait vaille que vaille. Un scénario dans lequel Auchan et Nestlé gouvernaient l’agriculture. Un scénario dans lequel on se mettait à faire cette politique de Qualité d’Origine. Et un scénario dans lequel le Conseil Général ou le Conseil Régional pilotait l’agriculture. Nous avions naïvement cru que le milieu agricole allait plébisciter le scénario de la Qualité d’Origine, puisque c’était le scénario le plus intéressant, en matière de valeur ajoutée, pour les agriculteurs eux-mêmes. Quelle n’a pas été notre surprise de constater que c’était le scénario qui entrainait le plus d’incrédulité et même de l’ironie, en nous disant : « Mais vous ne pensez pas que nous allons pouvoir vendre du blé comme on vend le vin ! ». Le principal argument était : « Nous sommes des producteurs de matière première. ». En revendiquant presque le statut de producteur de matière première. Pire encore dans les régions d’élevage, des gens nous disant : « Nous sommes des producteurs de minerai. ».

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    Certes, on ne va pas vendre demain du blé de la région de Provins. Mais si je crois en l’organisation, je crois aussi à l’organisation industrielle. Je pense que ce que peuvent vendre les producteurs de blé de la région de Provins est probablement une capacité à approvisionner des industries très sophistiquées de l’agro-alimentaire : pour faire avec ce blé un produit que personne d’autre dans le monde ne serait capable de faire. On le voit bien dans l’industrie : si nous ne sommes pas capables de faire ce que personne d’autre dans le monde n’est capable de faire, nous n’avons aucune chance dans l’avenir. Il faut être clair.

    Bennage blé.pngQui a envie de manger du minerai ?  C’est la plus belle contre publicité que l’on puisse faire pour son produit que de taxer sa viande de minerai. Le problème que nous avons vu est que, dans la tête des agriculteurs et dans la tête de ceux qui les accompagnent, il y a une culture de la matière première, une culture du produit indifférencié, une non-culture économique absolument affligeante qui règne et qui fait que les agriculteurs eux-mêmes ont du mal à croire à cette possibilité. Et quand on réfléchis bien, sur les deux agricultures, qui est le plus entrepreneur entre un producteur de fromage de chèvre des Causses, du Larzac, et un céréalier du Bassin parisien ? Si le céréalier se contente de benner son blé dans une coopérative et de ne pas se soucier du prix de ce blé, ce n’est pas un entrepreneur. Alors que le producteur de fromage de chèvre qui va vendre son fromage sur un marché est plus un entrepreneur, dans la conception de son métier.

    J’aimerais bien faire partie d’une société d’artisans, si je peux dire cela comme cela. De gens qui ne fassent jamais de copier-coller et qui soient toujours en éveil et en curiosité devant la complexité de leur travail. Je revendique cela comme idéal de société.

    Lucien Bourgeois
    Économiste
    Assemblée permanente des Chambres d’agricultures, Paris

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  • Le consommateur est aussi citoyen (Le Temps des Grâces)

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    L’agriculteur est-il plutôt, selon vous, un industriel ou du côté de l’artisan ?

    le temps des grâces,          Je dirais qu’il y a les deux. Il doit y avoir 3-4% d’artisans. Ce sont ceux qui ont essayé les circuits courts, la commercialisation directe… Ils transforment leur minerai, ce qui crée leur valeur ajoutée. Moi, je me situerais plus du côté industriel, producteur de minerai. Mais avec la chance ─ et d’ailleurs c’est pour cela que je suis revenu, sinon je serais resté dans le milieu multinational ─ d’avoir un impact, de pouvoir modéliser l’espace, de pouvoir être en lien avec l’espace. Mais à la fin, c’est quand même un minerai, l’or blanc, qui est le lait, qui est, avec un cahier des charges bien précis, mais pour donner de la valeur ajoutée à un industriel. Mais j’essaie d’en garder pour moi. On est entre les deux… Je me mettrais quand même du côté d’une industrie. Pourquoi pas d’un artisan ? Parce que l’artisan, tel que le consommateur ou le citadin en a l’image, c’est le berger avec ses moutons et son chien qui va garder son troupeau. Cela n’existe plus. On est des citoyens comme tout le monde, on veut nos vacances, du temps libre, on veut un cadre et un genre de vie. Donc il faut un niveau de vie. Ce niveau de vie fait que le prix du lait, en frais constants n’ayant pas augmenté, on s’est industrialisé pour faire des économies d’échelle. Alors, c’est sûr, le consommateur, lui, que veut-il ? Un lait pas cher, un fromage pas cher, et il voudrait qu’on traie à la main… En plus, il ne veut rien, le consommateur… C’est l’image qu’on lui colle. Maintenant, ce que je pense, c’est que le consommateur, à un moment donné, est aussi citoyen.


    le temps des grâces,          
    Je reviens à l’histoire de ma chèvre, là : le petit producteur des Cévennes qui a trente-quarante chèvres, qui fait son fromage et qui va sur les marchés. Cela, c’est l’image qu’en a le consommateur. Il a plus que du mérite : il a du mal à gagner sa vie. Que fait l’industriel à l’autre bout de la chaîne ? L’agriculteur industriel, qui a mille chèvres enfermées dans un bâtiment, qui les traite deux fois par jour et leur donne à manger, fait du business. Et pourtant c’est le même lait qui est en concurrence sur le même marché. Il faudrait qu’un jour le consommateur arrive à comprendre la différence. Quand je suis une multinationale qui travaille dans l’agro-alimentaire, je me sers de l’image du petit Pélardon[i] des Cévennes et je fais mon business avec. Il faut le dire. Et le goût est certainement différent. Mais le goût, qui connaît le goût ?

    le temps des grâces,          L’exemple du CTE est flagrant. J’ai fait un Contrat Territorial d’Exploitation en 2002, en m’engageant sur 5 ans à garder mes brebis. Le coût d’un berger pour garder mes brebis est énorme. L’État m’a donné 50 francs de l’hectare. Je dis bien 50 francs de l’hectare. J’ai quand même fait l’effort de le faire. Et j’avais signé un contrat. En 2007, on me dit qu’il n’y a plus de CTE. J’ai mis des clôtures. J’en ai pour 25 ans et cela me coûte une année de salaire d’un berger. Tous les parisiens durant l’été qui sont venus ici et qui avaient l’habitude de l’espace ouvert se sont rendus compte qu’il y avait de la propriété privée. Ils ont tous critiqué mais pas un n’est venu m’en parler. Parlons-en. C’est bien un choix de la société de dire : « Ah !, je veux les petits moutons qui se promènent dans la nature, je veux les voir se promener mais je ne veux pas payer. ». Au-delà de cela, en donnant les moyens pour garder cet espace ouvert, tu gardes aussi des moyens pour avoir plus de brebis sur ton espace. Si tu as plus de brebis sur ton espace, tu peux penser que tu as plus de social derrière, sur ton espace. C’est en lien avec la vie de campagne. Tandis qu’à un moment donné si tu dis : «  Je laisse gagner l’espace, je ne peux plus mettre de brebis, le dernier agriculteur du coin qui restera sera le plus costaud, le plus vaillant, le plus intelligent, le plus ce que tu veux… ou le plus tueur, ou le plus margoulin… Les dix autres, s’ils vont gonfler les banlieues parisiennes, marseillaises ou autres… Quel impact, quel coût auras-tu sur la société ? Et quel avenir donnes-tu à ces jeunes-là ? Je crois que telle est la question. Le problème est qu’aujourd’hui, on raisonne à court terme. Partout et tout le temps. Si à long terme on ne veut pas que les paysages se ferment il faut qu’à long… En Suisse, ils sont plus intelligents que nous, quand même. En Suisse, à un moment donné, ils savent qu’ils veulent garder l’espace tout vert, ils savent que les montagnes ne doivent pas se boiser, que l’herbe doit être entretenue… Ils payent carrément les bergers. Parce qu’il y a une réflexion nationale de dire : « Un berger payé pour un producteur revient moins cher à la collectivité et à la société que d’aller faire trois mesurettes. ».  C’est cela qui ne va pas en France.

     

    Patrick Libourel
    Éleveur à Lanuéjols, Causse noir, Gard
    Bassin de production du Roquefort

     


    [i] Pélardon est une appellation d'origine désignant un petit fromage au lait cru de chèvre de la région du Languedoc. Cette appellation a une graphie maintenant formalisée mais fut aussi nommée paraldon, pélardou ou encore péraudou.

     

    "Le Temps des Grâces", Capricci, 2009, en VOD - Film de Dominique Marchais - en Streaming et à Télécharger 

    Le Temps des Grâces Page sur La Vaillante

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  • Français, musulman et patriote ? Camel Bechikh à Lyon

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    La Vaillante  a adapté à l'écrit la retranscription faite par Fils de France de la conférence filmée que donna Camel Bechikh à Lyon, en janvier 2014. Vous retrouverez les interventions publiques de Camel Bechikh retranscrites sur la page Une raison d'espérance.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Bonsoir, merci pour votre présence, merci à l'ensemble de l’équipe de Fils de France de Lyon d'avoir organisé cette soirée. Depuis deux années d'existence de Fils de France, c'est la première fois que nous venons en province, très heureux de commencer par Lyon, sachant que pour nous, Lyon est un des terrains les plus difficiles en France pour tout un ensemble de raisons que j'évoquerai peut-être tout à l'heure. Si vous le voulez bien, je ne vais pas énormément parler mais plutôt laisser libre les questionnements de façon à ce que nous puissions tordre un peu la ligne Fils de France tout en étant, je l'espère, critique. Que je puisse être stimulé par vous, pour essayer de répondre à tout ce qui n'est pas forcément clair dans vos esprits. J'imagine qu'il doit y avoir pas mal de points d'interrogations sur ce qu'est cet objet un peu non identifié dans le champ métapolitique qu'est aujourd'hui Fils de France. Donc, je fais une présentation relativement succincte et je vous laisse la parole pour discuter sur les points obscurs de Fils de France.

     

    Pour faire simple, Fils de France qu'est-ce que c'est ? Tout à l'heure, je suis allé faire la prière du vendredi dans une mosquée de banlieue. Quelques personnes m'ont reconnu, une conversation s'est engagée avec des personnes qui ne me connaissaient pas du tout et me disaient : « Qu'est-ce que Fils de France ? ». D'après les aspects vestimentaires, on ne peut pas dire qu'ils étaient "clients" potentiels de Fils de France : ils étaient assez lookés qamis, etc... J'ai donc commencé à expliquer… La ligne de Fils de France est relativement simple : c'est de dire que l'individu dans son identité est composé de plusieurs lignes : une ligne nationale, une ligne ethnique, une ligne religieuse, etc… Et que nous, à Fils de France, nous avions le désir ardent de distinguer ce qui relevait du culte de ce qui relevait de la culture. Pour quelles raisons ? Parce que dans un contexte d'immigration relativement important, comme a été celui de la France dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le fait qu'une population importante extra-européenne et extra-chrétienne se retrouve à l'intérieur de l'Hexagone, a questionné les identités des uns et des autres et donc produit aussi un certain nombre de tensions. Dans la volonté de faire baisser ces tensions, l’idée était simplement de dire que l'on pouvait être musulman dans son identité spirituelle, et totalement français dans son identité culturelle. Lorsque nous disons cela, nous répondons à un certain nombre d'acteurs du moment qui insistent dans les revendications sociales, notamment en convoquant l'islam, ou dans un certain rapport à la mémoire où l'on convoque encore la religion musulmane. L'islam se retrouve donc mêlé à des revendications tout à fait légitimes, par une partie des acteurs de quartiers qui, dans leur islamité, combattent les injustices sociales. Or, nous, nous disons que l’appartenance à une strate sociologique ne relève pas de la confession. On peut être riche et musulman et on peut être pauvre et catholique. Constamment amalgamer l'idée de l'islam et de sa condition sociale enferme l'image musulmane dans une stratification sociale, tandis que l'islam est une idée universelle.

     

    Pareillement concernant la mémoire. Notamment concernant la guerre d'Algérie et la mémoire du colonialisme en général ­­─ d'ailleurs c'est pour cela que Lyon est un terrain peu aisé pour Fils de France, puisqu'une grande communauté algérienne est présente. L'Algérie et la guerre d'Algérie en particulier sont souvent amalgamées à l'identité religieuse. Or, tous les musulmans ne sont pas fils ou petits-fils de résistants algériens et tous les résistants algériens n'étaient pas musulmans. Il y a eu un nombre conséquent de communistes, notamment durant la guerre d'Algérie. Ainsi, des français de vieille souche se sont engagés corps et âmes pour l'indépendance de ce pays et qui sont d'ailleurs aujourd'hui considérés comme des résistants. Que l'on soit dans le social, que l'on soit dans l'historique ou dans tout un tas de revendications, il y a un amalgame malheureux entre une identité spirituelle et une condition, une trajectoire sociale. Á Fils de France, nous avions ce désir ardent de distinguer tout cela en disant que oui, nous pouvons être musulman et pas forcément lié à ces trajectoires de revendications sociales ou historiques. Pourquoi ? Parce que la France s'est créée sur des régions aux cultures fortes et qu'elle possède une culture, même si elle est très malmenée en ce moment par cette américanisation rampante qui déstructure des habitudes bien françaises. Cette identité française demeure forte. Maintenir une sorte de fantasme des origines maghrébines ou arabes au fur et à mesure des générations n'avait pas de sens avec la réalité. Vous allez avoir des gens qui revendiquent une appartenance, par exemple, et de manière très pompeuse, à l'Algérie ou au Maroc, mais qui finalement vivent en France de façon bien, ou relativement bien, mais n'émettent pas l'idée du retour dans les pays d'origine. Là encore, l'islam est convoqué comme un adjuvant ou un additif identitaire alors que ce n'est finalement pas son rôle. En terme de perception pour le français de vieille souche, de ce fait religieux à travers ces revendications sociales, à travers la (sur)revendication des origines, etc… cela pose d'énormes points d'interrogations. Si on y ajoute les tensions internationales dues aux différentes guerres du Golf, d'Afghanistan et éventuellement l'aspect belliqueux de certains groupes musulmans, on a un paysage islamique français extrêmement hétérogène mais composé uniquement de trains qui arrivent en retard, en négligeant et en ignorant par une sélection involontaire, tous les trains qui arrivent à l'heure.

     

    Finalement, les trains qui arrivent à l'heure sont tous ces jeunes musulmans français socialisés, de manière tout à fait classique, par l'école républicaine, la télévision, les groupes d'amis, etc… qui ont une islamité soit héritée, soit culturelle, soit pratiquante, et parfois même littéraliste, mais qui n'éprouvent pas de contradictions entre leur identité culturelle et leur identité cultuelle, qui assument tout à fait le fait d'être culturellement français, même si ce culturellement français pose énormément de points d'interrogations dans un contexte de mondialisation destructrice pour les identités culturelles. Donc, ne voyant pas ces trains qui arrivent à l'heure, ne voient pas de contradictions notoires entre le fait de l'identité musulmane et de l'identité française.

     

    Ensuite, on va dire : « Oui, mais il y a des incompatibilités fortes entre la dimension musulmane, qui lie la foi et la loi, et la dimension laïque et française. » Ce sont, je pense, de petites questions auxquelles on peut très simplement et très facilement répondre s’il y a une mise en perspective de ce qu'est l'islam dans son processus d'acculturation, de transmission, ou de passage dans des cultures diverses et variées et la tradition monarchique et républicaine française, qui a toujours fait sa place à l'altérité, qu'elle soit ethnique ou même religieuse.

     

    Puisque l'islam est à la fois un système éthique et à la fois religieux et politique, comment peut-il s'adapter au contexte laïcisé, sécularisé, qu'est le contexte français républicain ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/La religion musulmane a produit une civilisation qu'on a appelée la civilisation musulmane, islamique. Il faut juste distinguer l'islam avec un i minuscule de l'Islam avec un I majuscule. L'islam avec un i minuscule est cet ensemble religieux, universel, qui est une spiritualité. L’Islam avec un I majuscule est l'islam de la civilisation musulmane qui commence avec les omeyades, pour faire simple, donc dynastique, etc… Pourquoi l'islam est-il devenu un système politique ? Parce qu'à l'époque, et les chrétiens avant les musulmans, on imbriquait le religieux dans le politique. La conversion de l'empereur Constantin au christianisme aboutit à ce que l'Empire byzantin, qui était païen, ait pour religion le christianisme. Les musulmans, dans ce contexte-là, ont créé un empire en calquant leur système de gouvernance sur l'Empire byzantin. C'est donc une occurrence historique qui produit un système. Le système califal, où le politique et le religieux s’imbriquent, n'est pas un système qui rencontre la profondeur des textes musulmans, pas du tout. C’est simplement une rencontre avec une donnée politique, historique de l'époque. Et les musulmans ont adopté cette manière de fonctionner qui avait été adoptée par les chrétiens eux-mêmes. Le processus de sécularisation, donc de distinction du religieux et du politique, existait malgré tout puisque les théologiens étaient consultés par le pouvoir politique, mais n'étaient pas le pouvoir politique. Le système califal, dynastique, consultait les théologiens mais les théologiens n'étaient pas les tenants du pouvoir. Je dirais que cette idée que l'islam ne distingue pas le système politique du système religieux est une extrapolation de ce qu'a été l'Islam avec un I majuscule dans un cadre historique particulier. C'est ce qui fait dire à un nombre de théologiens, aujourd'hui, que la possibilité de réinventer les systèmes de gouvernance dans les pays musulmans ou chez les musulmans en tant que minorité dans les pays non-musulmans est constamment en mouvement. Il n'y a donc pas de système arrêté.

     

    Quelle est la position de Fils de France sur l'islam de France ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/L'islam est né dans un pays arabe qui s'appelle la péninsule arabique. Le Coran a été révélé en arabe à un Prophète arabe. Mais c'est un message universel : il y a une réalité anthropologique de ces primo musulmans qui se situe dans l'arabité. Mais le message étant universel, il va très vite dépasser cette arabité et va rencontrer un ensemble de cultures, de races, d'ethnies, de langues extrêmement différentes. Á tel point qu'aujourd'hui, les arabes ne sont qu'un cinquième de la population musulmane mondiale. Quoi de commun entre un malien et un indonésien ? Manifestement, du point de vue culturel, ils s'habillent différemment, ils mangent différemment, ils parlent différemment, ils pensent différemment. Mais si vous les mettez ensemble pour accomplir la prière de midi, de Dohr, ils feront quatre unités de prière tous les deux. Parce que la mécanique religieuse, qu'elle soit liée à l'orthodoxie ou à la pratique, sont identiques quel que soit le lieu où l'on se trouve.

     

    Mais quand on parle d'un islam de France, à Fils de France, on parle même d'un islam français car nous percevons trois étapes. Nous parlons d'abord d'un islam en France qui est l'islam de nos parents : c'est-à-dire que ce sont des gens qui ont vécu vingt ans, trente ans dans le sud de la méditerranée et qui arrivent en France avec une identité religieuse, mais qui est cantonnée à leur culture façonnée par leur vie au Maroc, en Algérie ou en Afrique subsaharienne, en Tunisie, en Turquie, etc… Ensuite, il y a ce que nous appelons l'islam de France : c'est l'islam de leurs enfants, qui commencent à composer avec un environnement nouveau qui accueille une foi nouvelle (nouvelle avec beaucoup de guillemets parce qu'en vérité la France et l'islam connaissent une relation historique bien plus importante que cela). Pour la première fois, massivement, des musulmans vont commencer à réfléchir aux concepts de laïcité, de république, de citoyenneté en les liant, en les confrontant à leur identité religieuse. Nous appelons cela un islam de France. C'est le moment où l'on va tenter d'aménager la rencontre entre cette foi musulmane, cette pratique musulmane et les concepts forts qui font la République française. Et en troisième lieu, nous à Fils de France, nous parlons d'un islam français. L'islam français, c'est celui qui ne se pose plus la question. Je suis musulman, je prie cinq fois par jour. Comme je mange trois fois par jour pour nourrir mon corps, je prie cinq fois par jour pour nourrir mon âme. Ma dimension spirituelle, ma dimension verticale sont intrinsèquement musulmanes. Mais, mon horizontalité, ma socialisation, mes codes culturels, mes codes d'interactions sont inscrits, sans que je me pose la question, puisque c'est un fait j'ai grandi avec, dans la culture française. Il n'y a plus de question posée entre cette verticalité eschatologique, spirituelle ─ pour certains qui en ont la chance, mystique ─ et cette horizontalité culturelle, française. Avec, pour caricaturer à outrance, la baguette et le béret. Baguette et béret avec un mois de jeûne annuel et mes cinq prières par jour. Ça c'est l'islam français.

     

    N’avez-vous pas peur que cet islam français dénature le message authentique de l'islam?

     

    http://www.filsdefrance.fr/C'est un islam français qui est encadré, il n'est pas anarchique. Il est encadré par les théologiens qui ont la capacité de distinguer ce qui peut être acculturé de ce qui ne doit pas l'être. Si on est en France, on priera cinq fois par jour, que l'on soit à New-York, à Médine ou à Bamako, les prières canoniques sont inscrites cinq fois par jour. On peut les faire ou ne pas les faire, ce n'est pas la question. L'orthodoxie musulmane est valable pour l'ensemble des musulmans. Notre spécificité c'est d'être, de vivre et de respirer français et d'aimer notre pays la France avec une spiritualité qui est musulmane. Alors on me dira : « Mais cette spiritualité est étrangère à la culture française ». Je réponds : « Oui, mais le christianisme n'est pas né au Mont St Michel. Le christianisme lui-même est un produit proche-oriental ou sémite. » Il n'y a finalement pas d'opposition entre les deux.

     

    Je vais vous donner un exemple très clair de la plasticité. C'est très important cette idée de plasticité. L'islam est quelque chose d'extrêmement plastique, il a une forte capacité d'adaptation aux cultures que la religion musulmane rencontre. Cette forte capacité d’adaptation se traduit notamment par quelque chose d'important qui est le mariage. Le mariage est une pratique sociale, universelle, à tel point même qu'on nous a fait le "Mariage pour Tous" maintenant. Ce mariage entre un homme et une femme en islam possède quelques conditions. La première condition est l'acceptation mutuelle : le fait que l'homme veuille se marier avec cette femme et que cette femme veuille se marier avec cet homme. Quand on parle de mariage forcé islamique, on est déjà dans l'antinomie de ce qu'est la religion musulmane qu'on amalgame souvent avec des traditions, de malheureuses traditions. Donc, d’abord, l'acceptation mutuelle. Ensuite, la dote : qui peut être presque symbolique. Et les témoins : en islam, contrairement au catholicisme, le mariage n'est pas un sacrement. Le mariage est un contrat entre deux personnes en vue de vivre ensemble et de procréer. Si nous sommes dans un cadre contractuel, il faut que le contrat puisse être respecté, que les deux parties puissent faire respecter leurs droits et devoirs : il faut donc un cadre légal. Au début des années quatre-vingt-dix, un ensemble de théologiens se sont réunis en disant : « Mais puisque la finalité de la jurisprudence musulmane dans le mariage est de faire respecter les droits et devoirs de l'époux et de l'épouse, seul un cadre légal peut assurer la finalité de la jurisprudence musulmane. » Ce n'est donc pas symboliquement le mariage devant un imam qui fera foi puisque la loi ne le reconnaît pas. C'est donc le mariage à la mairie qui devient le mariage musulman. Parce que seul le mariage à la mairie propose un cadre contractuel qui respecte la finalité de ce contrat de mariage, qui est de faire respecter les droits et devoirs de l'époux et de l'épouse. C'est un petit exemple de processus d'acculturation. Je pourrais vous en produire peut-être des dizaines qui exposent cette plasticité de la religion musulmane. Et souvent, nous sommes dans une position très identitaire aujourd'hui en France. Il faut aussi analyser ça à l'aune d'une psychologie sociale. Car être fils d'immigré c'est être quelque part déraciné et en voie d'enracinement. Cette période de fragilité identitaire, souvent, pousse à une forme de rigidité identitaire. D'où la convocation de l'islam, parfois, comme objet de protestation, notamment.

     

    Fils de France semble proche d'une certaine mouvance de droite. Peut-on en déduire que Fils de France est de droite et en quoi seriez-vous de droite ? Et est-ce que vous avez rencontré des résistances de certains partis ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/La ligne de Fils de France a été fondée il y a deux ans par les membres fondateurs. L'idée principale étant le patriotisme français. Donc, nous nous plaçons à droite puisque historiquement la droite est héritière de ces valeurs catholiques, du point de vue de la morale. Mais la droite est aussi, si je schématise à outrance, le réceptacle du néolibéralisme, ou du libéralisme, ou du capitalisme, contre lequel nous nous plaçons en porte à faux puisque souhaitant une résistance de la culture française face à cette mondialisation. Nous savons très bien que c'est le néolibéralisme, la marchandisation à outrance qui détruit les cultures en les uniformisant. Donc nous serions plutôt de ce point de vue-là "social" ou dans un capitalisme social à la De Gaulle. C’est-à-dire un entreprenariat qui ne soit pas bridé mais qui ne devienne pas le centre de la vie du pays. Une économie au service des français et non pas des français au service de quelques patrons. Je ne vais pas reprendre le célèbre slogan "droite des valeurs, gauche du travail"… mais on n'est pas très loin.   

     

    Y a-t-il vraiment une possibilité d'ouverture avec le Front National ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Lorsque je me déplace au Front National (Idée Nation est une composante du Front National) je me déplace chez des gens qui sont islamo-sceptiques, voire islamophobes. Et islamophobe, ça veut dire qu'ils craignent l'islam. Pour certains qu’ils détestent l'islam. Et lorsque les journalistes me disent : « Mais pourquoi allez-vous chez Idées Nation ? Ne pensez-vous pas créditer le Front National d'un musulman de service qui viendrait jouer le rôle de valider quelque part leur ligne ? ». Je réponds : « Pas du tout ». Je dis, si moi je dois dialoguer, si moi j'ai choisi de me battre dans ce pays pour apaiser les tensions… Parce que je pense que fondamentalement plus les français seront divisés plus la France sera faible ; et plus la France sera faible et plus elle risquera de se noyer dans la mondialisation ; et plus elle se noiera dans la mondialisation, plus nous perdrons l'héritage de ce que des générations et des générations d'hommes et de femmes en France nous ont légué. Et ça, on n'a pas le droit de le faire. Donc moi, quand je me déplace chez Idées Nation ou ailleurs, je le fais dans un esprit de dialogue. Je ne vais pas dialoguer avec celui qui est d'accord avec moi, ça n'a aucun sens. Je vais dialoguer avec celui qui me craint, qui me redoute, celui qui me déteste, celui qui me hait, celui avec qui j'ai absolument besoin de parler. Lorsque je me déplace chez des gens qui sont très hostiles à l'islam, aux musulmans, je le fais dans le cadre de l'apaisement, pas dans le cadre d'aller signer un bulletin d'adhésion. Je suis musulman, ça n'échappera à personne, mais Dieu a parlé avec tout le monde même avec le diable, c'est vrai ou c'est pas vrai ? Il y a bien un dialogue entre le diable et Dieu dans le Coran. De plus, je pense que c'est très utile, car souvent les rapports humains permettent de lever beaucoup d'amalgames, de fantasmes, etc…  

     

    Avez-vous rencontré des résistances dans ces milieux de droite, à part le FN ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Non. Même à Idées Nation où la salle était aussi importante que celle-là. Vous savez qu'à la fin de mon intervention, des personnes ont rendu leur carte du FN. Et à côté de ça, j'ai été applaudi quelques fois quand même, et moi je n'ai pas vendu mon identité. Avant la conférence j'étais musulman et après je l'étais toujours. J'ai simplement exposé ce que nous à Fils de France nous avions à dire.

     

    Et avec les monarchistes aussi ?

     

    Oui, avec l'ensemble des courants de droite ou de droite nationale, je n'ai pas rencontré de résistance.

     

    Le prosélytisme fait-il vraiment parti du code génétique de l'islam ? Quel avenir pour nous chrétiens quand on voit cet islam progressant et menaçant ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Vous parlez de l'aspect "missionnaire" ? Qui existe d'ailleurs dans le christianisme et dans l'islam, et pas dans le judaïsme. Je ne suis pas le porte-parole des musulmans de France, loin s'en faut. Mais je crois qu'avant d'envisager l'aspect missionnaire vis-à-vis des autres confessions, ou en dehors des musulmans de France, il y aurait déjà beaucoup à faire au sein des musulmans de France eux-mêmes. En termes de réapprentissage de la foi profonde et du dépassement identitaire, dont je parlais tout à l'heure. Est-ce que les musulmans de France ont des velléités missionnaires ? Je pense qu'il y a des musulmans de France qui ont cette envie de partager leur foi et donc deviennent prosélytes. Mais je ne crois pas que six millions de musulmans en France soient des missionnaires patentés. Je crois que la plupart des musulmans de France vivent paisiblement leur foi, tentent très difficilement de la transmettre à leurs enfants, qui eux-mêmes tentent de la transmettre à leurs enfants, dans un environnement qui est quand même très hostile à la foi et à la morale, qu'elle soit catholique ou musulmane. Avant d'aller chercher en dehors de sa communauté respective, il y a tant à faire à l'intérieur. Déjà à l'intérieur de soi-même : demeurer fidèle à ses engagements, ce qui n'est pas simple, au sein de sa famille, puis au sein de la société ou de la communauté à laquelle on appartient. Mais, en effet vous avez raison, l'islam contient une partie qui est liée à la transmission. Maintenant, l'exposition de ces principes musulmans est d'avantage dans le fait du témoignage, de témoigner de sa foi. C'est comme si vous me posiez la question sur le djihadisme. Je vous dirais oui, la notion de djihad, notamment intérieur, fait partie de l'islam. Qu'il y ait une minorité de musulmans qui la comprenne pour aller en découdre au Proche-Orient, oui cela me semble inévitable. Mais cela reste extrêmement fragmentaire, minoritaire, et ne remet pas en cause l'équilibre global, je pense, de la relation entre la majorité chrétienne, catholique, en espérant qu'elle le reste, car la plus grande menace pour la majorité chrétienne et catholique, je ne crois pas que ce soit l'islam. C'est davantage le consumérisme et une certaine laïcité militante, agressive à l'endroit du catholicisme.

     

    Je crois au contraire que l'islam peut renforcer l'identité chrétienne de la France comme les chrétiens peuvent renforcer l'identité musulmane, à condition qu'il y ait cette logique, cette compréhension fondamentale de valeurs qui unifient.

     

    Que pensez-vous d'un certain aspect "belliqueux" de certaines sourates du Coran ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je ne suis pas théologien, mais je sais que dans le Coran, il y a des versets principiels qui sont des principes ; et des versets contextuels, donc uniquement liés au moment coranique. Les versets belliqueux sont des moments où il y a eu des tensions entre les tribus chrétiennes, juives et musulmanes. Quand on me dit ça, je réponds que d'une part les musulmans lisent très très peu le Coran. Le Coran n'est pas un livre central chez les musulmans, il ne faut pas rêver. Cela fait partie des fantasmes de penser que les musulmans lisent le Coran, le liraient tous les jours, intégralement et le comprendraient. C’est absolument faux. Je ne sais combien il y a de musulmans dans cette salle, je ne vais pas faire un sondage, mais si je demandais de lever la main à ceux qui ont lu le Coran une seule fois dans les six mois derniers, il n'y aurait pas beaucoup de mains qui se lèveraient. Ce n'est pas parce qu'un texte possède des mots que ce texte se traduit par des comportements. Si je dis " qu'UN SANG IMPUR ABREUVE nos SILLONS !", de fait le texte est violent "du sang" " impur" et qui abreuverait des sillons. L'image est hyper violente mais cela ne fait pas des français des zigouilleurs patentés. En effet, dans l'hymne nationale, il y a un couplet qui est assez fort du point de vue de la violence. Mais les français sont-ils nourris par ce couplet de la Marseillaise dans leur manière de vivre au quotidien et même au-delà ? Je ne le crois pas.

     

    Il faut quand même distinguer ce qui relève de la réalité des comportements de ce qui est l'œuvre, d'ailleurs, des exégètes, de quelques versets du Coran, très contextuels à l'endroit de la violence.

     

    Mais la Marseillaise a été écrite par des hommes et le Coran par Dieu. Pourquoi Dieu s'arrêterait-il à des événements contextuels ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Il y a des versets qui sont abrogés dans le Coran car ils relèvent uniquement du contexte, du moment coranique. Mais je le redis : est-ce que le comportement aujourd'hui des musulmans que vous côtoyez au quotidien est imprégné de ces quelques versets dont on nous parle tout le temps, en ignorant d'ailleurs tous les autres versets qui parlent d'amour, de miséricorde, de partage, de générosité, de véracité, de magnanimité, etc... ? Il y a une focalisation qui me semble disproportionnée, hypertrophique, sur quelques versets qui ne se révèlent pas être une réalité dans le quotidien des six millions de musulmans en France, et même ailleurs. Et si l'on veut partir de là, je peux dire que l'histoire du christianisme aussi a été truffée d'épisodes d'une violence rare. Je ne vais pourtant pas stigmatiser ou mettre à l'index la spiritualité catholique qui a donné St Thomas d'Aquin, Jean Chrysostome, St Jean de la Croix, Charles de Foucault, Marthe Robin (que j'explore en ce moment). Il faut être honnête dans son approche : on ne peut pas envisager quelques lignes qui ne se reflètent pas dans le quotidien des musulmans et ignorer la majorité des textes scripturaires : Coran et hadiths, et les textes des théologiens ou des spiritualistes soufis qui ont mis l'amour au centre de tous les comportements. Pourquoi ne nous parle-t-on pas des versets liés à l'amour, à la miséricorde, à la générosité ? J'entends ce que vous dites Monsieur, mais de fait, il y a une sélection des textes musulmans qui vont souvent dans un sens plutôt que dans un autre.

     

    Ce sont les théologiens qui ont abrogé les textes parlant d'amour.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Ce que vous dites n'existe pas. Les théologiens n'ont pas abrogé les versets parlant d'amour. Je ne sais pas où vous avez entendu ça. Je ne sais pas par quel canal vous êtes entré en connaissance avec l'islam. Souvent, les gens qui ont cette approche d'un islam violent, dénué d'amour, ont des sources bibliographiques très antimusulmanes. Elles existent, mais il y a aussi celles qui sont plus rationnelles que nous allons trouver chez Louis Massignon, Laoust, Sourdel, etc… qui ont été les grands islamologues français. Mais ceux-là, bizarrement, on ne les lit plus. On lit volontiers les quelques pamphlets antimusulmans et ça devient la seule porte d'entrée pour comprendre la religion musulmane. C'est comme si moi, pour m'intéresser au catholicisme, je passais par la porte d'entrée des libres penseurs, de l'anticléricalisme, des bouffeurs de curés et je me dirais : « Ben dis-donc, le catholicisme c'est ça ?! » Évidemment, si on s'intéresse à un fait religieux par ceux qui le combattent, ple dénigrent, le détestent, évidemment, on va aboutir à une vue de ce fait religieux très orienté.

     

    Mais il n'en reste pas moins que cette littérature très antimusulmane demeure extrêmement minoritaire à l'intérieur de l’ensemble de ce qu'a fourni l'orientalisme depuis le XIXème siècle.

     

    Peut-on admettre de la violence, car la violence fait aussi partie de la réalité humaine ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/On peut tout relativiser. Mais aujourd'hui, l'actualité internationale est très anxiogène pour ceux qui ne sont pas musulmans en France, parce qu'ils ne connaissent pas de l'intérieur ce que vous vous connaissez de l'intérieur. De l'extérieur, quand on voit ce qui se passe en Afghanistan, au Pakistan ou en Arabie Saoudite, pour envisager son voisin musulman, ça produit forcément de l'anxiété. C'est à ça qu'il faut répondre.

     

    Quand je parle de violence, je parle de violence spirituelle...

     

    Mais les gens ne parlent pas de violence spirituelle. Ils parlent d'égorgement, de lapidation, d'attentats, etc…

     

    Certains médias vous accusent de faire de la taqiya, de la ruse. Que répondre à ces gens-là ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Le mot taqiya n'est pas lié à la tradition sunnite. Il est lié à a tradition chiite. Les chiites ont été persécutés par les sunnites. Á un moment, pour dissimuler leur foi chiite, pour ne pas être embêté, inquiété, les chiites ont dissimulé leur chiisme. Ils se sont autorisés le mensonge par ruse dans ce qu'ils appellent la taqyia. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie qu'en France, si les cathares avaient produit de la taqiya, il y aurait encore des cathares en France. Quand une majorité religieuse opprime, persécute une minorité religieuse, soit elle ruse pour survivre, soit elle se fait exterminer. Le mot taqiya n'est déjà pas approprié. Ces gens qui parlent de taqiya pour Fils de France ont l'impression qu'on est obligé de passer par eux pour aimer la France. Or, moi, très sincèrement, je me fiche complètement de ces gens-là ! Mon rapport charnel et amoureux à mon pays, il est dans mon enfance, dans mon Berry, il est dans mes souvenirs affectifs, amoureux, à la terre, à la forêt… Je ne passe pas par ces gens-là pour m'autoriser à avoir un rapport amoureux à mon pays. Après, on ne peut pas être d'accord avec tout le monde, c'est de bonne guerre en plus. Car du côté non musulman, on va nous dire qu’on fait de la taqiya ; et du côté musulman une minorité va nous dire que nous sommes en train de vendre nos principes. Le fait est qu’on ne peut pas plaire à tout le monde.

     

    En revanche, je crois qu’il faut garder sa ligne, être le plus argumenté, le plus articulé possible, rationnel. Mais aussi sentimental. Fils de France est quand même une démarche très sentimentale et aimante. Bien faire et laisser dire. C’est la devise : « Bien faire et laisser dire ».

     

    Je souhaiterais juste apporter un témoignage quant à la plasticité de l'islam. Sur l'Île de la Réunion, les imams demandent le certificat attestant le mariage à la mairie avant de prononcer le mariage au sein de la mosquée, et cela pour conforter ce que vous disiez quant à la plasticité de l'islam, qui est un fait.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Concernant la mosquée… La mosquée a son fond et sa forme. Dans son fond, elle est un lieu de moralisation. La mosquée comme l'église, le temple ou la synagogue est un lieu où l'on se nourrit de la présence du divin pour, sorti de cette mosquée, rayonner de cette bienfaisance que nous avons captée dans la prière. C'est valable pour les chrétiens et pour les juifs. Je connais beaucoup moins les religions orientales. La mosquée est un lieu de moralisation dans un moment où la surconsommation pousse à être amoral. Aujourd'hui, le fait de maîtriser son instinct est l'enjeu du bien commun. Parce que maîtriser son instinct c'est maîtriser l'équilibre dans l'espace public. Si chacun s'adonnait et laissait libre court à son instinct, nous serions dans une situation des plus inquiétantes. La morale est là pour cadrer les instincts humains, que l'on soit catholique, juif ou musulman. Quand je parle de mosquée, il y a donc sa forme et son fond. Dans son fond elle est un lieu de moralisation. Á condition que l'imam, le responsable de la mosquée, ait un certain éclairage sur le rapport qui situe la religion et la Nation. Le culte et la culture. La communauté musulmane et la communauté non musulmane. Il faudrait que les imams aient cette conscience dialectique qui fait que le musulman n'est pas que musulman dans la mosquée, mais va interagir avec une majorité qui n'est pas musulmane, dans un pays qui découvre avec fracas médiatique cette présence musulmane importante. Donc dans son fond, la mosquée est un lieu de moralisation dans une époque où la morale n'existe plus. Je pense que c'est extrêmement positif. On ne pourra pas en reprocher l’existence lorsque les couches sociales défavorisées sont de fait plus enclines à produire de la petite délinquance, de la délinquance, de la criminalité, quelque soit son origine ethnique ou religieuse, par ailleurs. Si on prend l'immigration mexicaine aux États-Unis, on a bien des hispaniques de religion catholique qui produisent cette petite délinquance, délinquance, criminalité, banditisme. Au-delà de l'aspect identitaire, dans les classes populaires on est plus sensibles et plus vulnérables au fait de franchir la limite du droit. Maintenant, dans ces classes populaires, s’il n'y a pas comme ciment une moralité qui permette de recadrer cette tentation, c'est le chaos. Le fond de la mosquée est donc moralisateur, et Dieu sait que dans les quartiers populaires on a besoin évidemment de morale. On ne peut pas être musulman pratiquant et délinquant, ça ne va pas ensemble, même si on a tenté de nous le faire croire.

     

    Ainsi, il y a le fond de la mosquée, son enseignement, et il y la forme. La forme doit respecter l'architecture locale. La France, comme je le disais tout à l'heure, est construite sur des identités régionales extrêmement fortes. Je ne vois pas au nom de quoi l’on construirait en Normandie une mosquée à l'image d'une mosquée marocaine, ou algérienne, ou je ne sais quoi. La Normandie a une tradition architecturale, la Bretagne a une tradition architecturale, la Flandre française a une tradition architecturale. Il n'y a pas d'antinomie entre le fait de transmettre dans le fond cette morale, qui participe au bien commun, et l'identité extérieure, architecturale, qui doit s'adapter au cadre.

     

    Le problème de la "progression" de l'islam est surtout le problème de l'immigration. Á partir du moment où vous ouvrez les vannes et que vous faites rentrer 250 000 étrangers par an sur le sol français, dont la majorité est souvent de confession musulmane, l'islamisation de la France passe par l'immigration. Pas par les primo-migrants des années soixante, soixante-dix et par leurs enfants. On confond souvent l'islamisation de la France et l'immigration. Très souvent la confusion entre les deux fait qu'on va désigner un musulman, qui peut être un musulman converti, en plus, tandis que le problème est lié au pouvoir public qui ne limite pas les flux migratoires. Nous à Fils de France, nous sommes très clairs sur la question. Nous distinguons le culte et la culture. Notre culte est musulman, notre culture est française. Et nous sommes farouchement opposés à l'ouverture anarchique des flux migratoires. Pourquoi ? Parce que c'est déjà une violence pour ceux qui émigrent. Le déracinement est déjà une violence pour celui qui émigre. Je vous invite à aller voir un ethnopsychiatre qui s'appelle Hamid Salmi, qui a travaillé sur les pathologies psychiatriques liées au déracinement. Comment certains pères de famille, après avoir émigrés, se retrouvent malades. Malades de ne plus posséder le rôle que l'anthropologie d'origine leur conférait en tant que chef de famille, etc… En France, ils arrivent dans une société qui ne reconnaît pas leur place en tant que telle. Et cela provoque des pathologies. Quand on dit être opposé à l'immigration, ce n'est pas le fils d'immigré qui est content d'avoir immigré, qui se sent bien dans un pays riche et qui refuse le droit à ceux du sud de pouvoir bénéficier de ce dont lui a bénéficié. Ce n'est pas ça. C'est dire qu’il y a aujourd'hui un système néolibéral qui exploite la libre circulation des marchandises, des capitaux et des hommes et qui traite les hommes comme on traite les marchandises. On délocalise, finalement. C'est une forme de délocalisation. Sauf qu'on ne parle pas d'usines mais d'individus.

     

    Nous nous opposons donc à l'immigration parce que c'est destructeur pour les cultures, c'est destructeur pour les individus. Et puis ça fait surtout le jeu d'une minorité riche et mondialisée.

     

    Avez-vous des modèles d'homme dans l'Histoire de France ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Oui, Vauban. C'est un modèle parce qu'il fait figure du génie français incarné, de l'amour véritable d'un homme pour son pays. Ce génie d'avoir posé les forteresses pour le défendre. Et totalement intègre dans son rôle d'homme, de serviteur de l'État éminent. Vauban est pour moi le modèle.

     

    Nous sommes en pleine campagne électorale. Certains imams appellent à ne pas voter pour des raisons religieuses. Pensez-vous que le vote musulman soit indispensable à l'amélioration de la condition de la communauté en France ?

     

    Premièrement sur le vote, il me semble aberrant que des imams se mêlent de ces questions-là. Les imams ont un rôle spirituel, c'est déjà extrêmement lourd à porter pour aller s'intéresser aux questions politiques. Ce n’est pas leur rôle. D'autre part, décourager les musulmans d'aller voter est une aberration, puisque cela les coupe d'un droit citoyen fondamental qui est un des symboles d'appartenance à la Nation. Puisque en votant, on se soucie du destin de son pays. Ne votant pas, cela veut dire que l’on a un certain retrait qui n'est pas acceptable lorsque l’on est français. On n'est pas français de papiers, on est français parce qu'on aime son pays et qu'on veut le défendre. On doit pour cela participer au vote. J'espère que le vote musulman ne se confessionalisera jamais. J'espère que nous aurons des musulmans de l'extrême gauche à l'extrême droite. Moi, j'ai mes convictions mais ce ne sont que les miennes. J'espère que la coloration spirituelle n'épousera pas une coloration politique, ce serait dramatique. Je ne crois pas qu'il faille penser l'amélioration de la condition des musulmans de France par une sorte de chantage au vote. Je pense que nous aurons les politiques que nous méritons, mais au-delà de notre appartenance uniquement spirituelle, puisque nous ne sommes pas que musulmans. Nous sommes aussi travailleurs, assurés sociaux, utilisateurs de la route, de l'école publique, des transports publics, etc... La question du vote est liée à un ensemble de questions. Essentialiser la question du vote au bien-être de la communauté musulmane me semble ridicule. On vit dans un système global où le vote n'est qu'une partie. On ne peut pas vivre de manière sélective en disant : « Le vote c'est un péché, par contre les allocations familiales ne sont pas un péché ». Si on veut être "anti" dans sa démarche et donc courageux, eh bien on fait le choix objectif de vivre dans un lieu qui soit en adéquation complète avec ses convictions. Sauf que ça s'appelle le pays de « oui-oui ». Ça n'existe pas.

     

    Lorsque vous allez voter pour quelqu'un aujourd'hui, évidemment, il n'y a aucun français qui vote pour un politique qui répond à cent pour cent à ses aspirations. Vous allez voter pour le moins pire ou voter blanc.

     

    Comment vous situez-vous par rapport à Sheikh Imran Hossein qui appelle justement à ne pas voter ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je vais vous faire une confidence. Je n'ai jamais vu une seule vidéo de cette personne. J'en entends parler, mais je ne le connais pas. J'ai juste entendu dire qu'il s'était autorisé à déclarer que les musulmans de France ne devaient pas voter. J'imagine qu'il a plein de bonnes idées et dis plein de choses intéressantes et très sensées. Mais là, il commettait une énormité. Ce n'est pas son rôle.

     

    Vous parliez de patriotisme et d'amour pour la France par rapport à votre enfance, à vos souvenirs, etc… Il y a des jeunes qui ne grandissent pas dans la campagne ou dans le Berry, qui sont en ville, et qui ont moins de souvenirs positifs que vous. Si aujourd'hui vous deviez vous adresser à eux, quels mots utiliseriez-vous ?

     

    Je vous remercie du fond du cœur, vraiment, vous me touchez beaucoup avec votre question. Parce que j'ai eu cet après-midi une personne qui m'a dit exactement la même chose que vous. Il m'a dit : « Camel, votre discours est trop lié à une partie des musulmans qui existe, mais à Fils de France vous oubliez ceux qui n'ont que le béton et les frustrations de ne pas avoir goûté à cette France charnelle. ». J'entends bien votre propos monsieur et il me touche. Pour vous répondre, je ne peux pas me mettre à votre place, ou à leur place. Mais je peux dire qu’à Fils de France beaucoup de jeunes issus de ces quartiers difficiles nous ont rejoints. Ils nous ont rejoints en signifiant parfaitement l'idée qu'ils ne nous rejoignaient pas par un amour charnel ou sentimental de la France, mais par une dimension intellectuelle. Le patriotisme est ce qui va permettre de recimenter l'ensemble des français qui ne sont pas black-blanc-beur, mais bleu-blanc-rouge pour un meilleur vivre ensemble à l'intérieur de nos frontières, et en terme de rayonnement international.

     

    C'est vrai que nous avons les deux grands ensembles à Fils de France. On a des gens qui, plutôt dans mon profil, ont vécu des choses extrêmement belles dans leur parcours. Et d'autres personnes qui ont vécu des choses très frustrantes, comme vous le disiez tout à l'heure. C'est-à-dire ne pas goûter à la beauté des châteaux de la Loire, ne pas goûter à la forêt, etc… qui n’ont vécu que dans de l'urbanité froide. Il faut prendre de la hauteur, ce n'est jamais trop tard. Une fois que nous avons vingt ans, trente ans, nous pouvons aller redécouvrir ce patrimoine-là. Des jeunes à Fils de France avaient les mêmes propos que vous et n'étaient jamais sortis de la banlieue parisienne. Par leur expérience à Fils de France ils ont choisi d'aller voir ce qu'était la France. Ils ont pris leur voiture, ont passé un mois sur les routes, en passant par les Alpes, ont découvert le Sud-ouest, etc… Et pour la première fois de leur vie, ils touchaient du doigt la beauté de ce pays. Ce qui n'a pas été fait en trente ans s'est produit en l'espace d'un mois. Ils sont devenus des amoureux de la France. Car la France est belle à pleurer en vérité. Il ne faut pas grand-chose.

     

    Merci de votre question monsieur.

     

    Que pensez-vous de la médiatisation soudaine de celui que j'appellerai "l'imam illettré", Chalghoumi, qui contraste avec le silence autour de Fils de France ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Il est utile à une minorité de militants pro-israéliens qui s'appuie sur cette personne... Lorsqu'il s'exprime, je pense que tous les musulmans ont envie de se cacher derrière leur fauteuil… Mais ça m'embête de dire du mal de cette personne-là, car humainement je n'ai pas de ressenti à son égard. J’éprouve plus de peine, de pitié pour le rôle qu'on lui fait jouer, que de ressenti à son égard.

     

    Tout à l'heure, vous parliez des valeurs qui réunissent, qui vous tiennent à cœur et vous évoquiez comment l'islam traditionnel peut s'adapter à la laïcité...

     

    La laïcité est un mot un peu fourre-tout. Mais on peut en distinguer trois grands types. La laïcité juridique est inscrite dans la loi. Elles est une chance pour les religions parce qu’elle permet, quand la loi est respectée, de pouvoir trouver un accommodement raisonnable entre les différentes spiritualités, une zone de neutralité. La laïcité anthropologique est celle que le peuple de France a assimilée dans sa manière d'être, qui fait qu'elle a une vue sécularisée de la foi. Le troisième type de laïcité est problématique : c’est la laïcité militante. Celle qui instrumentalise la laïcité contre la religion. Qui ne fait plus de la laïcité un objet de neutralité mais un objet d'attaque systématique de la religion.

     

    Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain : il y a des choses extrêmement positives dans le processus de sécularisation qu'a vécu la France, pour les religieux et les religions elles-mêmes qui sont protégées du politique. Ce n'est pas uniquement le politique qui se protège du religieux, mais aussi les religions qui se protègent du politique. Dans le même temps, il y a cette instrumentalisation. Par exemple, une personne comme Caroline Fourest convoque la laïcité. Elle fait croire qu'elle attaque un communautarisme par le biais d'une laïcité. Or, elle-même parle depuis un communautarisme qui est celui de LGBT. Elle est farouchement en guerre contre tout ce qui pourrait menacer, de manière réelle ou fantasmée, son orientation sexuelle. Elle fait de cette orientation sexuelle un objet de guerre permanent en passant par la laïcité pour attaquer les religions. Là, on est dans un cas typique de laïcité militante qui, depuis un communautarisme, feint d'en dénoncer un autre.

     

    J'ai été choqué quand vous avez comparé l'Homme à Dieu. On ne peut comparer l'Homme à Dieu...

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je vais vous dire pourquoi on peut. Je vais résumer ma réponse très rapidement. Quand on parle des 99 attributs de Dieu, ce sont 99 attributs qui nous servent de cheminement pour améliorer notre comportement et notre âme. Dieu est le Pardonneur. Nous nous devons, nous, d'être pardonneur. Nous n'atteindrons jamais la capacité de pardon que possède le divin, mais nous nous devons d'avoir comme exemple cet attribut. Quand on parle de "asma wa siffat", les noms et attributs de Dieu, ce sont des pistes qui permettent à l'homme de cheminer vers Dieu. Je ne compare pas Dieu à l’homme, mais… Lorsque, par exemple, on dit : « Dieu a créé l'homme à son image ». Pour un musulman, quelle est l'image absolue de Dieu ? Sa qualité fondamentale première, quelle est-elle ? L'unicité. Quand Dieu dit : « J'ai créé l'homme à mon image » c'est que l'Unicité divine se retrouve dans l’unicité de chacun des individus que nous sommes. Nous sommes tous uniques. Est-ce qu'il y a deux personnes comme vous ? Non, manifestement vous êtes seul. Vous êtes bien créé à l'image de Dieu. Votre unicité est à l'image de l'Unicité de Dieu. Je ne fais pas de comparaison en disant cela. Je dis simplement que le divin se dévoile en partie à l'homme de façon à ce que nous aspirions à le rejoindre dans Ses qualités absolues.

     

    Il est important que nos amis catholiques connaissent mieux la religion musulmane, comme il est aussi très important que les musulmans connaissent mieux la religion catholique. Pour ma part, moi qui ai été davantage socialisé dans les milieux catholiques que dans les milieux musulmans, je viens d'avoir quarante ans, et je redécouvre la mystique catholique. C'est un bonheur absolu parce qu'elle me renvoie à ma spiritualité musulmane. Je prie mieux cinq fois par jour depuis que je lis Marthe Robin, Charles de Foucault, ces grands mystiques chrétiens. Comme certains chrétiens ont mieux pratiqué leur christianisme en s'intéressant à la mystique musulmane. Il y a un effet de miroir, un effet d'altérité qui est extrêmement touchant et qui n'est pas une altérité d'enfermement, mais une altérité d'enrichissement. Je vous dis cela avec mon cœur, mes tripes, mon cerveau.

     

    Pour vous, n'y a-t-il pas d'incompatibilité entre islam et démocratie ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Qu'est-ce que la démocratie ? Comment l'islam définit les systèmes de gouvernance ? Ce sont des questions extrêmement larges. Est-ce qu'aujourd'hui, en France, nous sommes dans une démocratie, fondamentalement ? Les derniers événements nous ont montré que... Ce sont des questions qui me dépassent, il faut les poser à des personnes légitimes pour y répondre. Je n'ai pas de légitimité. Mais pour moi, évidemment, il n'y a pas à couper les cheveux en quatre.

     

    Quel est réellement l'objectif de Fils de France ? Est-ce uniquement un groupe de discussion ou est-ce qu'à terme il y a des projets, des actions sociales, politiques ou autres ?

     

    La vocation de Fils de France est de permettre de faciliter le processus d'acculturation. C'est-à-dire le passage de la culture de nos parents à celle qui est la nôtre, et qui sera encore plus celle de nos enfants et petits-enfants. C’est  désenclaver la communauté musulmane. Participer à "dépolluer" les musulmans de la propagande de SOS Racisme des années quatre-vingt, quatre-vingt-dix, qui consistait à systématiquement opérer une détestation de la France. C’est rationaliser notre idée au pays, vis-à-vis des musulmans. Et vis-à-vis des non-musulmans, c’est aller présenter au-delà des fantasmes ce qu'est la réalité très hétérogène des musulmans de France.

     

    Nous avons une double mission : celle de présenter, avec toute la modestie que cela impose, ce processus d'acculturation aux musulmans, en disant : « On nous a contaminé avec un certain nombre d'idées presque belliqueuses, depuis notre enfance, vis-à-vis du blanc catholique, etc… ». Et, dans le même temps, aller voir le blanc catholique et lui dire : « Attention, on est en train de polluer aussi votre cerveau avec des idées très arrêtées sur ce qu'est la réalité du fait hétérogène du musulman en France. » Notre mission fondamentale est de créer de l'apaisement, d'éviter la tension, d'essayer de réunir les français autour du bleu-blanc-rouge plutôt qu'autour du black-blanc-beur. C'est tenter de réunifier les français pour un vivre ensemble plus harmonieux et un pays plus fort. Parce que nous sommes patriotes. Nous n'avons pas du tout de projet politique.

     

    Qu'est-ce que l'acculturation?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Le "a" n'est pas un "a" privatif quand nous parlons d'acculturation. C'est le passage d'une culture à une autre. L'acculturation est le fait qu'une minorité, après une vague migratoire, adopte les codes culturels de la majorité. Si nos parents ont vécu ─ et c’est le cas pour beaucoup d'entre nous à Fils de France ─ dans la campagne maghrébine, il est clair et évident que les notions culturelles, les notions de coutumes, de traditions, ne sont pas les mêmes dans la campagne maghrébine que dans la campagne berrichonne. Nos parents sont culturellement situés, et nous, nous le sommes différemment. Nos enfants et nos petits-enfants le seront encore différemment. Tout cela va dans un sens qui est le fait du passage de la culture de nos parents vers la culture qui sera celle de nos enfants et de nos petits-enfants et arrière-petits-enfants.

     

    Acculturation n'est pas la privation de la culture. C'est le passage d'une culture vers une autre sans altérer la transmission de la religion. C'est en cela que nous distinguons parfaitement le culte de la culture. S'acculturer ce n'est pas se dé-islamiser. Se séculariser ce n'est pas se dé-islamiser. Se laïciser ce n'est pas se dé-islamiser. C'est simplement adopter les codes d'interaction coutumiers, traditionnels, culturels de cet ensemble riche qu'est la France. Le problème est que cette acculturation se vit d'une minorité vis-à-vis d’une majorité à l'intérieur de nos murs. Et la France elle-même vit un processus d'acculturation, par l'impérialisme culturel américain qui transforme les traditions culturelles françaises. Je le disais l'autre jour à l'Action Française : il faut savoir que dans le plan Marshall, lorsque les États-Unis aident l'Europe à se reconstruire, et notamment la France, les quatre cinquième de l'aide sont un don. Il n'y a pas de retour. Mais est compris dans cette aide le fait d'accepter, sans condition aucune, la production cinématographique hollywoodienne. En effet, il y a une difficulté, ou des résistances de la minorité vis-à-vis de la majorité, à l'intérieur d'un pays. Parce que ce même pays connaît lui-même une perturbation identitaire, culturelle d'acculturation à une mondialisation qui perturbe. Je ne suis pas très vieux mais la France de mon enfance ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui. C'est allé extrêmement vite.

     

    Et cela ne va pas dans le sens de l'identité française. Mais dans le sens de l'hégémonie américaine qui transforme notre environnement.

     

    Je me sens profondément française, mais aussi profondément algérienne, puisque je suis née en Algérie. Peut-on se penser seulement "français" ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Á Fils de France, nous ne sommes pas dans une logique binaire. Nous ne sommes pas en train de dire : « Transformez-vous maintenant, nous sommes purement français et totalement amnésiques de nos racines, etc… ». Pas du tout. Il est hyper important que les musulmans issus de l'immigration connaissent leurs origines, leurs racines, et qu’ils connaissent la possibilité de se rendre dans leur pays d'origine pour aller honorer la tombe de leurs aïeux. Il est important qu'ils transmettent à leurs enfants la mémoire de leur pays d'origine. Mais pas de manière fantasmée, pas de manière agressive et identitaire au sens de repli sur soi. Mais dans un apaisement généralisé.

     

    Par exemple, à Paris vous avez une communauté aveyronnaise extrêmement importante qui au XIXème siècle a immigré et est devenue tenancière des cafés. Les cafés à Paris sont tenus par des Auvergnats, des Aveyronnais et des Kabyles, généralement. Maintenant cela a changé : les chinois ont racheté. Il est tout à fait souhaitable que ces aveyronnais retournent en Aveyron se revivifier et maintiennent, malgré la sur-urbanité parisienne, la filiation culturelle de l'Aveyron. C'est tout à fait souhaitable. Ce que je dis tout le temps, c'est de regarder dans le rétroviseur lorsqu'on conduit. C'est hyper utile. Vous avez besoin de regarder dans votre rétroviseur. Regarder derrière assure votre sécurité. Mais vous ne pouvez pas rester braqué sur votre rétroviseur, sinon vous allez faire un accident. Vous regardez devant vous, vous regardez loin devant vous. Á Fils de France nous regardons loin devant nous. Et c'est parce que nous regardons loin devant que nous arrivons à dépassionner les questions immédiates. Et parce que nous regardons dans le rétroviseur, nous avons un développement que nous trouvons sain. Nous regardons vers le futur, mais sans oublier d'où nous venons.

     

    C'est extrêmement important sinon vous êtes schizophrène.

     

    Mais c'est quand même quelque chose d'assez compliqué de gérer deux cultures ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Oui, parce que nous sommes une génération charnière. Ce problème-là sera moins important pour vos enfants et vos petits-enfants. Nous sommes une génération très "entre-deux". Bien sûr, ce n'est pas facile.

     

    Quelle devrait-être la position d'un français musulman vis-à-vis d'Alain Soral et de Dieudonné ?

     

    La position d'un français musulman, pour moi, cela ne veut rien dire. Être français et musulman ne détermine pas son opinion dans le champ politique. On peut être musulman et être pour l'euro, être musulman et contre l'Euro ; on peut être musulman et apprécier les arts contemporains et être musulman et préférer le classicisme du XVIIIème siècle. Ce n’est pas déterminant.

     

    Concernant Alain Soral et Dieudonné : ils ont en ce moment beaucoup de souffrance, puisqu'ils sont attaqués de toutes parts. Le système se révèle dans son agressivité la plus visible, la plus violente. Mais je crois aussi que cela a créé des solidarités qui ont renforcé leur manière d'être et a eu l'effet de les faire connaître à des gens qui ne les connaissaient pas. Il n'y a pas eu seulement de la perte pour eux, à ce niveau-là.

     

    Quelle est la position de Fils de France par rapport aux JRE (Journée de Retrait de l'École) ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je suis un des porte-parole de la Manif Pour Tous. D'ailleurs, j'espère qu'après demain, tout le monde dans cette salle sera Place Bellecour pour soutenir un tas d'oppositions à des horreurs que le gouvernement nous prépare. Ne comptez pas en disant : « Il y a aura du monde, je n'ai pas besoin d'y aller ». Tout au contraire, non seulement il faut que vous y alliez, mais en plus que vous alliez chercher des gens qui n'étaient pas disposés à y aller, pour vous y accompagner. C'est extrêmement important. Il ne faut pas que le gouvernement sente un essoufflement dans ce mouvement de contestation à la Loi Taubira. Concernant les JRE, nous à la Manif Pour Tous, avons choisi une manière plus "soft" de travailler. Il se trouve que Farida Belghoul, en l’espace d’un mois, a fait avancer les choses plus que nous l'aurions fait, peut être, en dix ans. Elle a bossé impeccablement et on ne peut que la féliciter. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de lui envoyer un message de soutien et de félicitation. Après…  C'est très difficile pour moi, parce que j'appartiens à un mouvement qui a choisi objectivement d'être dans des choses moins radicales, moins subversives. En même temps, je vois la démarche de Farida Belghoul comme étant un coup de génie.

     

    Je suis donc pris entre ma fidélité et ma loyauté à Ludovine de Larochère, la présidente de la Manif Pour Tous, et mon lien sympathique et amical envers Farida Belghoul.

     

    En ce moment le gouvernement veut interdire l'école à la maison. Qu'en pensez-vous ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Je ne sais pas si vous connaissez Anne Coffinier, une ancienne ambassadrice française, un des soutiens de la Manif Pour Tous qui a créé un mouvement très important qu'il faut aller voir : "Créer son école". Elle est dans une logique justement de dire que, si le gouvernement attaque les valeurs fondamentales de cette France catholique, traditionnelle, etc… par les horribles choses qu'on nous prépare, il ne s'agit pas de déscolariser mais au moins de pouvoir créer des écoles qui réuniront des enfants et des parents ayant envie de transmettre une éducation, une instruction qui soit différente. Elle a créé son site : créer-son-ecole.com. Une personne d'une intelligence rare.

     

    Tout à l'heure, vous parliez d'acculturation. Quelle est la différence entre assimilation et acculturation ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Intégration, assimilation… Les contours sont flous, on ne sait pas de quoi on parle. Parce que certains vont vous dire : « Intégrez-vous ! Pourquoi ne mangez-vous pas de porc ? », etc... L'intégration ou l'assimilation, dans la tête de certains, est la perte de l'identité religieuse, aussi. C'est pour cela que nous avons mis à l'honneur le mot "acculturation". Parce qu'il permettait de distinguer ce qui fait la religiosité de ce qui fait la culture. Sachant que la religiosité ou la religion musulmane elle-même, parce qu'elle est plastique, a possibilité de s'acculturer.

     

    Il y a une double acculturation. Celle de l'individu dans ce qui ne concerne pas son attachement au religieux. Et l'acculturation de la pratique religieuse qui, elle, englobe le fait de, plastiquement, composer avec un environnement nouveau. Nous ne sommes pas dans l'assimilation, nous ne sommes pas dans l'intégration. Ou alors si Fils de France parle d'assimilation ou d'intégration, il s’agit d'assimilation sociale. L'assimilation sociale ou l'intégration sociale étant le préalable pour le processus d'acculturation. Si vous êtes marginal dans l'école, dans le travail et dans le logement, il y a quasiment une impossibilité de pouvoir passer à la culture majoritaire. Parce que si vous vivez dans un ensemble où, constamment, des vagues migratoires supérieures s'ajoutent d'années en années ; où les codes d'interaction, de communication, le droit coutumier s'inscrivant dans ces zones sont presque refermés sur eux-mêmes… vous êtes coupé des codes de la majorité de la culture française. Évidemment, si on est mal logé, mal scolarisé et mal embauché, vous avez trois points majeurs qui bloquent l'assimilation ou l'intégration sociale.

     

    Á partir du moment où vous êtes dans un quartier relativement ouvert, dans une école où les fils d'immigrés ne sont pas ultra majoritaires ; à partir du moment où vous êtes dans un travail où vous côtoyez la France et les vieux français de souche, vous avez trois points majeurs qui font que vous allez entrer en interaction normale et adopter les codes de la majorité par les frottements avec elle. Je suis très surpris, par exemple, quand je vais à Marseille, de voir de jeunes enfants de troisième ou quatrième génération parler quasiment le dialecte algérois. En fait, Marseille étant un port, vous avez sans cesse des vagues migratoires qui font que les codes, et même les codes de langage de certains ensembles urbains, sont davantage marqués par le sud de la méditerranée que par le provençal.

     

    Ne pensez-vous pas que le voile serait une limite à cette acculturation ?

     

    http://www.filsdefrance.fr/Le fait qu'une musulmane souhaite couvrir ses cheveux peut se faire avec un béret, un chapeau, un bonnet, une casquette… avec ce qu'on veut. Si vous limitez le fait qu'une musulmane doive couvrir ses cheveux avec un voile, vous avez un signe exogène, un signe d'habillement qui n'est pas dans la tradition française et qui va être remarqué dans l'espace public. Si la femme musulmane choisit dans son attitude (parce que ce qui est demandé finalement c'est davantage la pudeur…) de couvrir ses cheveux avec un couvre-chef qui fait partie de la culture locale, cela deviendra totalement invisible.

     

    [L'Abbé de Tanoüarn est traditionnaliste et a des positions très islamo-sceptiques. J'utilise très volontairement un euphémisme. En une heure  et demie de discussion, on ne pouvait pas être fécond. La capacité intellectuelle des deux intervenants a été bridée par la limite du temps.]1

     

    Il y a un monastère, le monastère de Sainte Catherine, au pied du Mont Sinaï, au sein duquel est conservée une lettre du prophète, une lettre d'allégeance où le prophète dit clairement que les chrétiens sont sous notre protection, qu'on ne cherche pas à leur nuire, ni à les convertir, etc… C'est vraiment une lettre qui est intéressante à lire pour un chrétien pour comprendre l'engagement islamique envers le christianisme.

     

    http://www.filsdefrance.fr/Tout à fait. C'est aux musulmans de France, je pense, de remettre au goût du jour l'ensemble des sagesses liées à l'interreligieux qui sont dans nos mains, et que l'on ne montre pas assez...

     

    Je pense que nous avons fait le tour, merci chers amis.

     

     

     

    1 Se réfère au débat islamo-chrétien entre Guillaume de Tanoüarn et Tareq Oubrou organisé par Fils de France le 9 décembre 2013 : « Catholiques et musulmans, partenaires ou adversaires ? ».

  • Production, homogénéisation : De nouveau… on a travaillé sur la planète Mars (Le Temps des Grâces)

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    MarcDufumier2.jpg« D’abord, depuis le néolithique jusqu’à il y a un siècle et demi, en France, à Navarre, aux Etats-Unis ou ailleurs, la sélection des plantes était faite par les agriculteurs. Et comme tout le monde faisait cela dans une multitude de petits pays à l’échelle mondiale, ces gens ont créé une multitude de variétés végétales, une multitude de races animales - qui portent souvent des noms de lieux, d’ailleurs… Ce n’était déjà pas les appellations contrôlées mais presque… On donnait un nom de lieu à des variétés qui avaient été identifiées à tel endroit, ou le nom d’inventeur d’un paysan qui en était à l’origine… - Cela créa une biodiversité culturale et animale que vous ne soupçonnez pas, et sans trop de préjudices à la biodiversité spontanée, parce que justement on cherchait, à l’époque où il n’y avait pas encore ces pesticides, des variétés qui étaient adaptées, tolérantes aux prédateurs et aux insectes du coin. C’est-à-dire, moi au Laos j’ai vu des cotons qui étaient velus, ils avaient des poils. Et les agriculteurs m’expliquent : « C’est vachement bien parce que vous voyez, les insectes piqueurs-suceurs se déposent sur les poils, essayent de piquer, essayent de sucer, et une fois sur quinze ils y arrivent… », c’est-à-dire que le coton survit. Et donc on n’était pas obligé d’éliminer des insectes pour que le coton puisse pousser. Cela s’est fait pendant des siècles. Et la rupture commence, il y a un siècle et demi en France, et il y a un demi siècle à l’étranger. La rupture commence quand on va confier la sélection à des agronomes et des généticiens. Alors, moi qui forme des agronomes et des généticiens, je n’ai pas très envie de couper tout de suite la branche sur laquelle je suis assis, mais il faut voir les raisonnements qui ont été les leurs :

    Paysage.jpgLa planète est de taille réduite, la population augmente, donc il faut produire plus à l’unité de surface. Donc on va chercher des variétés et des races animales capables de produire plus à l’unité de surface. Mais pour qu’on ne perde pas trop de temps à cette expérimentation, et s’assurer très vite que le facteur variétal est bien à l’origine de l’accroissement de rendement, on va sélectionner ces variétés, toutes choses égales, par ailleurs. Il ne faudrait pas que pendant nos expériences on mette du temps à avoir des résultats significatifs, parce que à un endroit de rendement ça a été bouffé par un phacochère, un autre par un insecte, un autre ça a été attaqué par un champignon… Il ne faudrait pas non plus qu’à un endroit il y ait plus de cailloux qu’en un autre. Donc il faut tout homogénéiser. Donc pour homogénéiser le nombre de cailloux, on fait là où il n’y a pas de cailloux ; pour homogénéiser le nombre d’insectes, on met un insecticide ; pour qu’il n’y ait pas de différence de phosphate, on met beaucoup de phosphate, comme ça s’il y avait au départ un peu de différence dans la teneur en phosphate d’un bout de la parcelle à l’autre, avec beaucoup de phosphate tout cela est gommé. On a donc fait cela dans un monde extrêmement artificialisé, qui assez étrangement ressemble à celui de l’agriculture industrielle des États-Unis et de l’Europe. C’est-à-dire qu'on a fait des variétés capables de bien intercepter la lumière mais très gourmandes en phosphate, très gourmandes en potasse, très gourmandes en eau, ne supportant pas les stress hydriques ; très souvent ne supportant pas les champignons, donc il faut leur mettre des fongicides ; ne supportant pas les insectes prédateurs il a fallut mettre des insecticides… De nouveau… de nouveau… on a travaillé sur la planète Mars. »


    Marc Dufumier
    Chaire d’Agriculture Comparée Institut National Agronomique, Paris      

     

    "Le Temps des Grâces" en VOD - Film de Dominique Marchais - en Streaming et à Télécharger 

    Le Temps des Grâces Page sur La Vaillante

    Retrouvez toutes les retranscriptions du Temps des Grâces

  • Plaidoyer pour une acculturation positive de l'Islam en France

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    Djilali Elabed 2.jpg

    Acculturation, islamophobie, patriotisme, islam français... des termes qui ont suscité de vifs débats, des critiques acerbes au mieux, des raccourcis faciles et malveillants et autres invectives au pire.

    Sur ce site (saphirnews.com) et ailleurs je regrette le manque de rigueur d’analyse (y compris de chercheurs en science politique) et les procès d’intention qui dénotent l’incapacité de saisir les enjeux de la présence des musulmans et de l’islam en France. 

    Parmi ces concepts, la notion d’acculturation, souvent mal comprise, a produit des réactions hâtives et des condamnations non fondées. De quoi s’agit-il ? L’acculturation est une notion sociologique qu’on définit comme le processus de modification de la culture d’un groupe ou d’une personne sous l’influence d’une autre culture. En ethnologie, il s’agit de l’ensemble des phénomènes qui résultent du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes, et les changements qui surviennent dans les modèles culturels originaux de l’un ou des groupes concernés. 

    Lorsque s'entremêlent une culture majoritaire et une culture dite minoritaire, c’est alors un processus par lequel un individu apprend les modes de comportements, les modèles et les normes de façon à être accepté dans ce groupe et à y participer sans conflits.

     

    La diversité des cultures : un principe islamique

    L’acculturation apparaît donc comme la conséquence de la volonté d’adapter sa manière de vivre (valeurs, règles de comportements) à un groupe et à une culture plus vastes. Il ne s’agit pas d’un phénomène négatif lorsqu’il n’est pas la conséquence d’une politique institutionnalisée et répressive.

    Bien au contraire, l’acculturation se vit au quotidien dans toutes les sociétés d’hier et d’aujourd’hui : les Berbères se sont en partie « arabisés », les Indiens « américanisés », les Arabo-Maghrébins « francisés »... Malheureusement, beaucoup de musulmans pensent que l’acculturation est un aveu de faiblesse, un manque de caractère, pire de la compromission. Cette lecture des choses est erronée à double titre : religieux et sociologique. 

    Au niveau religieux, cette attitude ramène à l’idée que l’islam est la religion des Arabes alors que, par définition, l’islam est universel et s’adresse à toutes les cultures du monde. Il devient donc urgent de l’épurer des éléments qui sont un obstacle pour l’intégration non seulement des musulmans mais aussi de l’islam même. C’est de notre responsabilité commune : théologiens, responsables associatifs, simples citoyens... 

    Cette acculturation des musulmans peut s’exprimer à différents niveaux : par exemple, le choix du prénom. Non seulement il faut cesser d’imposer un nom arabe aux convertis (une ineptie quand nous savons que l’islam est universel) mais plus encore faire le choix de prénom français pour les musulmans de naissance sans que cela suscite moquerie. Ainsi, appeler sa fille Marie, nom de la Vierge mère de Jésus − paix soit sur lui −, ne devrait poser aucun problème. Cela ne doit pas être perçu systématiquement comme étant une faiblesse mais comme une volonté réfléchie et clairvoyante de faire de l’islam une religion du pays, une religion qui ne serait progressivement plus celle de l’étranger. 

    D’ailleurs, aucun procès n’est fait aux Turcs qui appellent leurs enfants Mehmet (Muhammad), Kevser (Kawthar) ou encore Eva (Hawwa). Cette diversité des cultures est un principe islamique. « Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez des témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à vous » (Coran, s. 2, v. 143).

     

    Psychologie sociale et droit

    Ne pas saisir ces enjeux, c’est nous conduire vers des lendemains difficiles et une indéniable perte de temps, temps qui nous est précieux.

    Prenons un autre exemple, celui du voile intégral, voici un combat que mènent avec hardeur certains musulmans, qui est néanmoins vain et inutile. Sur le plan religieux, le niqab n’est pas obligatoire pour une très large majorité des savants de l’islam, même si cette pratique peut être répandue dans certains pays musulmans. De plus, dans le contexte européen, sécularisé et où l’islam est très souvent perçu comme rétrograde, il contribue à accentuer le fossé qui existe entre les Français de confession musulmane et leurs coreligionnaires. Le niqab noir interpelle, effraie et, il faut le dire, est un non-sens sur le territoire français.

    Dans ce cas, effectivement la visibilité des musulmans est nuisible. Il faut avoir le courage de le dire : le voile intégral a sans doute naturellement sa place en Arabie et au Yémen mais pas en France, comme personne ne songerait à se promener de manière impudique au centre du Caire.

    Au niveau sociologique, il convient de tenir compte du contexte social, de l’Histoire et de la culture de la population du pays (des « indigènes » ou « Français de souche »). La France a une Histoire, une mémoire, des périodes glorieuses et d’autres qui le sont moins et qui ont contribué à la construction d’une identité originale. Cette psychologie sociale transcende les particularisme, transcende le droit.

    Certains évoqueront le droit pour justifier leur démarche. Cependant est-il judicieux de défendre des droits qui ne correspondent à aucune obligation religieuse et qui n’aboutissent qu’à donner une image dégradée de l’islam et des musulmans et de susciter l’incompréhension et le rejet des autres composantes de la nation ? À quoi bon tenir la dragée haute à son interlocuteur au niveau du droit, si cela s’accompagne d’une méfiance et d’une suspicion plus accrues ?

     

    Ne pas ignorer les dynamiques de l’intégration sociale

    Nous devons absolument opérer une distinction entre la dimension juridique, d’une part, et la dimension culturelle et sociologique, d’autre part. On ne change pas les mentalités, on ne fait pas accepter sa différence en l’imposant, même si le droit nous est plutôt favorable, à une culture qui se sent bousculée et dans laquelle les habitants ont l’impression de perdre leurs repères.

    Il faut en effet rappeler que la présence des musulmans est très récente et surtout massive, ce qui fait dire à certains Français qu’ils ne reconnaissent plus ou pas leur pays. Ce ressenti ne peut être ignoré et les musulmans doivent se comporter en conséquence. Il ne s’agit nullement d’une aliénation, mais il s'agit d’une adaptation indispensable pour préserver la cohésion sociale et intégrer l’islam dans une culture qui lui était jusqu'à présent peu familière.

    Le statut de minorité n’est pas ici juridique : en effet, les citoyens de confession musulmane n’ont ni moins de droits ni plus d’obligations que les autres Français. La minorité est ici culturelle et religieuse. Croire que le statut de simple citoyen serait l’unique cadre et le seul argument pour s’affirmer dans la société, c’est ignorer totalement les mécanismes et les dynamiques de l’intégration sociale. 

    La prise en compte de la dimension culturelle est d’autant plus importante que les identités sont bousculées par une mondialisation facteur d’instabilité et de repli. C’est dans ce contexte qu’il est possible de comprendre − au moins partiellement − le développement d’une extrême droite se revendiquant de prétendues valeurs européennes et chrétiennes.

    Cette crispation identitaire se matérialise par le rejet de ce qui peut apparaître comme étranger et comme pouvant constituer un danger pour l’identité des sociétés européennes. Ce qui est préoccupant, c’est que cette crainte est partagée par un nombre grandissant de nos concitoyens (voir les derniers sondages). Le droit ne pourra en aucun cas être une réponse suffisante, même si nécessaire, pour enrayer cette montée des inquiétudes et des crispations pouvant prendre la forme de l’islamophobie. Une des solutions est certainement l’acculturation.

    Dans les faits, cette acculturation est largement en marche ; malheureusement, elle ne se fait pas toujours dans le sens souhaité : certains jeunes musulmans ne parlent plus l’arabe (et, dirions-nous, malheureusement), écoutent de la musique américaine et mangent chez McDonald's. Le comble alors est d’entendre certains polémiquer sur l’art de la table à la française en s’imaginant qu’ils sont invités à boire du vin de table ! Il s’agit d’adapter sa pratique à une culture dominante (majoritaire), pas de renoncer aux impondérables de la religion.

    Après un islam en France et un islam de France, il est temps de construire un islam authentiquement français : authentique dans ses sources, authentique dans son enracinement. 


    Djilali Elabed
    enseignant en sciences économiques et sociales 

  • Un de ces centres d’où l’amour et la grâce du Seigneur rayonnent mystérieusement mais réellement sur votre cité

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    Coupole Sacré-Coeur Montmartre.jpg

    Plaque de marbre aux lettres d’or gravée
    Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

     

    « … Nous sommes à Montmartre,
    dans la Basilique du Sacré-Cœur,
    consacrée à la contemplation de l’amour du Christ
    présent dans le Saint-Sacrement.

     

    Ce mystère de l’amour du Christ, nous ne sommes pas
    appelés à le méditer et à le contempler seulement :
    nous sommes appelés à y prendre part. C’est le mystère
    de la Sainte Eucharistie, centre de notre foi, centre
    du culte que nous rendons à l’amour miséricordieux
    du Christ manifesté dans son Sacré-Cœur, mystère qui
    est adoré ici nuit et jour, dans cette Basilique, qui
    devient par là-même un de ces centres d’où l’amour et
    la grâce du Seigneur rayonnent mystérieusement
    mais réellement sur votre cité, sur votre pays et sur
    le monde racheté (…) »

     

    Jean-Paul II au soir du dimanche 1er juin 1980

    « Je vous confesse que cette visite est un instant
    privilégié pour moi et pour toute ma vie.
     »

     

    PapeJPII Montmartre.jpg

    (Voir la Méditation intégrale du Pape Jean-Paul II

    Canonisation du 27 avril 2014,
    Fête de la Miséricorde Divine
    Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre)

     

     

     


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    La France et le Sacré Cœur

  • La construction de cet édifice demandé par Dieu à la France a été décidée par un vote de l'ASSEMBLÉE NATIONALE

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    Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

    Inscription sur un pilier de la Basilique :

    Paray-le-Monial 1689

    Extrait de la lettre CIV de sainte Marguerite-Marie Alacoque :

    Marguerite-Marie Alacoque Clignancourt.jpg

     

    « Le Père Éternel voulant réparer les amertumes et angoisses que l'Adorable Cœur de son divin fils a ressenties parmi les humiliations et outrages de sa Passion veut un édifice où serait le tableau de ce divin Cœur pour y recevoir consécration et hommages. »

     

     La construction de cet édifice demandé par Dieu à la France a été décidée par un vote de l'ASSEMBLÉE NATIONALE

    le 23 juillet 1873
    à la majorité de 244 voix.

     

    Vitrail de Lorin, années 30
    Notre-Dame-de-Clignancourt

    UNE ADORATION DE LA SAINTE EUCHARISTIE

     Dieu qui simplifie tout

    simplifie-moi

    Eucharistie

    Offrande sainte de Dieu

    Par laquelle je touche à Ta Présence

    Rends-moi pure

    Simplifie-moi

    Hostie sainte sertie dans l’Ostensoir du Saint-Sacrement

    Tu es l’Essence de ma foi

    Sa fin et son commencement

    Ô disque pur

    Cœur de Dieu

    Plexus solaire d’où rayonne l’Amour divin

    Lumière-source de toute Miséricorde

    Durée éternellement présente fixée à la Blancheur

    Où le spectre entier des couleurs est résumé

    Touché de Dieu inaltérable

    Qu’aucune prière n’usera jamais

    Cercle chéri de l’abnégation

    Comblé de Toi qui demeure partout

    Et que rien ne peut contenir

    Ô Christ

    Ta Passion est donnée en ce disque parfait

    Le Sang et l’Eau de Ton Côté

    Nourrissent sans cesse

    Ton Corps saint

    Corps du Christ pure offrande

    Qui ne tarit jamais

    Abreuve-moi

    Laisse se répandre en moi l’eau éternelle du Baptême

    Que chacun de mes membres et toute cellule

    Vivent de Toi

    Que mes organes et toute âme

    Soient drainés de Toi

    Que ma peau et tout muscle

    Respirent en Toi

    Par Toi et pour Toi

    Que mon être entier exulte

    Et s’accomplisse en Toi

    Ô

    Lettre parfaite

    Imprononçable à mon cœur de femme

    Ô

    Toi que j’aime pourtant

    Et aspire à aimer de toute mon âme

    Ô Jésus

    Dieu qui te fis lumière et chair

    Verbe venu au secours de mon imperfection

    Hostie sainte sertie dans l’Ostensoir du Saint-Sacrement

    Sacré-Cœur de Jésus résumé en Cela

    Tu m’attires à Ta Résurrection

    Vers laquelle je tends tout mon être éploré

    Laisse-moi toucher la frange du Salut

    Laisse-moi goûter à la beauté de Ton Visage

    Jésus !

     Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre
    sa. 12 avril 2014, veille des Rameaux
    Sandrine T.

                                                  

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  • Par sa nature et par sa vocation la France était prédestinée à posséder d'une manière spéciale et plus intime le Cœur royal de son Christ

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    [Retrouvez la page enrichie LA FRANCE & LE SACRÉ CŒUR]

     

    StLongin BibleHistorialeXIIIèGuiarddesMoulins.jpgBible historiale XIIIème siècle - Guiard des Moulins

    «          Par sa nature et par sa vocation la France était pré-destinée à posséder d'une manière spé-ciale et plus intime le Cœur royal de son Christ.

    Ce Cœur de Jésus-Christ est le foyer et le symbole de son amour : amour ardent, généreux, magnanime jusqu’à la mort. Or, c’est l’amour surtout, qui parle à l’âme française. On ne gouverne guère le Français par la seule force ; on ne le fait pas agir ou combattre par contrainte : bientôt il brise le joug, et foule aux pieds son tyran quel qu’il soit. Au contraire, prenez-lui le cour ; passionnez-le pour un noble but, pour une idée désintéressée, montrez-lui l’exemple du sacrifice, qu’il se sente aimé : il n’est pas d’effort qu’on puisse obtenir de lui, son élan est irrésistible, son courage indomptable ; son dévouement ne connaît plus de bornes.

    Aussi, dès que Jésus-Christ, dans sa beauté et son amour, se fut révélé à Clovis, et que les francs, d’enthousiasme, eurent conclu avec lui au baptistère de Reims leur pacte d’alliance, il s’établit entre la France et son divin Roi un courant de mutuelle confiance, un perpétuel échange de faveurs et de services, une étroite solidarité d’intérêts et d’aspirations, tels que l’histoire d’aucun peuple n’offre rien de comparable. Voilà ce qui devait amener, dans le cours des âges, une manifestation de plus en plus éclatante du Sacré Cœur de Jésus, manifestation qui atteint aujourd’hui son apogée [nous sommes en 1892], et dont nous espérons pour notre pays des bienfaits toujours plus magnifiques. 

    Carte La France du Sacré Cœur.jpg Carte tirée de l'ouvrage La France et le Sacré Cœur
    du P. Victor Alet de la Compagnie de Jésus
    Paris, D. Dumoulin et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1892
    Cinquième édition

     

    Le Père Félix[i] a bien mis en lumière ces providentielles harmonies entre le Cœur de Jésus et la nature et les destinées de la France. Ce que Notre-Seigneur attendait, avant tout, du peuple qu’il choisirait pour lui donner son divin Cœur, à la charge d’en propager le culte et d’en affermir le règne, c’était une puissance de prosélytisme capable de tous les dévouements. Or, où a trouver plus prompte, plus irrésistible, que dans notre patrie ? Le Français est d’une nature tellement expansive, qu’une fois en possession d’une idée, bonne ou mauvaise, il est tourmenté du besoin de la communiquer. La semence qu’il a reçue, semence de vie ou de mort, il faut qu’il la confie à tous les souffles qui passent, pour la disperser au-delà de ses frontières. Ne lui demandez pas de garder pour lui la vérité ou l’erreur dont il est dépositaire : non, il faut qu’avec lui on adore, ou qu’avec lui on blasphème ; et que, selon la nature des dons qu’il présente au monde, il en devienne le sauveur ou le fléau. L’apostolat du bien, le prosélytisme du mal, c’est sa passion, c’est sa vie. Et pour servir ce besoin d’expansion, le Français possède un merveilleux organe, une langue nette et précise, lumineuse et persuasive, envahissante et dominatrice, dont tous, amis et ennemis, subissent l’ascendant. 

    Cathédrale StÉtienne Bourges 18.jpgVitrail Baie 6 Cathédrale Saint Étienne de Bourges (18) 

    Il faut compléter ces réflexions en replaçant dans leur glorieux cadre historique les révélations de Paray-le-Monial. C’est qu’en effet, à cette influence du caractère et de la langue s’ajoutait alors la prépondérance irrésistible que la France tirait de sa situation politique. C’était l’apogée du grand règne ; la voix de Louis XIV était écoutée avec respect dans le conseil des rois ; il maintenait encore sur tous les champs de bataille la supériorité de ses armées, et ses flottent victorieuses portaient sur tous les rivages le prestige de nom français. Nos colonies étaient florissantes, nos missionnaires partout ! Au Canada et à Saint-Domingue, dans les Indes orientales et en Chine, dans les Échelles du Levant, la religion du grand roi était en honneur,  et à Stamboul même, le sultan avait des égards pour l’ambassadeur qui représentait la France. Enfin, dans toutes les factoreries de la Méditerranée, en Égypte et en Syrie, dans la Palestine et sur le mont Liban, dans toutes les îles de la Grèce, les Francs reprenaient l’influence que le temps leur avait enlevée, ils reconstituaient, au profit de leur patrie et de leur foi, les vieil héritage des croisades.

    On conçoit dès lors que Notre-Seigneur ai fait à une cité française la révélation de son amour, et qu’il ait choisi pour évangéliste de son Cœur une Française, pour son premier apôtre un Français. Mais il voulut les prendre dans la vie religieuse : Marguerite-Marie, au sein d’un Ordre si éminemment français qu’on ne peut nommer ses fondateurs, François de Sales et Françoise de Chantal, sans faire résonner le nom même de la France, et Claude de la Colombière, membre de cette Compagnie de Jésus, qui, cosmopolite par son recrutement, n’en est pas moins française par sa naissance : Montmartre fut son berceau. »


    Extrait de La France et le Sacré Cœur
    du P. Victor Alet de la Compagnie de Jésus
    Paris, D. Dumoulin et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1892
    Cinquième édition

     


    [i] La France devant le Sacré Cœur, discours prononcé à Paray-le-Monial, le 20 juin 1873, dont nous donnons ici un résumé.

  • Messe pour la France au Sacré-Cœur de Montmartre tous les jeudis 18h

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    StLongin BibleHistorialeXIIIèGuiarddesMoulins.jpg[Retrouvez la page enrichie LA FRANCE & LE SACRÉ CŒUR]

    Depuis les Veillées pour la Famille des 23 mars & 25 mai 2013, La Vaillante s'est attachée à prier pour La France à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre - Sanctuaire de l'Adoration Eucharistique & de la Miséricorde Divine. Le 25 mai, le Père Bernard Peyrous (auteur de Connaître & aimer son pays, & postulateur de la cause de béatification de Marthe Robin) nous rappelait la vocation de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, le Vœu National pour laquelle elle a été construite : prier pour la France. Depuis 40 ans, on n'avait prié pour la France aussi ardemment, "grâce" aux lois à l'encontre de la famille actées en 2013.
    Aussi, voici la première chose importante que je vous communique sur cette page : tous les jeudis, à 18h30, est célébrée une messe pour La France à la 
    Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, en présence du Recteur & des Bénédictines, et précédée des Vêpres, à 18h. La litanie des Saints de France en assurant la transition.  

    Carte La France du Sacré Cœur.jpg Carte tirée de l'ouvrage La France et le Sacré Cœur
    du P. Victor Alet de la Compagnie de Jésus
    Paris, D. Dumoulin et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, 1892
    Cinquième édition

     

  • L’islam est une chance et une opportunité aujourd’hui en France, afin que la France puisse renouer avec ses valeurs traditionnelles qui ont fait d’elles cette grande nation

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    Retranscription de l’entretien avant municipales avec l’association
    Des Françaises Voilées S’expriment

     

    Voile BleuBlancRouge.jpg

     

    Bonjour Mesdames, tout d’abord je suis ravie de vous recevoir. On connaît votre association Des Françaises Voilées S’expriment, grâce à votre première vidéo. J’aimerais vous demander dans un premier temps de vous définir personnellement.

    Hynd Habach.jpgHynd : Se définir personnellement, c’est vrai que c’est un exercice qui n’est jamais aisé, mais je vais essayer de me prêter au jeu. Hynd, présidente de l’association que vous citiez : Des Françaises Voilées S’expriment, jeune diplômée d’école de commerce, champenoise d’origine, région viticole et agricole.

    Pour comprendre qui je suis, mais aussi pour comprendre l’un des socles fondamentaux de l’association, c’est vrai que je me définis en tant que Française patriote.

    Pour ma part, un patriotisme qui naît au cœur de mon rapport à la littérature française. Je vous avouerais que j’ai un petit faible pour la littérature du XIXème siècle avec Flaubert, Balzac pour le roman en passant par Baudelaire pour la poésie. Le XIXème est un siècle tellement riche en France en termes de changements et de mouvements sociétaux, économiques, mais aussi politiques que ça ne pouvait engendrer qu’une très grande production artistique et notamment littéraire.

    Et puis en effet lorsque je passe devant le Panthéon et que je vois inscrit sur son fronton cette magnifique phrase : « Aux grands hommes, la patrie toujours reconnaissante », je me sens héritière de cette reconnaissance-là face à l’héritage fabuleux que ces grands hommes du passé nous ont laissé.

    Voilà pour un premier point.

    Un deuxième point qui est très important également, je me définis en tant que musulmane bien sûr, depuis le berceau et je l’espère jusqu’au tombeau.

    Et enfin le dernier point qui n’est pas des moindres : enfant d’immigrés. Une immigration des années 60/70, ouvrière, pauvre, à ne pas confondre avec une immigration d’élite. Je tiens à ce distingo parce que c’est très important afin de comprendre qui l’on est et ce qui nous habite.

    Donc en quelques mots, pleinement Française, profondément musulmane et foncièrement enfant d’immigrés.

     

    Et vous Souâd, vous vous définissez comment ?

    Souâd sourire.jpgSouâd : Pour ne pas être répétitive, la base est commune avec Hynd. Ce que je peux ajouter c’est que je suis ingénieure de formation, et que c’est aussi en tant que femmes que nous nous engageons. 

    Parce que nous tenons à la dignité de la femme et que nous rejetons totalement le féminisme d’aujourd’hui parce que le slogan c’est : « plus tu te dénudes, plus tu es libre », et nous notre philosophie est complètement contraire à cela. Pour nous la femme, c’est un être doué d’intelligence, un être de raison, un être qui s’investit dans la société… 

     

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    Hynd : …et pour aller au bout de ce que tu es en train de dire, je pense qu’il y a duperie et escroquerie, il faut être clair, quand on est une femme, il faut choisir, soit on veut être respectée pour son travail etc, soit on veut être désirée. On est en train de nous faire croire que les deux sont possibles en une seule et même personne, je ne crois pas. 

     

    Souâd sourire.jpg

    Souâd : D’ailleurs à ce sujet-là, pour dénoncer cette duperie, Hynd a écrit un article sur Bd Voltaire concernant ce féminisme radical. Alors pour me définir je dirais : Française, musulmane, enfant d’immigrés, et c’est en tant que femme que nous nous engageons. 

     

     

    Et sinon, votre position sur l’islam de France, c’est quoi exactement ?

    Hynd Habach.jpg

    Hynd : Je pense que ça c’est un point extrêmement important et central dans notre engagement également. Si vous le voulez bien, avant de répondre à votre question, on va commencer par un constat, on va être factuel. Aujourd’hui l’islam est la 2ème religion de France, c’est-à-dire qu’on est 8 à 10 millions je crois de Français musulmans et je crois même ne pas trop m’avancer en disant que l’islam en termes de pratique est certainement la première religion de France. N’en déplaisent à certains, les mosquées sont pleines. Ça c’est la première des choses.

    Cela étant dit, moi je pense que l’islam en France, est un enjeu incroyable et formidable, positif ! C’est-à-dire ? En tant que religion universelle, je pense que l’islam est une chance et une opportunité aujourd’hui en France, afin que la France puisse renouer avec ses valeurs traditionnelles qui ont fait d’elles cette grande nation. À savoir, le sens de la famille, du travail, l’engagement, le dévouement, l’instruction… toutes ces valeurs sur lesquelles la grande nation, la grande France a toujours reposé.

    Je vous invite à lire « L’identité de la France » de Fernand Braudel ou « Histoire passionnée de la France » de Jean Sévilla, et vous découvrirez au fil des pages que ce qui a fait cette grande France, cette grande nation, celle que certains ont même appelé la France immortelle, c’étaient les valeurs citées précédemment et non pas les valeurs que notre gouvernement essaie de nous faire passer.

    Souâd : J’aimerais rebondir sur le parti socialiste.

    Hynd Habach.jpg

    Hynd : Donc pour conclure sur l’islam de France, je crois en effet qu’en tant que système de valeur universel, c’est une chance pour la France, et qu’il ne faut pas sous-estimer la communauté musulmane de France qui est essentiellement jeune et qui a une énergie incroyable à communiquer. Donc nous croyons que l’islam sera la solution au retour de la tradition en France.

     

    Souâd, vous avez relevé un point sur le parti socialiste, qu’avez-vous à dire là-dessus ?

    Souâd : Tout à fait, comme disait Hynd, aujourd’hui nous comptons 8 à 10 millions de Français de confession musulmane, et à la veille des élections municipales, qui trouve-t-on à la sortie des mosquées ?

    Hynd : Les agents PS.

     

    Souâd sourire.jpg

    Souâd : Il est extrêmement important de comprendre une chose à l’échelle politique concernant les Français musulmans, c’est cette maturité politique, qui veut dire qu’aujourd’hui nous sommes en mesure de ne plus voter PS et comprenez-moi c’est une véritable révolution. Parce qu’avant c’était automatique, et d’ailleurs le parti socialiste comptait sur cet électorat, sans se poser de question.

    Et ils savaient que cet électorat était loyal et fidèle et que donc on votait pour le PS. Aujourd’hui c’est terminé ! D’ailleurs il n’y a pas plus islamophobe qu’eux, il y a beaucoup d’exemples, je vais en prendre un significatif. Le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, que dit-il ? Il dit que le danger de la République c’est le voile. Et de l’autre côté, il dit qu’il faut condamner fermement tout acte anti musulman. C’est le pompier pyromane. Alors pour aller au bout de la trahison, ils ont introduit des valeurs complètement contraires à celles de cet électorat. Le mariage pour tous, la théorie du genre, GPA, PMA…

     

    Attendez, on parle de GPA, PMA, pour l’instant rien n’a été décidé ni voté.

    Souâd sourire.jpg

    Souâd : Oui mais il ne faut pas être naïf, à partir du moment où le mariage pour tous est passé, c’est automatiquement lié, c’est juste une question de temps, c’est reculer pour mieux sauter. Et ils (PS) ajoutent une carte classique, « la refondation de la politique d’intégration », encore une fois de l’assistanat, on est fatigué, comme si on était prédisposé génétiquement à l’échec.

    Les véritables problèmes de la France, ils sont connus, c’est le chômage, l’écologie, l’économie, l’agriculture… nous sommes issus d’une région agricole on est vraiment touchées par cela.

     

    Hynd Habach.jpg

    Hynd : Tout à fait, et ce qui est d’autant plus insupportable, c’est qu’en tant que Français musulmans, enfants d’immigrés, on nous cantonne à ne nous intéresser qu’à ces sujets-là d’intégration, d’immigration, la banlieue,… non ! Ces sujets-là d’accord, mais également l’agriculture.

    On est originaire d’une région agricole. Au passage la France est majoritairement rurale, la France ça n’est pas Paris. Donc qu’est-ce qu’on fait pour nos agriculteurs et nos paysans ? Qui sont en train de souffrir, qu’on est en train de pousser au suicide parce qu’ils ne peuvent plus vendre si ce n’est à perte. C’est inacceptable ! Eh bien nous, nous souffrons de cette situation-là. Qu’on sauve nos agriculteurs, qu’on sauve nos paysans.

    En France, il faut savoir que l’agriculture a toujours été l’un des fleurons de son économie, c’est-à-dire qu’avec nos producteurs et nos agriculteurs, on nourrit 60 millions de Français. Jusqu’à quand ? Sauvons nos agriculteurs !

     

    Souâd sourire.jpg

    Souâd : Absolument, alors avec tout cela, vous serez d’accord avec moi, que ça devient ridicule que le danger de la France et de la République c’est le voile acheté à 20€ chez Zara.

    Alors avec cette maturité politique, puisqu’il y a eu trahison d’un côté, eh bien il y aura sanction de l’autre. Donc on va sanctionner le parti socialiste aux prochaines élections municipales qui auront lieu fin mars.

     

    On a très bien compris votre position sur ces sujets d’actualités, j’aimerais Hynd, un petit mot de la fin ?

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    Hynd : Si je devais avoir un mot de la fin, ce serait le suivant, j’aimerais dire à mes concitoyens : refusez, la contradiction à laquelle on est en train de vous pousser. Je m’explique. On est en train de nous faire comprendre que islamité et francité fonctionnerait en système de vases communicants : plus tu es musulman pratiquant et moins tu es Français. Non catégorique à cela. C’est ce que nous disons, c’est ce que nous affirmons, c’est ce que nous sommes.

    Pleinement Français et pleinement musulmans pratiquants, sans antinomie, sans contradiction, quand bien même cela vous déplaît.

     

    Pouvez-vous nous dire où l’on peut suivre vos actions ?

    Souâd sourire.jpg

    Souâd : Vous trouverez l’ensemble de nos actions, sur notre site internet, également sur notre page Facebook. Sachez qu’il y a eu deux articles publiés sur Bd Voltaire, un qui se titre « Mondialisation ou radicalisation » signé par Hynd et également un deuxième qui dénonce la duperie du féminisme radical.

    Des interventions sont à prévoir, nous vous informerons de la date et du lieu sur le site internet, de façon générale, allez sur le site !

     

     

     

  • Camel Bechikh : « Ce que j’aurais voulu dire le 2 février 2014 »

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    Pour une politique familiale forte


    CB LMPT 2 février 2014.jpgLa politique familiale forte impose la mise en perspective des idées qui nous ont, au fil du temps, amenés à des politiques familiales faibles ! 

    Politiques familiales faibles ayant exposé dangereusement, puis explosé la famille française et ses valeurs.

    Il faut aujourd’hui le reconnaître, la pensée dominante, depuis le XVIIème en France, en construisant une république laïque a aussi tenté d’éteindre la France catholique. Mais que devient la France sans le souffle catholique qui l'a fait naître ? Ce souffle, fixant les points cardinaux des valeurs du respect de la vie, des valeurs de protection des plus faibles, des plus pauvres, de la famille...

    Je ne rentrerai pas dans les détails car si vous êtes présents aux côtés de La Manif Pour chrétiens, juifs, musulmans, athées… Tous, depuis plus d’un an, c’est que chacun d’entre vous à terminé de comprendre comment nous en sommes arrivés là, mais surtout, comment nous allons en sortir.

     

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    Marthe Robin, malheureusement trop peu connue des français, donna son avis sur la dégradation sociale et morale de la France en 1971 :

    « Ce n'est rien à côté de ce qui va arriver. Vous n'imaginez pas jusqu'où l'on descendra ! Mais le renouveau sera extraordinaire, comme une balle qui rebondit ! Non, cela rebondira beaucoup plus vite et beaucoup plus haut qu'une balle ! » 

    Il ne fait aucun doute qu’après l’avortement, le mariage pour tous, la théorie du genre… nous ayons atteint l’abîme, mais il ne fait aucun doute non plus que l’ensemble des dernières mobilisations populaires, La Manif Pour Tous en tête, forment ce début de Renaissance française.

    À ce titre, rendons hommage à celles et ceux dans l’ombre qui ont permis que nous soyons une de fois de plus si nombreux et, une pensée particulière pour notre présidente, Ludovine de la Rochère, pour avoir su maintenir l’élan malgré les épreuves traversées par le mouvement.

    Enfin merci aux musulmans de France qui ont joué un rôle décisif ces jours derniers pour que jamais l’école ne devienne un lieu totalitaire, un lieu d’endoctrinement de la morale laïque. Merci à eux pour leurs efforts afin que la France reste fidèle à son baptême, à son souffle et ne troque jamais son âme...

    Vive La Manif Pour Tous,

    Vive la France !

     

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    J'ajoute un petit post scriptum à ce discours, tel que j'aurais voulu le manifester le 2 février : Tous les jeudis, à 18h30, une Messe pour la France est célébrée avec les Bénédictines au Sacré-Cœur de Montmartre, précédée à 18h par les Vêpres, la litanie des saints de France en assurant la transition…

     

    Une raison d'espérance

  • Le temps est supérieur à l’espace

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    Blason Pape François.jpgEn chaque nation, les habitants développent la dimension sociale de leurs vies, en se constituant citoyens responsables au sein d’un peuple, et non comme une masse asservie par les forces dominantes. Souvenons-nous qu’ « être citoyen fidèle est une vertu, et la participation à la vie politique une obligation morale »[i]. Mais devenir un peuple est cependant quelque chose de plus, et demande un processus constant dans lequel chaque nouvelle génération se trouve engagée. C’est un travail lent et ardu qui exige de se laisser intégrer, et d’apprendre à le faire au point de développer une culture de la rencontre dans une harmonie multiforme.

             

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    Pour avancer dans cette construction d’un peuple en paix, juste et fraternel, il y a quatre principes reliés à des tensions bipolaires propres à toute réalité sociale. Ils viennent des grands postulats de la Doctrine Sociale de l’Église, lesquels constituent «  le paramètre de référence premier et fondamental pour l’interprétation et l’évaluation des phénomènes sociaux »[ii]. À la lumière de ceux-ci,  je désire proposer maintenant ces quatre principes[iii] qui orientent spécifiquement le développement de la cohabitation sociale et la construction d’un peuple où les différences s’harmonisent dans un projet commun. Je le fais avec la conviction que leur application peut être un authentique chemin vers la paix dans chaque nation et dans le monde entier.

     

    Le temps est supérieur à l’espace

              

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    Il y a une tension bipolaire entre la plénitude et la limite. La plénitude provoque la volonté de tout posséder, et la limite est le mur qui se met devant nous. Le "temps", considéré au sens large, fait référence à la plénitude comme expression de l’horizon qui s’ouvre devant nous, et le moment est une expression de la limite qui se vit dans un espace délimité. Les citoyens vivent en tension entre la conjoncture du moment et la lumière du temps, d’un horizon plus grand, de l’utopie qui nous ouvre sur l’avenir comme cause finale qui attire. De là surgit un premier principe pour avancer dans la construction d’un peuple : le temps est supérieur à l’espace.

             

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    Ce principe permet de travailler à long terme sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la réalité. Il est une invitation à assumer la tension entre plénitude et limite, en accordant la priorité au temps. Un des péchés qui parfois se rencontre dans l’activité socio-politique consiste à privilégier les espaces plutôt que les temps des processus. Donner la priorité à l’espace conduit à devenir fou pour tout résoudre dans le moment présent, pour tenter de prendre possession de tous les espaces de pouvoir et d’auto-affirmation. C’est cristalliser les processus et prétendre les détenir. Donner la priorité au temps c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces. Le temps ordonne les espaces, les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne en constante croissance, sans chemin de retour. Il s’agit de privilégier les actions qui génèrent les dynamismes nouveaux dans la société et impliquent d’autres personnes et groupes qui les développent, jusqu’à ce qu’ils fructifient en événements historiques importants. Sans inquiétude, mais avec des convictions claires et de la ténacité.

      

    Articles 220 à 223

    de l’Exhortation apostolique

    du Saint-Père François

    La joie de l’Évangile

    EVANGELII GAUDIUM

     

     


    [i] CONFERENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DES ÉTATS-UNIS, Lettre pastorale Forming Consciences for Faithful Citizenship (2007), 13.

    [ii] CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église, n. 161.

    [iii] Ici, deux de ces principes seulement sont repris.

  • La vocation de la France

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    la france,foi,Écologie humaineSi la vocation chrétienne de la France existe, si la France entre dans le plan de Dieu pour que l’Évangile soit annoncé aux nations et incarné en elles, cette vocation s’enracine sur une culture humaine qui est élevée, « assomptée » à un niveau supérieur, pénétrée par la grâce pour le service de la foi et de l’humanité.

    La France a été et demeure le « pays de l’homme ». Je veux dire par là un lieu ou les diverses dimensions de la créature humaine ont pu se déployer. L’homme y a été « découvert » en ses multiples aspects, cultivé, éduqué. En particulier dans sa capacité à réfléchir, à communiquer, à s’engager, à être reconnu dans sa dignité, à exercer sa liberté, à vivre dans la dignité. La France est un pays « anthropocentré ». Jean-Paul II l’a bien dit au Bourget en expliquant que les diverses traditions du pays avaient voulu « servir l’homme ». C’est vrai. L’humanité est belle, elle a été créée par Dieu, elle mérite d’être servie, ornée, embellie. On a donc exploré les diverses attitudes de l’homme face à lui-même, face aux autres, face à Dieu. La France est un pays de découvertes, mais le plus grand territoire à explorer, c’est nous-mêmes.

    Une vocation n’existe évidemment que référée à Dieu. Cette terre a été bénie par Dieu et elle l’est encore. L’homme est aimé par Dieu. Il vaut quelque chose. Il est même d’une immense grandeur puisque Dieu lui-même s’est fait homme. La France est un pays où l’homme a rencontré Dieu. Il l’a aimé et l’a servi avec beaucoup de courage. Les saints français sont des hommes et des femmes originaux et courageux.

    Ce service s’est effectué dans l’amour. La France est un pays où on a beaucoup aimé. On a aimé les hommes, les femmes, les enfants, Dieu, le Christ, la Vierge Marie, reine de ce pays depuis 1638. ON a aimé les lieux, la langue, les autres pays aussi, souvent, avec qui on a dialogué et dont on a reçu : que serions-nous sans l’Italie.

    Keyserling (Hermann Von Keyserling, Analyse spectrale de l’Europe, p.59) écrivait déjà au début du XXème siècle : « Or, aujourd’hui, point de doute, l’amour comme tel n’est plus à la mode, en Europe ; cette évolution a pu se produire parce que, dans son sens spirituel, l’amour est une œuvre d’art créée par des motifs spirituels qui ne furent pas toujours en vigueur. » Et en effet, la période qui suivit lui donna raison : le XXème siècle fut tout, sauf le siècle de l’amour. Pourtant la petite Thérèse de Lisieux avait montré, au début de cette période troublée, que le christianisme n’est que la religion de l’amour. Aujourd’hui un monde est à construire où à reconstruire. Si la France est « la fille aînée de l’Église » et l’« éducatrice des peuples », ce sont des leçons d’amour qu’elle doit donner :

             Le dernier asile de l’amour : Mais je ne puis pas terminer sans avoir examiné un tout autre problème qui assure peut-être à la France, par le seul fait qu’elle existe, ses plus grandes possibilités d’avenir. Le fait est que le monde qui naît court un grand danger dont la plupart ne semble même pas se douter, autrement ils ne vivraient pas en l’air comme ils le font. Ce danger c’est que l’amour risque de mourir sur terre.

    (Hermann Von Keyserling, Analyse spectrale de l’Europe, p.57)

     

    ***

     

             La vocation de la France, c’est d’être le pays de l’homme, de l’homme aimé par Dieu et par les autres, aimant Dieu et les autres. C’est une vocation universelle. L’histoire récente a réduit l’influence de la France, elle n’est plus le modèle de la civilisation. Mais cependant le charisme demeure, même s’il est en partie caché. Si la France redevenait elle-même, elle serait capable de parler à toutes les nations. Y a-t-il beaucoup de peuples qui portent en eux-mêmes ce charisme ? 

     

    BERNARD PEYROUS

    in Connaître et aimer son pays

     

    la france, foi, Écologie humaine 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Le socle des valeurs communes en France est celui du catholicisme

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    « Aujourd’hui les peuples d’Europe (ou une partie des peuples d’Europe) grâce à ce mouvement populaire*, que je qualifierai — et dans ma bouche c’est très valorisant — de conservateur, retrouvent son habitus européen. Je le crois profondément. Il est aujourd’hui plus facile d’annoncer un certain nombre de positions en lien avec l’identité de la France traditionnelle que ce n’était le cas il y a quelques années en arrière. Je crois qu’il y a la France réelle et la France virtuelle. Il y a la France réelle, celle qui est imbibée des valeurs du catholicisme et il y a la France virtuelle de la pensée dominante qui implique, pour ne pas être ostracisé dans son milieu professionnel et familial, de répéter un certain nombre de litanies mais qui ne sont pas intrinsèquement vécues par les individus. Je pense, nous pensons, j’espère… que le socle des valeurs communes en France est celui du catholicisme. Valeurs qui par ailleurs sont transformées après 1789 et après 1905 dans une autre forme : on va parler de Droits de l’Homme… Mais ce n’est qu’une religiosité habillée de façon sécularisée. Il reste intrinsèquement au centre de ces valeurs « liberté, égalité, fraternité » la doctrine sociale de l’Église. Je crois qu’on a habillé différemment cet habitus des valeurs catholiques mais il reste profondément ancré. Cet ancrage est la chance ultime pour la France de reconsidérer l’union de ses différents peuples, de ses différentes populations. Je pense qu’il y a un peuple français, une culture française et il y a en effet des singularités ici et là, mais finalement nous savons encore qui nous sommes.

     

    Comme postulat à toutes ces notes d’espoir il me semble fondamental que les gens dans cette salle, parce que vous êtes parmi les forces vives de cette renaissance française du fait de votre engagement à l’AF — et si vous êtes là aujourd’hui c’est parce que vous avez un intérêt charnel pour la question — c’est la question de l’engagement. Si vous êtes venus aujourd’hui, vous avez un intérêt pour la chose mais il serait dommage que cet engagement ne se situe que dans le fait d’assister à une conférence ou à un colloque. Je crois que nous sommes tous responsables du destin de la France, nous sommes tous une part de ce maillon intergénérationnel, nous avons reçu une France dont nous avons envie d’être fiers et nous devons la transmettre aux générations futures. À ce titre-là ça ne repose pas sur l’autre, ça repose considérablement d’abord sur soi, sur le couple, sur la famille, sur l’action sociale dans un quatrième temps. J’aimerais citer une référence que je pense que tous les patriotes français devraient posséder, c’est « Connaître et aimer son pays » de Bernard Peyrous, prêtre à Paray-le-Monial, qui a une vision supra-intelligente du rapport entre la foi et l’idée d’aimer son pays. Parce que l’on peut très vite et de manière très maladroite convoquer la foi pour devenir une espèce de bouclier identitaire qui créerait plus de dissension, plus de fragmentation, plus de division au sein du peuple français. Il est très facile de céder à une religiosité identitaire, quelle soit musulmane, catholique, juive… qui est une religiosité de rejet qui fragiliserait de fait la France, au lieu d’une spiritualité telle que la décrit Bernard Peyrous : aimante, intelligente et qui lie parfaitement l’abscisse et l’ordonnée qui serait l’horizontalité des rapports entre les gens et la verticalité du rapport au divin. »

     

    * La Manif Pour Tous

     

    Camel Bechikh
    Président de l’association Fils de France
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    18 janvier 2014
    Table ronde « La France et ses peuples »
    Colloque « Carrefour Royal » organisé par l’Action Française

     

    Source vidéo : Agence Info Libre 

     

     

  • La Vaillante, genèse : la France se réveilla et secoua ses brumes

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    En ce jour de Prière pour la France, je suis heureuse de mettre en ligne ce texte relatant la genèse de La Vaillante, à l'occasion de son premier anniversaire, le 18 janvier prochain.

     

    La Vaillante .jpgNous étions là, une foule parquée rue de Suffren, chacun souffrant patiemment le froid, attendant qu’on nous ouvrît le passage sur le Champ. Il faisait nuit depuis longtemps déjà. Nous trépignions pour nous réchauffer le corps. Le bruit avait couru comme un immense frisson que la pelouse du Champ de Mars était noire du monde de milliers personnes. Notre cortège avait glissé depuis Denfert-Rochereau, étirant le temps en un immense ruban bleu blanc rose. Mais là, dans la nuit striée des lumières électriques notre cortège était interdit. Dans un peu de neige fondu il était interdit de pénétrer davantage sur le Champs de Mars.

     

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    On nous fit enfin bouger. Ce fut lent et interrogatif. La chaussée formait un coude où le cortège s’engorgea et, goutte à goutte, nous passions pour aller où ? rejoindre quoi ? Les balayeuses mêmes avaient terminé leur travail et s’immobilisèrent en un collier bruissant de moteurs, caressant les bitumes. Mais la pelouse ? Le cortège désengorgeait la rue de Suffren pour quoi ? Pour le vide. Nous passâmes goutte à goutte sans y croire devant le champ du silence, lui qui à 18h saturait de bruit, s’amplifiait des voix, des discours passionnés que nous n’avions pu entendre, planté d’une myriade humaine, à 19h15 nous abasourdissait de silence. Stupeur, incrédulité nous étreignaient, nos pas longeant la longueur du rectangle. Seuls restaient les grues rouges chargées des énormes enceintes noires. Plus un écran géant, plus un portique, plus une scène, tout, même, était plié, disparu. La pelouse parfaitement dégagée laissait vibrer sa couleur verte, foncée par la nuit. Quelques poubelles restaient encore à être ramassées.

     

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    La goutte que je fus et celle que fut mon mari, nous retrouvâmes au pied de la Tour Vaillante et lumineuse. Elle, victorieuse perpétuelle, veillant avec constance, elle seule avait su nous attendre. À son pied, je levai la tête vers elle. Quelques flocons de neige se mêlaient à sa lumière. Le grand rectangle de nuit sur le champ incessamment nous ahurissait. La Tour Vaillante nous réchauffa, nous emplissant d’une tendre gravité. Qu’elle était belle et digne. Digne de confiance, noble à nous en tordre le cœur. Pour la première fois je vis la Tour Eiffel, véritablement. Et ce fut un appel. Oui, ce moment eut épaisseur propre et durée spécifique, ce 13 janvier 2013 me devenait intimement historique : La Vaillante s’empara de mon cœur en me demandant d’en être témoin. La France se réveilla secouant ses brumes. Cette goutte que j’étais au pied de la dentelle de fer érigée dans la nuit, répondit oui à sa vocation muette. Pour la première fois je sortis mon téléphone portable pour prendre une photo. Une seule, à 19h24. J’acquiesçai à sa lumière dans la nuit. Je dis oui je témoignerai de toi, je te serai fidèle.

    Nous passâmes sous elle, à travers elle, pour regagner plus haut encore la station Trocadéro.

     

    Le 18 janvier 2013, La Vaillante publia son premier article (Le mariage gay ou la dictature de la confusion de Bertrand Vergely).

     

    Camille Fornello
    10 janvier 2014

     

    la france,conscience,lmptLa Vaillante a pour patronne sainte Jeanne d'Arc : Ce qui donne une âme vivante et forme un corps concret à la réalité qu’est la France

    & pour marraine Marthe Robin : Marthe Robin & la France "Aux âmes chrétiennes"

     

    Mise en relief d'articles publiés depuis un an

    la france,conscience,lmpt

     

    Chorégraphie pour un dépliant Voulons-nous transmettre la confusion des genres aux générations naissantes ?

     

     

    Tugdual Derville invité par Louis Daufresne Retranscription de l'émission Le Grand Témoin du 28 janvier 2013

    Synthèse argumentative sur le projet de loi Taubira « mariage pour tous » de Lucien Fornello

    la france,conscience,lmptQui aurait imaginé devoir défendre l’altérité sexuelle à la source de toute vie ? de Tugdual Derville (Valeurs Actuelles)

     

    N’acceptons pas un État qui aurait pour seul but de combler les désirs de chaque catégorie de la population au détriment des plus faibles et de l’ensemble de la société de Jean-Marc Veyron

    Ce sont les hommes qui font l’institution : petite histoire du CESE de Théophane le Méné (Causeur)

    la france,conscience,lmpt

     

    Le printemps des consciences de Monseigneur Marc Aillet

     

     

    Les français sont-ils prêts à reconnaître comme juste la théorie du genre et à l’appliquer à leur modèle de société ? de Axel Nørgaard Rokvam à Mme Taubira, Garde des Sceaux, en Sorbonne, le 18 mars 2013

    Toutes sortes de choses qui étaient implicitement attachées à l’idée d’humanité disparaissent silencieusement : l'Écologie Humaine de Gilles Hériard-Dubreuil

    Résumé des 35h d'auditions sur le mariage pour tous au Sénat Vidéo

    Le credo de la secte "LGBT" prétend imposer sa conception du monde au nom de "l'égalité" de Victor Rességuier

    S'il-vous-plaît la France, ne perdez pas votre place dans l'histoire Bobby s'exprime sur Homovox

    Les Veilleurs : "La force intérieure de la non-violence irrépressible" (Tugdual Derville) Témoignage de Marie, veillée du 17 avril sur l'esplanade des Invalides

    Ce qu'est l'homophobie selon la Théorie du Genre Tugdual Derville & SOS Homophobie dans l'émission radio Du grain à moudre

    L'impasse Dominique Venner de Lucien Fornello

    Clément Borioli, Collectif Homovox : Discours du 26 mai aux Invalides Vidéo

    la france,conscience,lmpt

     

    La science-fiction pour tous c'est maintenant ! de Lucien Fornello

     

     

    La sainte colère du père Daniel-Ange Émission radio Eclesia magazine

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    En fait d’impressionnabilité l’enfant, l’artiste et le saint sont frères de Sandrine Treuillard

     

     

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    Fabrice Hadjadj & l'embryon : on ferait mieux de se demander si l'on est face à de la vie humaine ou pas

     

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    Décryptage de la Théorie du Genre pour Tous Retranscription du livret de la Fondation Jérôme Lejeune

     

    Le « genre » : un outil éducatif majeur qui permettra la déconstruction des repères élémentaires liés à la vie affective et sexuelle, à la vision de la famille et de la société Intervention de Ludovine de la Rochère auprès des Veilleurs lors de la veillée du 31 août à la Concorde – venue présenter aux côtés de Camel Béchikh les orientations de La Manif Pour Tous pour l’année à venir.

    la france,conscience,lmptNe pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres de Camel Bechikh (Fils de France)

     

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    L'euthanasie… jusqu'où ? Retranscription écrite du documentaire 

     

     

    la france,conscience,lmptL'éducation, un art, au sens « d'artisanat » : les parents : premiers et principaux éducateurs en humanité de Jérôme Brunet (Grenelle de la Famille)

    Un serment en soi-même : jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France de Camel Bechikh (Grenelle de la Famille)

     

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    La lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France de Gaultier Bès

     

     

     

     

     

     

     

     

  • La lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France

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    homophobie, homosexualité, la france 

    Petite leçon LGBTQ à travers la Gay Pride de Lyon

     

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    Au-delà de ce que j’ai ressenti comme une fête industrielle, débordante d’une joie factice, banale et triste, aux rythmes saturés, je crois discerner dans le phénomène de la Gay Pride un fait politique décisif. La mise en valeur de "fiertés" particulières dues à certaines pratiques sexuelles juxtaposées à la lutte proclamée contre les "phobies" correspondantes, elle-même mêlée à des réclamations de "droits" particuliers (en l’occurrence la PMA pour les couples de lesbiennes), tel est le principe étrange – et pour le moins paradoxal – de cette manifestation. Et c’est justement cet amalgame douteux qui est à mon sens le facteur le plus générateur d’"homophobie"…

     

    Fier d’être normal ou d’être marginal ?

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    Chaque Gay Pride repose sur une contradiction fondamentale. Il s’agit de donner une visibilité à l’homosexualité, à la culture qu’elle est censée produire, mais surtout de faire de la pub au business gay-friendly qui ne manque jamais de déployer son "arsenal commercial" (Jean-Sébastien Thirard, ancien président de l’association Lesbian & Gay Pride Paris). Cette entreprise de "visibilisation" apparaît traversée par deux tensions contraires : la prétention à la normalité et l’affirmation d’une singularité. Proclamer une "fierté", c'est nécessairement poser un acte clivant, car qui dit fierté" dit "appartenance", c’est-à-dire distinction, voire exclusion, ce qui tendrait à légitimer les sentiments de "honte", "jalousie", "regret", consécutifs à la non-appartenance.

    Alors que se multiplient médias, magasins, sites de rencontres, activités, clubs, etc. réservés aux personnes catégorisées comme LGBT, aggravant encore des fractures communautaires déjà bien installées au sein de la société, il est difficile d’accorder du crédit aux discours marquant la volonté des homosexuels de rejoindre la vie conjugale et sociale ordinaire. Comment comprendre qu’un gouvernement qui n’a que le mot "République" à la bouche et qui parle d’"arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel" laisse se renforcer, au point de soutenir, ces logiques communautaristes dont la Gay Pride est la vitrine ? Je ne m’explique pas que deux des principaux arguments en faveur de la loi Taubira aient été aussi discordants sans que personne ne s’en émeuve : d’une part, il nous faudrait accueillir les couples de même sexe dans la "maison commune" du mariage civil ; d’autre part, "Qu’est-ce que le mariage des homosexuels va enlever aux hétérosexuels ?". C’est-à-dire dans un cas la prétention à l’assimilation républicaine, dans l’autre son contournement puisqu’on raisonne en catégories distinctes qui se partageraient des privilèges et des droits.

    Si les responsables LGBT voulaient vraiment entrer dans la "maison commune", encourageraient-ils ce communautarisme sexuel ? Il existe par exemple un Syndicat National des Entreprises Gaies qui "assure la représentation et la défense des intérêts des entreprises adhérentes gay et gay-friendly". Il existe aussi une "boutique 100% gaie et lesbienne et fièr(e)s de l’être" en ligne, "achetergay.com", spécialisée dans "les produits rainbow, arc-en-ciel et identitaires pour tous les homosexuels". Sans oublier "le site des sexualités gay", "Prends-moi", qui a pour slogan : "la sexualité est un jeu". Consommer gay, lire gay, baiser gay, respirer gay… N’est-ce pas là une de ces dérives sectaires (au sens étymologique de séparatiste) qui s’opposent aux principes universalistes de la République ? Au lieu d’agrandir la "maison commune" de l’institution du mariage, la loi Taubira ébranlant ses fondations n’a fait que renforcer ses divisions : il est hélas de plus en plus visible que quelques personnes squattent l’immeuble sans s’acquitter des charges ni se soucier d’intégrer la copropriété… Le "mariage pour tous" n’est en réalité que le mariage de quelques uns imposé à tous, comme en témoigne le flop retentissant du "salon du mariage gay" (The G-Day) organisé le 23 juin à Paris : à peine 150 visiteurs, dont des couples homme/femme et des figurants, selon les commerçants furieux. En dépit des déclarations d’intentions, la logique clanique semble l’emporter, le « mariage » gay restera toujours gay, c’est-à-dire parodique, et se distinguera toujours en pratique du mariage entre un homme et une femme. Il restera la marque d’un caprice identitaire égocentré.

     

    D’une fierté l’autre

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    Il est notoire que les rangs de la Gay Pride sont largement composés de non-homosexuels. Et vu que les homosexuels qui s’y trouvent ne sont pas forcément très représentatifs, on peut légitimement se demander de quoi ces gens sont donc si fiers. Assez largement, ce que le grand public perçoit des homosexualités contemporaines – diverses, complexes, mystérieuses – c’est cette foire LGBT annuelle où s’expose le marketing le plus agressif et où paradent côte à côte syndicats, partis de gauche (du NPA au PS), associations, médias et entreprises, tous espérant engranger quelques voix ou quelques sous, tous en mal de visibilité, et tous très « fiers » de marcher unis pour la procréation artificielle et la fabrication d’orphelins de père (« PMA pour toutes »).

    Fierté pseudo-communautaire des pratiques sexuelles, fierté des stéréotypes (tenues criardes, grandes folles aux talons démesurés, exhibitionnisme…), fierté de la « branchitude », fierté de l’hédonisme jouisseur, fierté du consumérisme à outrance, etc. : autant de « fiertés » parallèles vides, toutes autocentrées, qui s’affichant se neutralisent. Autant de porte-parole autoproclamés qui accaparent les attentions, confisquent à leur profit la représentation médiatique et rejettent dans l’ombre tous ceux qui n’en sont pas. Tout est en place pour la confiscation par les LGBT de ce que certains appellent la « communauté » homosexuelle: qui ne se sent pas à l’aise dans cette marche n’a pas de quoi être fier. Ni de ce qu’il est ni de ce qu’il pense. D’ailleurs, l’Inter-LGBT pense très bien à sa place. Il n’existe pas, il est nié par ceux-là mêmes qui prétendent parler pour lui. Car toute exhibition a son envers : l’"invisibilisation" de ceux qui n’ayant pas l’âme moutonnière refusent de suivre les sbires de Pierre Bergé. Dans la foire d’empoigne médiatique, on n’existe jamais qu’au détriment des autres. Les porte-paroles officieux qui défilent seins et culs nus ou les porte-paroles officiels, tels Nicolas Gougain ou Caroline Fourest, incarnent-ils vraiment l’image que veulent donner d’elles-mêmes dans la société française les personnes homosexuelles ? La Gay Pride est l’arbre caricatural qui cache la forêt profonde, et cette imposture entretenue, il ne faut pas s’étonner que nos compatriotes s’en méfient de plus en plus.

     

    La tartuffière : à communauté fantasmée, ennemi imaginaire

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    La Gay Pride est une farce hypocrite. Elle noie le conflit de la revendication politique dans le carnaval de l’exhibition festive pour donner un visage non seulement humain mais jeune et cool à un projet qui l’est beaucoup moins. Philippe Murray a tout dit déjà là-dessus. Mais la célébration des "fiertés" homosexuelles ne serait rien sans la peur. Il lui faut la condamnation des "phobies" parallèles, car qui dit "fierté" dit en retour "phobie", c’est-à-dire étymologiquement "peur morbide". Pour fabriquer de la fierté, il faut pouvoir délimiter un camp du Bien et un camp du Mal, il faut des repoussoirs. Ce seront donc les "phobes" : "barjots", "fachos", "cathos", bref ces néo-beaufs, conservateurs ringards, tous acharnés à persécuter les "homos", parangons des vertus contemporaines. Et à chaque fierté sa phobie, et à chaque victime son bourreau : "gayphobe", "lesbophobe", "transphobe", "biphobe", etc. C’est ainsi qu’à la fierté dérisoire d’appartenir à une communauté fantasmée répond la fierté creuse de combattre des ennemis imaginaires. De la même manière que les "antifas" se comportent comme des fascistes, à force de lutter contre une chimère – ce "fascisme" protéiforme et sans cesse renaissant qu’ils voient partout où est remise en cause la marche lumineuse du progrès – les militants LGBT se décrédibilisent en traquant l’homophobie partout où un désaccord politique pointe.

    Autant on comprend très bien que le Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle ait manifesté en 1981 pour la dépénalisation de l’homosexualité, autant il est scandaleux que la revendication de "la PMA pour toutes" se fasse au nom de la lutte contre la "lesbophobie". L’illusion obsidionale qui menace chaque minorité – "Tout le monde nous veut du mal, nous sommes persécutés" – devient dangereuse pour tous quand elle sert de prétexte à des revendications partisanes. La stratégie victimaire est simple. J’ai le droit de me marier ou d’adopter, si tu n’es pas d’accord, c’est que tu ne m’aimes pas, donc que tu es homophobe. Si toi contre, toi phobe. Si toi phobe, toi malade, toi délinquant, toi dangereux. Pour noyer son chien, on l’accuse de la rage. Si "le crime pédérastique aujourd’hui ne paie plus" (Brassens), la victimisation elle rapporte toujours. Ceux qui croient bon de jeter de l’huile sur le feu en criant à l’homophobie comme Pierre au loup gagneront peut-être sur le plan des politiques immédiates, mais risquent fort de perdre sur le long terme de l’acceptation des personnes homosexuelles, car on n’empêche pas impunément les gens de penser ce qu’ils veulent. Alors que nos amis LGBT prennent garde de ne pas subir le même sort que les éreuthophobes, ces malheureux qui rougissent d’autant plus qu’ils craignent de rougir. Lutter contre le rejet des personnes homosexuelles est juste, utile et nécessaire. Inventer de toutes pièces un ennemi imaginaire – le "phobe" – pour asseoir sa légitimité médiatico-politique et s’engraisser de subventions est juste... obscène Il est vrai que révéler au grand jour la trahison par la "gauche" des milieux populaires au profit de certaines "minorités" qui imposent par le bruit leur visibilité ne joue pas non plus en faveur de la bonne réputation des lobbies LGBT dans le petit peuple qui souffre, relégué aux oubliettes médiatiques et politiques, pas plus d’ailleurs que leurs collusions respectives avec le marketing industriel. Jean-Sébastien Thirard reconnaît d’ailleurs lui-même qu’ "au milieu des années 80, les Lesbian & Gay Pride étaient devenues exclusivement commerciales". Trente ans plus tard, la réalité du défilé, en dépit des communiqués de presse, reste bien moins politique que consumériste.

    Faire croire que les homosexuels ne sont que des jouisseurs hédonistes superficiels et fiers de l’être, telle est l’erreur fondamentale de la Gay Pridel’erreur pour ainsi dire homophobigène – ou plus exactement LGBTphobigène Les mêmes qui finissent par faire de l’homosexualité le principe du génie des Sapho, des Rimbaud, des Proust ou des Alan Turing, seraient peut-être mieux inspirés de nous montrer les créateurs, les artistes, les entrepreneurs homosexuels d’aujourd’hui. Alors comprendrions-nous sans doute mieux de quoi et pourquoi ces gens qui défilent sont si fiers. Le philosophe Ivan Illich dénonçait les fausses-bonnes solutions qui aggravent les problèmes au lieu de les résoudre, observant que ce sont les lourdes pompes censées écoper le navire qui risquent de le faire couler. Supporterons-nous longtemps encore que la lutte subventionnée contre l’"homophobie" renforce ladite homophobie parmi le peuple de France ?

    GaultieЯ Bès
    [Le Soupirail & les Vitraux]

    Article paru sur L'Alouette
    le 28 juin 2013

     

     

  • Un serment en soi-même : jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France

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    Grenelle de la famille

     

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    « De nouvelles réalités s’imposent à tous. L’idée qu’on fasse aujourd’hui la promotion de l’adultère dans les couloirs du métro ne touche pas qu’une strate de la population, ne touche pas que les militants de La Manif Pour Tous, ne touche pas que les premiers engagés dans la résistance qu’est LMPT, mais touche bien l’ensemble des populations. Et l’ensemble des populations, bien sûr, est très choqué par cette évolution. J’ai trente neuf ans et je dois dire que la France de mon enfance me manque. Elle me manque. Pourquoi ? Parce que c’est allé beaucoup trop vite. L’accélération de l’histoire agit de manière extrêmement pernicieuse et en très peu de temps nous avons connu le Pacs, puis le mariage maintenant « pour tous », demain très certainement la Pma et au nom de l’égalité, la Gpa. Je dis tout cela parce que je pense que nous sommes gardiens d’un patrimoine. Lorsque nous évoquons la famille il s’agit là bien d’un patrimoine. Nous sommes à Bordeaux : Bordeaux est le plus grand ensemble urbain au monde classé par l’UNESCO et tout cela est le fruit d’une bataille. Préserver un patrimoine et le transmettre intact aux générations futures est de l’ordre quasiment de l’eschatologie. Il y a une dimension chevaleresque dans le fait de prendre conscience de l’importance de ce que peut être une faune, une flore ou un ensemble urbain. Mais qu’est-ce que la famille face à une faune, une flore ou un ensemble urbain ? Bien évidemment, elle est au-delà de tout cela. Et je pense que nous sommes une génération de résistants. Je pense que aujourd’hui soit on s'engage, soit on est complice, soit on collabore. Et notre idée à La Manif Pour Tous a tenu en deux temps. Un premier temps que nous n’avons pas vraiment contrôlé. Nous avons réagi : c’est le temps des manifestations, celui où, poussés par un élan « surhumain », nous avons été des millions à nous déplacer dans les rues. C’est le premier temps qui allait très bien d’ailleurs avec la figure de notre première porte-parole, Frigide Barjot. Mais aujourd’hui nous sommes dans un second temps. Un temps plus posé, plus mûr, qui est extrêmement dangereux parce que les médias parlent moins de nous. Ce soir, Sud-Ouest a choisi de ne pas venir couvrir cet événement. Et on peut se poser la question : est-ce que parce que les médias parlent moins de nous, de notre combat, notre résistance serait-elle moins légitime ? Évidemment non. Donc, je voudrais vous dire, mais avec mon cœur, que tous les gens qui ont pris les tgv pour partir à Paris, vous y étiez certainement, dites-vous que nous avons besoin tout autant de ces gens-là dans cette deuxième partie de travail qui sera plus posé, plus lié à la réflexion, lié à la « pro-activité ». Nous allons anticiper, maintenant, car nous savons que nous avons un impact certain sur le gouvernement, sinon nous aurions déjà la PMA et plus encore. Soyons extrêmement conscients que nous sommes le plus grand mouvement populaire que la France ait porté depuis mai 68. N'en déplaise aux médias. (…)

    La mobilisation continue, n'en déplaise aux médias. Nous sommes une génération charnière, ne soyons pas le maillon faible. Nous avons tous eu la chance de vivre dans une famille. Eh bien moi, personnellement, je souffre parfois d'insomnie, parce que je me dis : "Est-ce que j'ai vraiment tout fait pour que cette loi ne passe pas ?" L'idée d'imaginer un enfant qui n'a rien demandé, élevé par deux hommes ou par deux femmes, me fait terriblement mal au cœur. Le cœur ne suffit pas : au sentiment doit succéder la réflexion et à la réflexion doit succéder l'engagement, l'action. Nous avons connu comme je l’ai dit tout à l’heure une première phase, qui dépendait un peu des actions du gouvernement auxquelles nous avons réagi. Nous sommes dans une deuxième phase de réflexion. Nous devons dans cette deuxième phase absolument retrouver le maillage de toutes celles et ceux qui se sont engagé(e)s durant cette première période, sinon notre mouvement risque de se défaire, de se déliter, et nous n'aurions pas perdu qu'une bataille, mais peut-être la guerre.

     

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    Dans cet engagement, je voudrais souligner la bénédiction divine, et je pèse mes mots, d’avoir aujourd’hui comme présidente Ludovine de la Rochère. J’étais il y a deux semaines en séminaire avec elle dans une abbaye normande : nous étions 48 heures enfermés à réfléchir sur ce que seraient les prochaines étapes de LMPT. Je la connaissais finalement très mal avant ce séminaire et elle m’a beaucoup impressionné. Depuis 20 ans, j’avale des séminaires. Et je l’ai vu d’une acuité, d’une intelligence, d’une réactivité… Au moment où nous étions tous extrêmement fatigués, elle restait alerte, bienveillante. Elle porte ce mouvement comme une mère porte un enfant, véritablement. Attention à celles et ceux qui ont pensé ou qui pensent que Ludovine est une aristocrate qui, pour passer le temps de libre, se serait engagée dans une cause médiatique. Ce n’est pas ça. Ludovine c’est un moine-soldat, si je puis dire. Et véritablement c’est une bénédiction divine que de l’avoir. Je m’excuse, je sais que tu es très pudique, je m’excuse d’avoir à lui dire comme cela, mais il est terriblement important pour une troupe de savoir qu’elle est engagée avec un général, un chef qui en vaille la peine. Et Dieu sait que Ludovine est beaucoup plus que cela.

    Merci de m’avoir écouté. On ne lâche rien. Ce n’est pas qu’un slogan. Véritablement, on se fait un serment en soi-même en se disant que jamais nous n’abandonnerons les combats de la famille, pour nos familles et pour la France. »

     

    Camel Bechikh

    Grenelle de la Famille
    Bordeaux, 16.X.13

     

    Camel Bechikh au Grenelle de la Famille

  • Ne pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres

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    Camel Bechikh de l’association Fils de France développe ce qu’est le patriotisme. (Extraits retranscrits de la vidéo présentée ci-après.)

     

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    "(…) C'est (peut-être) l'excès des vagues migratoires qui engendre une certaine anxiété dans une société qui va de moins en moins bien du point de vue économique, mais aussi du point de vue identitaire, et cet excès provoque une réaction, qui d'ailleurs me semble très disproportionnée vis à vis des musulmans puisque la mutation de la France durant ces 20 ou 30 dernières années est d'abord le fait de la modernisation, de l'américanisation. (…)"

     

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    "Tous les immigrés ne sont pas musulmans, tous les musulmans ne sont pas immigrés : il faudrait pouvoir distinguer ce qui relève des rapports Nord-Sud, ces poussées migratoires, et de l'islam français qui a vocation à s'acculturer (des français qui veulent maintenir leur culte parce qu'il est tout à fait compatible avec les valeurs, qu'elles soient monarchiques ou républicaines, parce que la France n'est pas née en 1789), et les vagues migratoires qui doivent être limitées pour le bien commun."

     

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     "Aujourd'hui, l'Histoire de France, malheureusement, est un objet de culpabilisation, tandis qu'il y a eu une époque où elle était un objet de fierté. Je crois qu'il est fondamental que les français, quels que soient leurs origines ou quelle que soit leur spiritualité, se ré-approprient la lecture de l'Histoire, pour en effet, reconnaître les parts sombres de cette Histoire, mais surtout la majorité de l'Histoire de notre pays qui donne davantage à en être fier. Et plus les français deviendront fiers de leur Histoire et plus ils envisageront l'avenir de ce pays grandement. Plus on a une vision culpabilisante ou une vision dévalorisante de l'Histoire de France, plus nous renonçons à la place au niveau international qu'a la France…"

     

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     "L'art de la communication, c'est l'art de la guerre, finalement : la guerre se passe d'abord à travers des messages qui structurent les mentalités de telle manière à les décourager dans la bataille. Il ne faut pas tomber dans le "panneau", mais au contraire définir ce qu'est le patriotisme, le ramener à ce qu'il est réellement, c'est-à-dire à une identité politique classique, de base, dans l'ensemble des pays du monde (et nous, en France, on parle très timidement de "patriotisme" quand d'autres pays parlent très fièrement de "nationalisme", comme dans ceux du Tiers Monde)… Ne pas tomber dans les travers de ceux qui pensent que aimer son pays c'est forcément détester les autres. Loin s'en faut : aimer son pays c'est avoir un rapport aussi de bonne intelligence, de bonnes relations avec les autres pays."

     

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    "À Fils de France nous tenons à une France souveraine, de façon à ce qu'elle ne soit pas dépossédée, de sa défense, de sa diplomatie… Aujourd'hui, un nombre trop important de nos lois sont décidées à Bruxelles. Le fait qu'une Europe forte se dégage pour tenir tête aux pays, notamment, émergents, c'est souhaitable, mais cela ne doit pas se faire dans la perte d'identité."

     

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    "Le pays est en danger : c'est un fait. L'Histoire du pays doit être redécouverte par les jeunes générations. Force est de constater que l'Éducation Nationale est en train de limiter cette transmission de la mémoire, cette transmission de l'Histoire aux jeunes générations, qui en fait des amnésiques forcés. Ne pas savoir d'où l'on vient c'est souvent ne pas savoir où l'on va, et c'est sûr qu'avoir conscience de la grandeur de la France apporte une certaine fierté qui donne l'envie du maintien de cette grandeur du pays. Mais "À cœur vaillant, rien impossible", comme disait Jacques Cœur."

     

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    "La passivité est source de désespoir, tandis que dans l'action, à travers des victoires, ne serait-ce que minuscule, on redécouvre l'espoir et en additionnant des centaines de milliers de français qui retrouveront l'espoir, je suis plutôt enthousiaste pour l'avenir de notre pays."

     

    Camel Bechikh
    pour Avant-Garde économique
    septembre 2013

     

  • La sainte colère du Père Daniel-Ange

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    "Nous refusons de pervertir nos enfants avec vos stupidités !"

    "Nous sommes en plein régime idéologique totalitaire qui nous est imposé. Et le pire encore ce sont les petits…"

    "Tout ce que je dit c'est en train de se passer maintenant !"

  • Le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire

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    Le 25 Mars 2013 par Henri Hude

    La plus grande manifestation de l'Histoire de France
    « Voici mon commentaire de la manifestation du 24 mars 2013.
    Je m'exprime ici en tant que citoyen et en tant qu'universitaire français, dans la plénitude des droits et devoirs attachés à cette qualité, exerçant aussi ma responsabilité intellectuelle et sociale d'écrivain, d'homme de science et de philosophe.
     

     

    Paris vient d’accueillir la plus grande manifestation populaire de toute l’Histoire de France

    Beaucoup pensaient que son ampleur n’égalerait pas la première : c’était une erreur. Cette manifestation du 24 mars 2013 confirme donc et renforce les enseignements de la précédente. Le 13 janvier, nous étions un million, nous avons atteint sans doute le million et demi, la prochaine fois nous reviendrons deux millions. Ne parlons pas des évaluations du Pouvoir et du Léviathan médiatique : le Docteur Goebbels n’est pas mort. Cette observation nous met au cœur du sujet : le Peuple français se trouve en face d’une nouvelle entreprise totalitaire. En quoi consiste-t-elle ?

     

    Comme dans toute idéologie, il y a au principe une volonté arbitraire d’indépendance absolue

     

    L’idéologue des Démons de Dostoïevski en a donné pour toujours la formule achevée : « Je commence avec la liberté absolue et j’aboutis à la dictature parfaite. » C’est la logique de Robespierre. C’est la logique de Lénine. C’est la logique de Peillon, c’est celle de Taubira. C’est la logique totalitaire, partout et toujours, qui produit toujours le même résultat, le despotisme, en vertu d’une force des choses. Car il s’agit de transformer un Peuple en une Communauté de transgression, menée à la baguette par une secte d’idéologues.

     

    Ce que les totalitaires nomment « égalité », ce n’est pas la justice, dont ils se moquent. C’est une sorte de religion

     

    C’est une communion transgressive entre dévots de la liberté absolue. Cette communion se réalise toujours par une action politique, symbolique et sacramentelle, qui peut être le meurtre d’un monarque ou l’assassinat d’une classe, le renversement d’un autel, la suppression de la propriété privée, ou l’élimination d’une race. Ce pourrait être aussi l’infanticide, ou le suicide, ou le parricide collectif. De notre temps, un parti-secte a décidé l’abolition du couple et de la famille. C’est là son sacrement. C’est là son culte. C’est sa communion, son Egalité. C’est là qu’il jouit et s’adore. Et, comme toujours, l’Homme est sa victime.

     

    Les idéologues forment une secte

     

    La secte engendre un parti totalitaire. Le parti manipule la démocratie, l’annule, domine l’Etat. L’Etat absorbe la société. Toute opposition est broyée. La secte est heureuse.

    Malgré leur unanimité, les idéologues divergent. Chacune des passions qui se disputent le cœur humain fabrique sa propre idéologie. Toutes unies pour détruire l’Homme et sa liberté, les idéologies se font des guerres plus inexpiables encore que ne firent jamais les religions.  

     

    Il est totalement inutile de raisonner avec les idéologues. Car ce qui est perverti, chez eux, c’est la raison

     

    Celle-ci devrait être le moyen de résoudre nos problèmes. Investie par l’idéologie, c’est la raison qui devient le cœur du problème et le fondement même du totalitarisme. Le pouvoir de questionnement radical est le fondement de l’esprit scientifique et la base de la philosophie. C’est ce questionnement qui rend l’Homme sûr à la fois de la vérité et de sa liberté. Car il n’y a pas de réponse, pour qui n’a pas de question. Mais chez les idéologues, ce pouvoir de questionner devient une méfiance paranoïaque, une manie de douter, une rage de nier, un besoin de se refuser. La raison devient folle et s’endort, « engendrant des monstres » : moule à préjugés, machine à systèmes, prétexte à bourrer le crâne et à interdire de questionner. Puisque le peuple désormais pense comme nous, il n’est plus nécessaire qu’il pense. L’important est qu’il communie dans notre Egalité de transgression. Telle est l’idéologie.  

     

    Le Peuple français fait face à une entreprise totalitaire

     

    Nous n’assistons plus au déroulement d’un jeu politique ordinaire. Le Peuple n’est pas même en face d’un coup d’Etat permanent. Il fait face à une entreprise d’usurpation visant à lui imposer une autre constitution – plus encore, une autre constitution anthropologique. Nous sommes en face d’un pouvoir législatif qui usurpe le pouvoir constituant et qui l’usurpe absolument. Nous sommes en face d’un pouvoir constituant mégalomane et illégitime, qui prétend changer la nature humaine, la manipuler à sa guise, se saisir des esprits, embrigader la jeunesse et réprimer toute dissidence. Nous sommes bien en présence d’une entreprise totalitaire. L’heure est donc à la Résistance, jusqu’à la Libération, et à la Renaissance.

     

    Quelle est la force réelle de l’entreprise totalitaire ? Elle est faible ! Et le Peuple est fort !

     

    Le Peuple prend de plus en plus conscience de sa force et de sa résolution. Il y avait hier à Paris une représentation d’une bonne moitié de l’élite française, pour réclamer un pouvoir qui respecte la famille. Et il y aurait pu y avoir en même temps un autre million et demi entre la République et la Bastille, pour réclamer un pouvoir effectivement social, qui défende le travail des Français. Il est probablement inévitable que les deux mouvements finissent par converger contre le totalitarisme nihiliste et l’oligarchie, non seulement en France, mais peu à peu dans toute l’Europe, et, on l'espère, aux États-Unis. 

     

    Le pouvoir devrait prendre conscience de sa faiblesse

     

    D’abord, il ne vit que d’emprunts. Les banques, l’an dernier, n’ont plus acheté ses bons du trésor. Elles ont été remplacées par l’intervention de fonds souverains asiatiques et moyen-orientaux. Si les émirs ne lui font pas un chèque toutes les trois semaines, si les Français n’achètent plus d’assurance-vie, le pouvoir est en cessation de paiements. Ce pouvoir déjà dans la main de puissances étrangères serait à la merci d’une grève de l’impôt.

     

    Ensuite, ce pouvoir est sans appui démocratique et populaire. Le système médiatico-partisan est encore monté de telle sorte que le fonctionnement biaisé des institutions lui permet de conserver encore une apparence démocratique. Mais l’opinion publique est clairement consciente du caractère désormais non représentatif du régime.

     

    Ce pouvoir a perdu le peuple. Impuissant, ou complaisant, ce pouvoir semble n'être là que pour laisser faire l’argent et laisser mourir le travail. La France est ainsi privée de capitaux qui vont égoïstement s’investir là où est possible une inégalité maximale, accroissant aussi maximalement l’inégalité en France. Pour cette raison, le pouvoir a perdu le peuple, les pauvres pullulent, auquel il refuse l’égalité économique et la dignité du droit au travail.

     

    Ce pouvoir qui est si dépendant des grandes compagnies internationales, persécute le petit et moyen patronat, seul qui investisse encore dans ce pays pour y donner du travail à nos compatriotes.

     

    Ce pouvoir va perdre mêmes les fonctionnaires, qu’il va devoir tondre à leur tour, et licencier, pour obéir aux ordres des syndicats d’usuriers et de leurs fondés de pouvoir (OMC, FMI, etc.).

     

    Avant d’en venir là, il va mettre en péril la sécurité de la France, en abaissant follement le niveau de nos forces armées.

     

    Quelle honte que le nom de « socialisme » en soit venu à désigner ce qu'on aurait cru son contraire : cette « soif de l’argent qui gangrène le monde » (François, 24/03/2013), et l’individualisme radical.  

     

    Ce pouvoir n’a même pas la force physique entre ses mains. Quel officier de gendarmerie, quel officier de police, commandera de matraquer un peuple non violent, le jour où, par dizaine de milliers, sans violence, sans porter de coup, mais juste en avançant, et décidés à se laisser au besoin frapper sans reculer, comme faisaient les Indiens menés par Gandhi, il avancera, déterminé à sauver sa liberté, son travail, sa dignité d'homme et de femme, et franchira les barrières ? 

    Le pouvoir voudrait salir le Peuple et lui prêter des sentiments de haine ou de discrimination, juste parce qu’il n’a rien à faire de son idéologie

     

    Mais voilà que les nihilistes se trouvent désarmés, dépités, en présence d’une amitié naissante et rayonnante entre tous ceux qui, aussi différents soient-ils, ont en commun de refuser la persécution et la normalisation idéologique. Les Français veulent tout simplement demeurer des hommes et des femmes, tels que les a faits la nature, ou tels que les faits Dieu, et tels que la raison leur conseille de demeurer, avec son bon sens si bien partagé.

     

    Le pouvoir est faible parce qu’il cimente contre lui l’unité du peuple en sa diversité. Le Peuple découvre avec stupeur que la laïcité aux mains des totalitaires s’est muée en fanatisme idéologique. Le despotisme fabrique ainsi contre lui-même une fraternité nouvelle et jusqu'alors inconnue de toutes les religions et de toutes les philosophies, autant que de toutes les races. Il ne pourra plus la dissoudre. 

     

    Ce pouvoir n’a pas de force, car il a déjà perdu sa légitimité profonde

     

    Le pouvoir détruit le travail. Il entend en outre détruire le mariage et la famille. Ce pouvoir qui démolit les cadres moraux les plus essentiels est incapable, par suite, de lutter contre l’insécurité croissante. Et ce sont des gens-là qui prétendent, en plus, faire la morale aux jeunes et leur bourrer le crâne avec des folies idéologiques, comme si on était en Chine populaire ?

     

    Le pouvoir est failli. Il menace de jeter la France dans une guerre lointaine, probablement pour complaire aux puissances dont les financements prolongent sa survie. Et c’est ce même pouvoir, parvenu à l’extrémité du discrédit possible, qui se lance dans une entreprise totalitaire et prétend passer avec mépris le licou à des millions et des millions de Français, juste parce qu’il est habile à manipuler les médias et le système des partis ? Eh bien cela ne sera pas !

     

    Ce pouvoir dresse désormais contre lui et les conservateurs et le peuple, au moins la moitié de l’élite et de ceux qui payent les impôts et souscrivent aux emprunts d’Etat.

     

    Si les forces populaires ont de la présence d’esprit, elles comprendront que le moment est venu et que c’estmaintenant qu’elles peuvent renouveler le syndicalisme et sauver le travail. Elles ne le sauveront qu’en juxtaposant à la Manif pour tous, ou en injectant en elle, une dimension de Manif pour le Travail pour Tous.

     

    Quand un pouvoir a gravement failli à toutes ses obligations et qu’il veut mettre le Peuple à genoux, il prend le risque que le Peuple le mette à pied et le punisse 

     

    Il existe toujours au-dessus des pouvoirs constitués un Pouvoir supérieur et constituant. Ce pouvoir reste le maître et le juge.

     

    Le jour venu, il peut renvoyer devant la juridiction qu'il constituerait certains individus qui, ayant eu à exercer les pouvoirs constitués, auraient manqué à leurs devoirs et posé des actions susceptibles d’être qualifiées de forfaiture et d'atteinte aux intérêts vitaux de la nation.  

     

    Face au fanatisme totalitaire, un Peuple peut prêter serment de ne plus se séparer sans avoir rendu sa Constitution à son pays   

     

    Le Peuple est fort. Non seulement il se compte et mesure à la fois la faiblesse du pouvoir et sa propre force. Mais plus encore, il sait qu’il EST le Peuple, qu'il a pour lui le droit et la raison, la justice et la tolérance, et qu’il lutte contre le totalitarisme. Il est déterminé à opposer une Résistance farouche, jusqu’à la Libération. L’Ordre Nouveau ne passera pas.

     

    Et maintenant ? - On peut désormais prévoir trois choses

     

    1. Le Peuple va se déclarer en permanence – ou, en tout cas, en manifestation permanente contre le Totalitarisme et pour la Liberté.

     

    2. Le peuple qui exige du Travail pour tous, et tous les participants de la Manif pour tous, vont un jour se rejoindre et faire Peuple ensemble, contre le totalitarisme libertaire.

     

    3. Les dates des deux prochaines manifestations seront probablement le 1er mai 2013 et le 14 juillet 2013.  »


    Henri Hude, l
    e 25 Mars 2013 

    http://www.henrihude.fr/